Depuis la survenue de l’incident du service de réanimation du Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga (Cnhu-Hkm) le vendredi 7 octobre 2022, la cellule d’investigation de l’Autorité de régulation du secteur de la santé (Ars) a comme à son habitude, démarré les investigations. En attendant les conclusions de ses recherches, la délégation conduite par le président Dr Lucien Dossou-Gbété a rendu visite au Directeur général de l’hôpital Pr Dieudonné Gnonlonfoun dans le cadre d’une séance de travail. A cette occasion, les deux autorités ont échangé avec les professionnels des médias sur quelques axes du dossier. Suivez dans cet entretien, l’intégralité des déclarations des deux autorités.
Lucien Dossou-Gbété, président de l’Ars : « La cellule dédiée est au travail et avance »
Le Matinal : Dans quel cadre s’inscrit votre descente au Cnhu-Kkm ?
Lucien Dossou-Gbété: Comme vous le savez, le président de la République a saisi l’Autorité de régulation du secteur de la santé (Ars) pour investiguer au sujet du drame qui a frappé la Nation et qui s’est déroulé dans votre établissement. C’est dans ce cadre qu’une délégation de l’Autorité de régulation du secteur de la santé est là ce matin pour vous signifier qu’elle s’occupe des investigations et comme vous avez dû le remarquer depuis le vendredi, la cellule dédiée est au travail et avance. Donc, cette démarche de ce matin est pour affirmer que nous poursuivons les investigations et que dès que tout sera bien avancé, le président de la République sera informé des résultats des investigations. Je voudrais ajouter que ce qui est très important pour l’Autorité de régulation du secteur de la santé (Ars) est de faire en sorte que les résultats des investigations permettent vraiment d’améliorer la qualité et la sécurité des soins délivrés non pas seulement au Centre national hospitalier universitaire mais dans tous les établissements du Bénin.
Quels sont les acteurs concernés par cette mission que vous menez au Cnhu?
Nous sommes actuellement 4 membres de l’Autorité de régulation du secteur de la santé, tous membres du collège de l’Autorité de régulation du secteur de la santé.
Au Cnhu, vous avez notamment investigué dans quel service spécifiquement ?
Notre investigation ne démarre pas aujourd’hui. Depuis le vendredi, la cellule dédiée aux investigations est déjà sur le terrain, a déjà fait beaucoup de travail. Là, nous venons aujourd’hui en tant que membres du collège pour signifier au Directeur de l’hôpital que nous suivons les investigations qui sont faites par la cellule, qu’elle nous rend compte et que les choses avancent.
Les investigations vont durer combien de temps ?
En terme d’investigations, on ne peut pas prévoir. Ce qui est important c’est la qualité du résultat, parce qu’à partir des résultats des décisions seront prises pour impacter la qualité et la sécurité des soins délivrés. Donc, il ne s’agit pas de se précipiter, de se hâter pour faire plaisir mais il faut aller au fond des choses.
Quelles sont les prérogatives de l’Ars en ces circonstances ?
Justement, il faut bien comprendre que l’Ars est la plus haute autorité du secteur de la santé et à ce titre, elle peut entendre tous les dysfonctionnements qu’il y a dans le secteur. Et sa mission, c’est d’assurer l’accès aux soins de qualité à tous les béninois et pour cela, travailler sur l’amélioration continue de la qualité et la sécurité des soins. Et c’est dans ce cadre-là qu’elle est là et qu’elle a été saisie pour aller mieux comprendre pour pouvoir prendre les décisions idoines.
Au nombre des griefs portés au Cnhu, il a été question du matériel, notamment le groupe électrogène. Est-ce qu’au cours des investigations qui ont déjà démarré, vous avez constaté quelque chose ?
Il est trop tôt aujourd’hui pour donner même un début de conclusion sur les causes. Il y a beaucoup de choses qui se disent, mais nous, ayant été saisis, nous devons aller au fond avant de parler. Tant qu’on n’a pas fini, tant qu’on n’a pas tous les résultats des investigations, nous ne pouvons pas nous exprimer.
