(Lire l’intégralité de son interview à Le Matinal)
Le Médiateur de la communauté musulmane du Bénin, El hadj Yacoubou Malèhossou ne cache pas sa satisfaction suite au règlement par le président de la République de la crise qui oppose depuis plusieurs mois, l’imam de la mosquée centrale de Cadjèhoun, Issiaka Alao Ligali, aux membres du comité de gestion de ladite mosquée. Dans une interview exclusive accordée à « Le Matinal », l’ancien député livre les dessous de cette rencontre au travers de laquelle, Patrice Talon a démontré une fois encore, son attachement à la paix et à la concorde au sein des confessions religieuses. Lire ses propos.
Le Matinal : Qu’est-ce qui se passe concrètement à la mosquée centrale de Cadjèhoun ?
El hadj Yacoubou Malèhossou : Le problème c’est qu’il y a un comité de gestion qui ne voulait pas s’entendre avec l’imam central de Cadjèhoun, El Hadj Issiaka Alao Ligali. C’est quelqu’un qui fait partie des anciens imams. Le mode de gestion de ces imams est différent de ce qui se passe aujourd’hui. A titre d’exemple, un fidèle n’avait pas le droit de demander de compte à son imam. Aujourd’hui, il y a des comités de gestion dans les mosquées qui cherchent à savoir comment les fonds sont gérés. Cela ne veut pas dire que l’imam a détourné l’argent de la mosquée. Avec la mise en place du comité de gestion, la gestion est devenue collégiale, ce que l’imam ne voulait pas. Il voulait gérer comme il le faisait avant ; ce que le comité de gestion n’a pas accepté. Suite aux tiraillements autour de la question, l’imam a dissout le comité de gestion. C’est de là que la crise est née. Sur les douze (12) membres du comité de gestion, seulement quatre (04) étaient du côté de l’imam. En tant que médiateur de la communauté musulmane du Bénin, j’ai pris des mois pour rencontrer les différents protagonistes et tenter de les réconcilier. Malheureusement, la médiation n’a pas été concluante. A la dernière minute, il y a un groupe de femmes qui se sont soulevées contre les membres du comité de gestion les empêchant d’intervenir dans les affaires de la mosquée. Ce qui est inadmissible. Selon mes investigations, l’imam n’est nullement mêlé ni de près, ni de loin à cette pagaille qui ne dit pas son nom. Ce mouvement de femmes a exacerbé la crise parce qu’elles font feu de tout bois pour empêcher le comité de gestion de jouer son rôle. C’est la raison pour laquelle l’Union islamique du Bénin a pris ses responsabilités en décidant de fermer la mosquée.
C’est suite à cette fermeture que le chef d’Etat a décidé de rencontrer les différents protagonistes ?
En effet, nous avions été reçus par le président de la République, mardi dernier (31 octobre 2023 ndlr). La rencontre a duré quatre heures d’horloge. Sur les dix (10) participants, sept (07) ont demandé d’office la destitution de l’imam (Issiaka Alao Ligali ndlr). Le chef de l’Etat a invoqué le sens de pardon des uns et des autres. La foi commence par le pardon. Sans le pardon, il n’y a pas la foi. Cette requête du président de la République a porté puisqu’elle a induit un assouplissement des positions de la part de ceux qui demandaient la destitution de l’imam. Ceux-ci ont même promis d’accompagner l’imam et de collaborer en bonne intelligence avec lui dans la réussite de sa mission. L’imam à son tour, a marqué sa disponibilité à travailler avec le comité. Le vice-imam qui avait été rejeté par l’imam, a été accepté par celui-ci et s’est engagé à former un tandem avec lui pour la conduite des fidèles dans la voie du salut. Je remercie l’imam pour son sens d’ouverture et tous les membres du comité de gestion pour leur esprit de tolérance. Si l’imam doit continuer à officier ès-qualités à la mosquée centrale de Cadjèhoun, c’est grâce à cette réunion tenue sous la présidence du chef de l’Etat.
Parlez-nous des principales résolutions de cette réunion ?
La première résolution est que le premier vice-imam a été rétabli dans ses fonctions. Deuxièmement, les membres du comité de gestion et le comité chargé de la reconstruction de la mosquée, ont été tous rétablis. Troisièmement, l’imam avait décidé de turbaniser son fils au détriment du vice-imam. Cette option est définitivement écartée. Par ailleurs, un comité de cinq membres a été mis en place par le chef de l’Etat pour veiller à la mise en œuvre des résolutions et à leur suivi. Ce comité est composé du ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, du président de l’Union islamique du Bénin, du président du comité de gestion la mosquée centrale de Cadjèhoun, de l’imam de ladite mosquée et de moi-même en ma qualité de médiateur de la communauté musulmane du Bénin.
On peut donc estimer aujourd’hui que la crise est conjuguée au passé ?
Absolument ! Normalement le vendredi prochain (3 novembre 2023 ndlr), on doit ouvrir la mosquée mais malheureusement, l’imam Ligali a déjà pris un rendez-vous pour Ouagadougou où il doit assister à une réunion islamique. Donc, ce vendredi (3 novembre 2023 ndlr), il ne peut pas être là pour conduire la prière. C’est pourquoi nous avons décidé d’attendre son retour avant la réouverture de la mosquée afin de ne pas créer des polémiques inutiles.
Comment appréciez-vous cette démarche du chef de l’Etat ?
Je profite de cet entretien pour faire savoir à toutes les Béninoises et tous les Béninois que le président Talon est un don pour le Bénin, un don envoyé par le Tout Puissant à toutes les confessions religieuses. Je suis rentré dans la politique depuis 1972. J’ai observé des crises dans les églises, les mosquées et les couvents. Je n’ai jamais vu un chef d’Etat intervenir comme le président Talon est en train de faire depuis quelques années. C’est pour la première fois que je constate qu’il y a un chef de l’Etat qui est à l’écoute des religieux. Je dis cela parce que depuis son arrivée, tout le monde a pu constater qu’il a fait beaucoup pour que les religieux soient ensemble.
Quid du projet de construction d’une nouvelle mosquée ?
A ce sujet, je dois vous confier, qu’il y a environ trois ans, nous avions reçu un don de 100 millions de FCfa. Le donateur de cette somme que je remercie au passage, a requis l’anonymat. Ces fonds ont malheureusement été mal gérés. Cette situation n’a pas entamé la bonne foi du donateur qui nous a, à nouveau, gratifiés d’un don de 100 millions de Fcfa. C’est grâce à ces fonds que les travaux de construction et de réfection de la mosquée ont commencé. Vous verrez les résultats d’ici quelques mois puisque dans six mois environ, les travaux pourraient être achevés. Je profite pour demander aux bonnes volontés d’emboiter les pas à ce bienfaiteur qui a agi à cause de Dieu.
Un mot pour conclure cet entretien
Mon mot de fin va à l’endroit des femmes de la mosquée centrale de Cadjèhoun. Je les invite à se prendre au sérieux, à ne plus crier dans la mosquée. Le chef de l’Etat a été formel sur la question. Celles qui vont s’obstiner à le faire, risquent de subir les rigueurs de la loi. Le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique qui était à la réunion, a été instruit aux fins.
Propos recueillis par Gabin Goubiyi