Kadidjath Issotina est une jeune actrice, comédienne et humoriste béninoise Quelques semaines après son sacre sur la scène de la 3ème édition du concours « Mon Premier Montreux Afrique » le 12 octobre 2023 à Kinshasa, elle s’est confiée à votre journal à travers une interview dont voici l’intégralité.
Le Matinal : Parlez-nous de vos débuts dans le domaine de l’humour et du cinéma ?
Kadi : Au départ, après mon Baccalauréat, j’ai intégré une troupe de théâtre où j’ai fait quelques petites créations qui m’ont permis de remporter un prix du Festival des arts et des mimes en 2019. Après, j’ai intégré une maison de production cinématographique où je me suis vraiment formée comme actrice. Je travaillais à tout moment et cela m’a vraiment permis de prendre le goût au cinéma, mais depuis les bancs, c’était mon rêve d’être actrice. Pendant qu’on faisait les répétitions, un de ces jours, j’ai un ami humouriste qui m’a appelé et qui m’a dit qu’il y a un concours d’humour organisé. J’ai dit « Ok ». Il dit je veux que tu participes, mais je lui ai dit que je ne suis pas humouriste. Donc, c’est comme ça j’ai postulé et j’ai été retenue. Elle a été diffusée sur les chaînes nationales et internationales. J’ai compris que c’est un truc qui était bien et j’ai commencé par prendre goût à l’humour. J’ai commencé par m’investir plus dans l’humour que dans le cinéma. J’ai commencé par écrire des textes, par suivre les humouristes ; par me cultiver dans l’humour, voilà un peu comment c’est parti.
D’où est née cette passion que vous avez pour l’humour ?
En dehors de la scène et tout, on me dit souvent que je suis très drôle dans la vie et quand je discute avec les amis, ils rigolent beaucoup. Je ne suis pas si bavarde que çà ; je dirai que je suis cette personne très timide, mais bon quand je me retrouve avec des proches à moi, je suis vraiment très drôle. Je m’amuse à faire rire et ça me fait vraiment plaisir.
Quelles sont les qualités que vous avez et qui vous permettent d’exceller dans votre carrière artistique et d’être lauréate du concours ?
Je vais dire que les qualités qui m’ont vraiment permises d’être à ce niveau dans l’humour, c’est la rigueur dont je fais montre envers moi-même. Je veux toujours faire plus mais je ne suis pas satisfaite jusque-là de quoi que ce soit. C’est vrai que je rends grâce à Dieu mais après je trouve qu’on peut faire mieux donc du coup chaque fois je me mets une pression pour pouvoir être célibat pour pouvoir faire mieux, je veux tout le temps apprendre dans la part à la rigueur. Je vais dire qu’il y a un petit talent qui n’est pas encore bien poli et qui n’est pas encore bien travaillé. Il y a un petit truc que j’ai que je pense que peut-être les autres sont conscients de cela, mais je pense que c’est un truc dont j’ai vite pris conscience et que j’ai travaillé. Je pense qu’il y a un petit talent-là qui me permet dedans à part cela, je veux dire que j’apprends beaucoup des autres, j’apprends de tous les humoristes, je vois comment les autres travaillent, je vois qu’est-ce que je peux faire mieux quand je vois les gens jouer autour de moi, j’essaie de voir, j’analyse tout et ça me permet moi de me perfectionner encore plus, parce qu’il concerne les atouts. Je vais dire que je suis un peu bien entourée. Je travaille avec des gens qui sont vraiment bons ils ne sont pas connus mais ils sont bons donc ça me permet moi aussi d’être bonne. Je n’ai pas d’autres choix que de travailler autant que cette personne-là, à part cela, je vais dire que je suis bien entourée, je suis réceptive aux critiques, j’adore qu’on me fasse des critiques ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Il y a des artistes qui n’ont pas du tout compris alors que pour moi, la critique prouve que ce que je fais est bien, mais que je peux faire mieux. Donc, j’adore qu’on me fasse des propositions, je suis réceptive aux suggestions et tout. Je pense que ça m’a beaucoup aidé à apprendre et à exceller dans ce domaine.
