La nouvelle constitution soumise à référendum par le chef de l’Etat a été adoptée par 92% des voix, à l’issue d’un processus électoral très contesté.
Cinq jours après un double scrutin législatif et constitutionnel boycotté par l’opposition, violemment contesté et endeuillé par la mort de plusieurs personnes, la commission électorale nationale indépendante (CENI) a finalement rendu son verdict, vendredi 27 mars au soir. Sans surprise, la nouvelle constitution soumise à référendum a été adoptée par 92% des voix. Une fausse (quasi) unanimité qui dissimule mal un paysage politique ravagé et l’isolement du pouvoir guinéen. Trois des principaux partenaires de la Guinée – l’Union européenne, les Etats-Unis et la France – qui n’entretenaient aucune illusion sur le sens à accorder aux chiffres – avaient déjà rendu un jugement sans appel concernant le manque de crédibilité du processus électoral. Les uns et les autres ne se sont pas embarrassés de circonvolutions diplomatiques. Quarante-huit heures seulement après le vote, le Quai d’Orsay tranchait : « Le caractère non inclusif de ces élections et non consensuel du fichier électoral, ainsi que le rôle joué par des éléments des forces de sécurité et de défense excédant la simple sécurisation du processus, n’ont pas permis la tenue d’élections crédibles et dont le résultat puisse être consensuel ». Des termes quasiment identiques ont été utilisés par Bruxelles et Washington.
La ligne de défense du pouvoir est loin d’être infaillible. Convoqué jeudi par le ministre des affaires étrangères, Mamadi Touré, l’ambassadeur de France à Conakry, Jean-Marc Grosgurin, s’est ainsi vu reprocher « l’ingérence française dans les affaires guinéennes ainsi que le parti pris français en faveur de l’opposition », nous indique une bonne source