La crise de confiance qu’entretiennent les partis de l’opposition surtout « Les démocrates » se retournera contre eux s’ils n’y prennent pas garde. Pour les Législatives de 2023, renoncer à une fusion sous le fallacieux prétexte que le gouvernement leur fera obstacle par une invention machiavélique de pièces à l’image du Certificat de conformité comme en 2019 est déjà une fuite de responsabilité.
L’opposition béninoise minimise visiblement l’enjeu des Législatives de 2023. Après avoir été absente de la 8ème Législature de 2019 par sa faute jamais reconnue, elle se prépare encore aujourd’hui à jouer royalement aux abonnés absents. Cette fois-ci, elle ne trouvera pas de boucs émissaires parce qu’au vu et au su de tout le monde, elle se met dans une fuite en avant. En effet, les contingences relatives aux offres politiques ayant changé, elle se doit de faire sa mue pour survivre. Il est un secret de polichinelle que la réforme du système partisan a imposé une dynamique de mise ensemble aux partis. Dans cette perspective de victoire assurée, les partis politiques de la mouvance ont enclenché le processus pour faire et ne cesse d’avaler d’autres qui s’offrent afin de faire mal. Mais au lieu que l’opposition suive la démarche comme le désirent si bien le Mouvement populaire libéral (Mpl) et Restaurer la confiance (Rlc), les deux partis politiques la Fcbe et « Les démocrates » dont l’un est le rassemblement des frustrés de l’autre, se livrent à des guerres de personnes et s’agrippent à une sordide de crainte qu’ils ne sont pas sûrs que le récépissé leur sera délivré avant les élections. « La Fcbe ira aux élections législatives avec des responsables connus, d’autres partis de l’opposition. Il ne s’agira pas de fusion où un parti rentre dans un autre. Cela peut venir après. Parce que nous avons peur en engageant ça, que la procédure du point de vue de la loi n’aille pas jusqu’à son terme. Mais nous prenons tous les contacts…», a dit Alain Adihou, conseiller politique et directeur de l’école du parti Fcbe sur Océan Fm le lundi 22 août 2022. « Ceux qui engagent ce projet de fusion à deux mois du dépôt des dossiers de candidatures, c’est ceux qui sont sûrs que le ministre de l’Intérieur pourrait leur délivrer séance tenante tout document pour se porter candidat aux prochaines Législatives », a lancé le secrétaire administratif du parti d’opposition « Les démocrates », Kamar Wassangari sur un média local en ligne. Ces propos sont renchéris par ceux du président Eric Houndété qui qualifie certains partis politiques de l’opposition comme forces frelatées. « Nous travaillerons avec les forces de l’opposition qui ont pour vision d’être l’instrument que le peuple utilise pour réussir sa chasse », a-t-il déclaré tout en estimant qu’il y a « des forces frelatées » au sein de l’opposition. Sinon que le problème de « fusion » n’allait pas se poser au cas où l’opposition disposerait de « forces saines ».
Des retardataires qui cachent leur faiblesse
L’opposition surtout le parti « Les démocrates » est conscient que le paysage politique ne lui fera pas cadeau et que pour aller au Parlement, il faut baver. Mais si elle dit qu’elle est animée par une suspicion, ce n’est qu’une belle mauvaise manière de ne pas dire la vérité. Avant qu’on ne soit même à deux mois de ces hostilités des Législatives de 2023, des concertations avaient été enclenchées. Mais quel a été l’aboutissement? « Les démocrates » se croyant mastodonte de l’opposition se permet le vilain luxe de ne pas reconnaitre le Chef de file de l’opposition et aurait de manière sibylline voulu prendre le lead et par voie de conséquence que la Fcbe s’éclipse. Alain Adihou n’a pas hésité à dénoncer les actes peu commodes de ce parti. En effet, l’organisation internationale Iri a suggéré à l’opposition béninoise d’avoir un cadre de discussions formelles comme c’est le cas dans plusieurs pays. Cette suggestion a été favorablement accueillie par le Cfo Paul Hounkpè qui aussitôt a entrepris une série de concertations pour la mise en place de ce creuset de concertation en février 2022. Et le comité qui présidait les discussions avait à sa tête un cadre du parti « Les démocrates » à savoir Saliou Akadiri. Si les travaux ont beaucoup évolué au départ et que plusieurs rencontres ont eu lieu entre les formations politiques partantes, Alain Adihou a laissé entendre que tout est tombé à l’eau vers la fin du processus. « Nous devrions nous rencontrer dans un hôtel à Abomey-Calavi pour peaufiner les documents devant légitimer ce cadre de concertation. Nous étions là quand Monsieur Akadiri est venu seul à notre étonnement. Il nous explique qu’il ne pouvait plus conduire les travaux et qu’il devrait donc se retirer. Au passage, il devrait être avec Monsieur Eugène Azatassou. Il l’a appelé devant nous. Eugène Azatassou lui disait qu’avec tout ce qu’ils se sont dit hier, lui, est-il encore allé là-bas pour faire quoi ? C’est donc comme cela le parti « Les démocrates » s’est retiré alors qu’ils étaient à la tête du comité. Donc, ce n’est pas la Fcbe qui a fait échouer la création du creuset », a-t-il expliqué. Au fond, le parti « Les démocrates » ne veut pas pactiser avec Paul Hounkpè parce que la plupart des membres de ce parti ont quitté les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) sur une supposée trahison de Hounkpè. Or, ne pas se mettre ensemble avec lui et lui demander de céder est une équation impossible dans le contexte actuel. Car Hounkpè a plus de la légalité et pour les questions d’opposition au Bénin, malgré sa personne, sa petitesse de management politique, « Les démocrates » se doit de faire profil bas et coopérer si tant est que les Législatives de 2023 sont pour lui, importantes que jamais. Mais ce n’est pas le cas.
Et si l’opposition faisait comme la mouvance ?
Les partis de la mouvance comme l’Up et le Prd font aujourd’hui les formalités pour le nouveau parti « Up, Le renouveau ». Si sur le terrain, beaucoup estimaient que des partis de la mouvance ne se sont pas dissouts avant de se déclarer ensemble, l’opposition peut tout de même essayer et voir le résultat. Cela constituerait un ballon d’essai pour certifier de la bonne foi ou non du pouvoir en place. Mais ne pas essayer et décréter une suspicion n’est que de l’irresponsabilité.
Bienvenue Agbassagan