Quelle est la scène qui vous a le plus marquée positivement durant toute votre carrière parlant des grands moments ?
J’ai à peine 3 ans de carrière. Je n’ai pas encore bien fini les 3 ans. Je vais dire la scène qui m’a le plus marquée, c’est le Montreux.
Quelle est votre vision de la pratique de l’humour et du monde cinématographique au Bénin ?
Actuellement au Bénin, en ce qui concerne l’humour, je vais dire que ce n’est pas encore ça, parce qu’on n’a pas encore de scène, il faut tout le temps créer, aller dans les bars restaurants demander à jouer sinon on n’a pas du tout de moyen. En Europe, les gens jouent jusqu’à 20 fois en une journée parce qu’à chaque coin de rue, il y a des comédies clubs, donc tu entres ici tu joues, tu sors. Tu vas ailleurs, tu aimes le public. Toujours à la fin de la journée, tu es sûr d’avoir quelque chose de potable parce que tu as bien testé les blagues, tu as vu ce qui a marché et ce qui n’a pas marché alors qu’ici tu écris un texte, ça peut faire 1, 2 voire 3 mois avant que tu ne trouves une scène. Et quand tu trouves même la scène, ce n’est pas que tu vas tester. On t’a invitée pour aller jouer, donc c’est le produit brut que tu vas présenter à des gens qui ont payé le ticket et qui sont venus voir si ce n’est pas bien bon. Ils vont dire la prochaine fois qu’ils ne viennent plus. Du coup, on régresse. C’est vraiment un grand problème qu’on a. C’est l’absence de scène.
Quels sont vos projets à court, moyen et long termes ?
Dans les jours à venir déjà, je prépare mon premier spectacle, donc je veux faire mon premier spectacle, jouer une heure de spectacle sur scène, ça sera l’année prochaine en mai 2024. La date n’est pas encore officielle, donc je ne veux pas le dire tout de suite. A part cela, je compte faire une tournée nationale avec ce spectacle, une tournée internationale dans la sous-région et peut-être en Europe. A part cela, je nourris le rêve d’avoir une Comédie Club où je pourrais accueillir des humoristes qui viendront travailler. J’ai vraiment envie de donner de la force à toutes les femmes qui veulent vraiment se lancer dans ça, et donc cette Comédie Club servira de salle d’échauffement aux humoristes en général, mais le centre de formation aussi pour toutes les femmes qui vont se lancer dans l’humour.
Après la scène « Montreux Comedy Festival », quel est le spectacle auquel vous désirez prendre part ?
Après la scène du Montreux Comedy Festival, je nourris le rêve de me produire sur la scène du Marrakech du rire ou le parlement du rire.
Nous vous avons vu jouer le rôle principal dans le film « Le rêve de Kadi » réalisé par Barnabé et écrit par Wilfried. D’où est partie cette collaboration et quelles sont vos intentions en jouant dans ce film ?
Le Rêve de Kadi ; c’est un film écrit par Wilfried Gnanvi. J’ai rencontré Barnabé Affognon qui m’a dit tu es musulmane. Il y a un rôle et j’ai besoin d’une fille musulmane qui doit jouer et je pense à toi, mais je ne sais pas si ça te dit quelque chose. Je lui ai dit qu’il n’y a pas de soucis. Il demande mon nom, je lui ai dit que je m’appelle Kadi et là, il est resté hébété pendant quelque temps et me dit que le personnage principal s’appelle Kadi. Donc, c’est une coïncidence. C’est comme ça c’est parti et j’ai joué dans le film. C’était une très belle expérience pour moi.
Kadi jouera-t-elle dans d’autres films ?
Oui, j’ai joué dans d’autres films, la plupart c’est sur des sujets de commandes, sur la sensibilisation. Les films dans lesquels j’ai joués, ce n’est pas encore sorti. J’ai joué dans la barque du roi qui n’est pas encore sorti, dans les larmes de ma mère qui était diffusé sur la chaîne nationale. Il y a des films en attente qui ne sont pas encore sortis, mais pour le moment, je suis concentrée sur ma carrière humoristique.
Un mot pour conclure cette interview ?
Merci à tout le peuple béninois. Que le reste soit encore meilleur que ça.