En dépit des quintes de toux qui grèvent la réforme du système partisan, celle-ci continue de faire son petit bonhomme de chemin. La fusion intervenue ce week-end entre l’Union progressiste (Up) et la Parti du renouveau démocratique (Prd) vient conforter la réforme dans un contexte où les contournements juridiques et la rouerie politicienne orchestrés autour de la pseudo-fusion Udbn-Br font débat au sein de l’opinion.
Comme annoncé, la fusion Up-Prd a été actée hier, dimanche 21 août 2022. Up Le renouveau, tel est le nom donné à ce bébé, le dernier né des partis politiques au Bénin. La création de ce parti, fruit des récentes négociations entre l’Union progressiste et le Parti du renouveau démocratique, marque l’amorce d’une nouvelle ère pour ces deux formations politiques dont la messe de requiem a été célébrée. Désormais, les deux partis s’associent pour affronter les défis futurs. Avant la formalisation de la fusion, le Prd a tenu le samedi 20 août 2022, à son siège à Porto-Novo, son Conseil national. Une assise au cours de laquelle, carte blanche a été donnée à Adrien Houngbédji, jusque-là président du parti, pour signer le protocole d’accord de fusion avec l’Union progressiste. « Considérant la volonté largement exprimée par les militants à la base et les explications du président du parti de Adrien Houngbédji, les participants aux travaux du Conseil national du Parti du renouveau démocratique après analyse minutieuse de la situation politique du pays ont décidé à l’unanimité d’entériner la proposition du Bureau politique du parti et décident conformément à l’article 90 des statuts du parti que le président du parti Prd signe un protocole d’accord relatif à la fusion du Prd et de l’Up », peut-on lire dans la résolution du Conseil national. De son côté, l’Union progressiste déférait au même exercice. Les documents de la fusion ont été dévoilés et adoptés par les membres de ce parti politique au cours d’une réunion politique tenue à Cotonou, sous la présidence de Joseph Djogbénou.
Du renfort pour la réforme du système partisan
La fusion entre l’Union progressiste et le Parti du renouveau démocratique constitue à maints égards, une avancée notable de la réforme du système partisan. Cette réforme dont la philosophie prône les grands regroupements de partis politiques, s’est heurtée à certaines velléités conservatrices et des résistances de certains partis politiques. Le Prd fait partie de ces formations politiques qui ont refusé, à l’avènement de cette réforme, de s’y engouffrer, au prétexte d’un risque de disparition complète et totale de son identité et de son logo. La formule a visiblement été trouvée quatre années après par Joseph Djogbénou qui a cédé à la doléance du parti arc-en-ciel de sauvegarder son identité et son logo dans le nouveau parti. Qu’à cela ne tienne ! Cette fusion reste un point significatif engrangé par la réforme du système partisan. Quoique l’opportunité de cette réforme fait l’unanimité au sein de l’opinion, les idées s’achoppent autour de la formule adoptée pour sa mise en œuvre. Le nombre de partis politiques légalement enregistrés au niveau du Ministère de l’intérieur à ce jour (18), l’insuffisance relevée dans la loi n°2018-23 du 17 septembre 2018 portant Charte des partis politiques, et la récente discorde entre l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn) et le Bloc républicain, ont révélé quelques couacs de la réforme. Aucune œuvre humaine n’étant parfaite, ces insuffisances notées appellent à un remodelage de la réforme. Contrairement à ce que ventilent certains oiseaux de mauvais augure, ces insuffisances notées dans l’opérationnalisation de la réforme, ne sont nullement rédhibitoires de son opportunité ni de sa pertinence. L’exemple de la fusion Up-Prd et les volontés de plus en plus affichées de fusion des partis de l’opposition sont suffisamment illustratif de ce que la réforme du système partisan a encore de beaux jours devant elle et continue sa marche vers une clarification conséquente du paysage politique.
Gabin Goubiyi