Chaque 26 septembre, la communauté internationale célèbre la contraception à travers une journée dédiée. Le jeudi 4 décembre, l’édition 2024 de la Journée a été célébrée en différé en présence des responsables du ministère de la Santé, de l’Unfpa et des autorités locales. C’était au Collège d’enseignement général 1 d’Adja-Ouèrè.
Le Bénin à l’instar des autres pays du monde, célèbre depuis 2007, la Journée mondiale de la contraception (Jmc), chaque 26 septembre. La 17ème édition a été organisée à Adja-Ourè où les statistiques font froid au dos. Pour le représentant du préfet du Plateau qui a souhaité la bienvenue aux participants, l’accès à la contraception est un droit humain. Le thème retenu pour l’année 2024 est: « Un choix pour tout le monde, la liberté de planifier, le pouvoir de choisir ». A en croire Rodrigue Magloire Kotounou, près de 257 millions de femmes à travers le monde vivent dans des pays à moyens ou faibles revenus et ne bénéficient d’aucun moyen de contraception moderne. Au Bénin, poursuivra-t-il, 32% des femmes en union ont des besoins non satisfaits en matière de planification familiale. La demande en planification familiale est estimée à 48%, cependant elle n’est satisfaite dans 26% des cas par l’offre de méthodes modernes. Le ratio de décès maternel et néonatal persiste. Le nombre de décès maternels est passé de 1023 à 992 de 2020 à 2022 et le nombre de décès néonatals de 3596 en 2020, à 4513 en 2022. Dans le Plateau, le nombre de décès maternels est passé de 34 à 37 tandis que le nombre de décès néonatals a quasiment triplé passant ainsi de 21 à 72 entre 2020 et 2021. Il est ainsi clairement affiché que le besoin de planification non comblé aggrave davantage la vulnérabilité de la femme. «La méconnaissance des différentes méthodes de contraception, la persistance des rumeurs et la non-adoption de comportements protecteurs de la santé qui sont autant de déterminants des naissances rapprochées et des grossesses non-désirées pour lesquelles le recours aux avortements provoqués est souvent de mise », dira Rodrigue Magloire Kotounou. Pour ce dernier, il est inadmissible que l’humanité puisse continuer d’assister avec indifférence aux décès des femmes faute de recours à la contraception, d’où l’urgence d’agir.
Des défis énormes à relever
Le représentant résident de l’Unfpa au Bénin, Richmond Tiémoko, trouve évocateur le thème de la célébration pour son institution «qui depuis plusieurs années, à travers le programme « Partenariat Unfpa supplies », assure la disponibilité et l’élargissement de l’accès à toutes les gammes de produits contraceptifs et médicaments de santé maternelle utilisés dans le pays». Selon ses dires, les défis sont encore énormes à Adja-Ouèrè au regard de la faiblesse des chiffres. En effet, va-t-il souligner, pour une cible de 28 716 femmes en âge de procréer, seulement 4929 ont utilisé une méthode contraceptive en 2023 dans la Commune d’Adja-Ouèrè, soit 17,2% contre 19,5% dans la zone sanitaire Pobè-Adja-Ouèrè-Kétou et 24,2% au niveau national. En ce qui concerne les adolescentes et jeunes, ce taux chute à 5% contre une moyenne nationale de 9,1%, et tous les cas de grossesses non désirées en milieu scolaire battent toujours le record selon ‘annuaire des statistiques de l’éducation. Sur 14 grossesses enregistrées dans les établissements secondaires du Plateau au premier trimestre de l’année 2023-2024, 4 proviennent de la Commune d’Adja-Ouèrè. En lançant les festivités chargé de mission près du ministre de la Santé, Gaudens Acakpo, est revenu sur les statistiques qui demeurent encore faibles. « C’est au regard de la situation que le 26 septembre de chaque année, la Jmc est organisée autour d’un thème qui fait avancer les débats sur la contraception. A la suite de la cérémonie de lancement, le personnel de santé a été mobilisé pour fournir dans la Commune d’Adja-Ouèrè et environs, les informations utiles sur les différentes méthodes contraceptives et sur la santé reproductive en général. De plus, une campagne d’offre gratuite de services de santé reproductive sera donnée durant les cinq jours dans le Plateau. Elle sera couplée de séances de dépistage du cancer du col de l’utérus et du cancer des seins.
Serge Adanlao