Depuis leur installation le 12 février 2023 au Palais des gouverneurs à Porto-Novo pour le compte de la neuvième législature, les députés du parti les Démocrates semblent se mettre dans une posture qui, à voir de loin, ne s’arrime pas avec la pratique parlementaire. Pour toute activité, ils adoptent la position de boycott. Est-ce la meilleure solution ? Godfroy Missahogbé, Doctorant, Master professionnel de l’enseignement, journaliste- communicateur, chevalier de l’Ordre national du Bénin a opiné sur la question à travers une interview accordée à notre journal.
Le Matinal : Dites-nous comment appréciez-vous la conduite de boycott des députés Démocrates à l’Assemblée nationale ?
Godfroy Missahogbé : Vous savez, l’Assemblée nationale vit actuellement une situation politique nauséabonde qui semble ne pas être du goût de plusieurs observateurs attentifs à l’actualité parlementaire. Nous avons noté avec beaucoup de regrets le climat délétère dans lequel se trouvent Les démocrates et qui les motive à opter pour un boycott systématique lors des élections des représentants de l’institution dans les Parlements régionaux et institutions. Il faudrait que les Démocrates comprennent qu’ils sont dans une spirale où leur volonté ne pourra jamais passer en raison de leur statut minoritaire qui va les fragiliser à tous les instants. L’Assemblée nationale fonctionne sur la base d’une démocratie plurielle où les plus forts, c’est -à -dire ceux qui sont mieux lotis et représentés dicteront leur loi aux faibles. C’est malheureusement la triste réalité, même si dans les prises de décisions l’effort est fait pour respecter la configuration politique de l’Assemblée nationale. Le boycott de mon point de vue n’est pas la solution idéale et pourrait être à terme très préjudiciable aux actions et ambitions du parti Les démocrates dans leur passage à l’Assemblée nationale. J’invite Les démocrates à accepter ce sort en considérant que c’est leur sort et qu’au nom de la démocratie et de l’alternance les données pourraient toujours changer.
Cette façon de faire a-t-elle quel impact sur le fonctionnement du Parlement ?
« Forcément cette façon de fonctionner à un impact sur le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Mais il faut remarquer que cela ne bloque en rien la gestion et le fonctionnement de l’institution. Car sans eux, le travail est fait et c’est bien dommage qu’ils optent pour l’exclusion. Le jeu politique est là et Les démocrates savent très bien qu’ils ne pourront jamais avoir ce qu’ils désirent. Le mieux c’est d’accepter pourquoi pas l’inacceptable et d’avoir la chance de légiférer en tant que représentants du peuple. Sinon ce serait la catastrophe et ils auraient bien déçu les attentes. »
Les députés démocrates comblent-ils les attentes de leur mandat à travers leur méthode d’abstention ?
Je crois que Les démocrates doivent sortir de ce cadre et s’engager en toute responsabilité pour des actions salutaires. Et leurs mandants nourrissent beaucoup d’espoir. Les Démocrates doivent aussi comprendre que c’est l’intérêt national qui compte et que cette législature est cruciale dans les prises de décisions pour les prochaines perspectives électorales. Alors, faudrait-il qu’ils sachent raison gardée en tant que force politique majeure dans le pays pour contribuer, comme ils l’ont promis et souhaité, à l’enracinement de la démocratie et de l’État de droit.
S’il vous est donné le pouvoir de conseiller les 28 députés des démocrates, diriez-vous ?
On peut être minoritaire et être fort et digne. Pas de fuite en avant ou de boycott. Je conseille aux 28 députés des Démocrates de rester soudés, de jouer autant que faire se peut leur partition, même dans la douleur et surtout dans la discipline. Il y a beaucoup d’anciens députés parmi eux qui connaissent quand même les pratiques parlementaires quand on est de la minorité. Ils auraient comblé des attentes.
Quel est votre mot de fin ?
Le Bénin est un grand pays pays dont la démocratie continuera par étonner toujours. Les différents acteurs politiques doivent travailler pour son élégance et sa notoriété pour le bonheur de tous. L’Assemblée nationale n’est pas une jungle. Majorité et minorité doivent se donner la main pour construire un véritable espace de vie qui favorise un véritable contrôle de l’action gouvernementale et le vote des lois. C’est ce que veut le peuple.
Propos recueillis par Martial Agoli-Agbo (Br Ouémé-Plateau)