Les conditions de mise en œuvre d’interruption volontaire de grossesse (Ivg) au Bénin sont désormais connues, suite au décret pris en conseil des ministres, le mercredi 12 avril 2023.
Les membres du gouvernement, au cours du Conseil des ministres du mercredi 12 avril 2023 ont adopté un projet de décret portant sur les conditions d’interruption volontaire de grossesse (Ivg).Aux termes du présent décret, l’Ivg ne peut se pratiquer que par un médecin, une sage-femme ou un infirmier dûment habilité, et dans les formations sanitaires publiques ou privées. Ces dernières doivent disposer d’un agrément spécifique délivré par le ministre chargé de la Santé. Tous les établissements de santé doivent remplir les conditions techniques exigées et assurer une prise en charge psychologique et sociale de la patiente avant et après l’intervention. En outre, il prescrit le secret professionnel pour tout intervenant dans la prise en charge des demandes, et garantit la clause de conscience à ceux dont les convictions religieuses ou philosophiques les empêchent d’y prendre part. Par ailleurs, les risques particuliers associés à chaque procédure abortive doivent être exposés à la patiente quelle que soit la cause de la sollicitation de l’Ivg, de même que son consentement libre, éclairé et renouvelé doit être requis. Le gouvernement du président Patrice Talon parachève ainsi une initiative révolutionnaire, inédite au Bénin. C’est dans cette veine que des dispositions du décret qui indiquent que l’acte d’avortement ne doit pas être banalisé, et le gouvernement, à travers, le présent décret l’encadre bien pour éviter tout dérapage qui, s’il survenait, sera réprimé ou puni conformément aux textes en vigueur. Ce décret est comme un texte d’application de la loi modifiant et complétant la loi n°2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction. De même, la nouvelle loi modifiant la loi n°2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction était déjà plus explicite en ce qui concerne l’interruption volontaire de grossesse (Ivg). Elle prévoit les cas exceptionnels dans lesquels elle peut être autorisée et les conditions requises pour les interventions y relatives, afin de réduire substantiellement les risques de décès. Pour ce faire, la nouvelle législation relative à la santé sexuelle et à la reproduction est une révolution, car elle lève le voile sur un sujet considéré comme tabou, l’interruption volontaire de grossesse ou Ivg.
Les raisons de l’adoption du décret
Cet engagement du chef de l’Etat et son équipe sur la base des chiffres des dernières enquêtes démographiques et de santé qui révèlent qu’il s’observe, de plus en plus, une précocité des rapports sexuels chez les jeunes femmes car entre 2017 et 2018, la proportion de ces femmes ayant eu leurs premiers rapports sexuels avant l’âge de 18 ans est de 59%. Il était également important pour chantre du Nouveau départ de se pencher sur la question en s’intéressant aux conséquences de ces statistiques qui se déclinent en grossesses indésirées, des avortements clandestins aux issues fatales. Selon les statistiques les adolescentes représentent 20% des décès maternels enregistrés dans notre pays. La santé sexuelle et reproductive est un levier social de première importance à prendre en compte pour la réduction de la mortalité maternelle et infantile, et que c’est une politique qui doit mener à l’épanouissement de la femme et de la famille au Bénin.
Patrice Zoundé (Coll)