Il y a aussi une polémique sur le nombre de décès. Est-ce qu’il y a eu 11 décès au Cnhu ?
A cette question, je peux répondre clairement. Il y en eu 4. Pas un de plus pas un de moins. Je voudrais ajouter que dans le cadre des investigations, il est apparu pour l’Ars d’aller vers les familles éplorées pour deux raisons. La première, c’est pour témoigner notre compassion en présentant les condoléances du chef de l’Etat et de toute la Nation. La deuxième raison, c’est d’aller les écouter pour les entendre sur le vécu qu’elles avaient de l’incident et ce qu’elles avaient constaté. Et dans ce cadre que l’Ars a déjà commencé à rendre visite à ces familles pour aller remplir cette mission.
Propos recueillis pour « Le Matinal » par Abdourhamane Touré
Dieudonné Gnonlonfoun, Dg Cnhu-Hkm : « Des mesures ont été prises pour que cet incident ne se reproduise plus »
Le Matinal : Monsieur le Directeur général du Cnhu-Hkm après l’incident quelles ont été les dispositions prises pour pallier ces genres de situations à l’avenir ?
Dieudonné Gnonlonfoun : Je voudrais dans un premier temps, présenter toutes nos condoléances aux parents des familles éplorées et rappeler que depuis 2016 l’hôpital est devenue une priorité pour le gouvernement du Bénin qui investit énormément dans le secteur en nous dotant d’équipements de travail et je peux vous dire que les praticiens du Cnhu s’emploient tous les jours à prendre en charge nos populations. Ce qui est survenu est un incident dont nous avons pris toute la mesure et comme vous le demandez, des actions ont été prises depuis le vendredi dernier pour que cet incident ne se reproduise plus. J’ai aussi entendu parler de groupes électrogènes. Je peux encore une fois vous dire que le Cnhu dispose de groupe électrogène de 900 Kva qui est un groupe central et qui prend en charge l’ensemble de la maison. Et à côté de ce groupe, nous disposons aussi de 8 autres groupes qui sont dédiés spécifiquement aux différents services du Cnhu-Hkm. Ce qui est survenu est-ce que c’est la coupure d’électricité qui a été constatée à 2h 30 mn qui a été à l’origine de ce qui s’est passé, je peux répondre que cela n’a pas eu à cet instant-là de conséquences sur la prise en charge des patients, mais vous savez dans toutes organisation, vous avez beau pris l’ensemble des dispositions, cela peut dysfonctionner quelque part et c’est le rôle de l’Ars d’investiguer et de pouvoir élucider réellement la cause de ce qui s’est produit. La justice a été également saisie et enquête sur la question. N’étant pas dans le secret l’instruction, nous ne pouvons pas aller plus loin dans nos déclarations.
En ce moment, vos agents sont gardés. Est-ce un mauvais signe ?
Je ne suis pas dans le secret de l’instruction. Ils ont été écoutés, la justice a décidé de les garder à vue. Nous faisons ce constat et nous restons à la disposition de la justice pour que ces faits soient élucidés.
Est-ce à dire qu’à ce jour vous n’avez aucune connaissance de ce qui a provoqué l’incident ?
Vous êtes d’accord avec moi que les investigations sont en cours et quand la justice et l’Autorité se sont saisies du dossier, nous ne pouvons pas aller plus loin que ce que nous avons déclaré actuellement. Je vous invite comme le président de l’Ars vient de le dire, à la patience pour que les investigations aillent jusqu’à terme et probablement vous serez informés de ce qui s’est réellement passé.
Quel est actuellement l’état d’esprit du corps médical ?
Vous comprenez avec moi que quand cela survient, forcément le moral ne peut pas être haut aussi bien au niveau du corps médical que des familles éplorées. Néanmoins, nous nous employons dans ces conditions à répondre chaque fois que la justice nous interpelle et en même temps à continuer à prendre en charge notre population puisque c’est notre sacerdoce.
Propos recueillis pour « Le Matinal » par A.T.



















