Le Secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), Nagnimi Kassa Mampo, a des griefs contre la conduite du dialogue social au Bénin. Il l’a fait savoir à l’issue de la première session extraordinaire de la Commission nationale de concertation, de consultation et de négociations collectives au titre de l’année 2022, qui s’est déroulée hier, jeudi 08 septembre 2022 sous la présidence du ministre d’Etat en charge du développement et de la coordination de l’action gouvernementale, Abdoulaye Bio Tchané. Lire ses propos.
Le Matinal : Qu’est-ce qu’on peut globalement retenir de vos échanges ?
Kassa Mampo : Le gouvernement a passé chaque minute à essayer de voir comment il prépare la rentrée scolaire. Donc, ce n’est pas tellement les problèmes des travailleurs du secteur qui sont pris en compte. On a dû forcer pour voir ce qui est prévu pour les catégories de travailleurs comme les Ame et qu’est-ce qui est pris comme dispositions pour résoudre les problèmes des travailleurs dans tous les secteurs ? D’abord, dans les secteurs de l’éducation puisqu’ils ont dit que c’est devenu deuxième session ordinaire, ce que nous avons contesté, on a finalement retenu que c’est la première session extraordinaire où on devait s’occuper des problèmes de la rentrée. Finalement, c’est de nous dire quelles sont les dispositions qui sont prises pour que la rentrée ait lieu. Mais pas quelles sont les dispositions véritablement qui sont prises pour régler les problèmes des travailleurs notamment lorsqu’on parle de travailleurs dans le secteur de l’éducation, ce sont les Ame qui constituent aujourd’hui plus de 80% des enseignants. Nous, nous voulions qu’on nous dise qu’est-ce qui est prévu pour les Ame à la rentrée ? On nous dit qu’une annonce sera faite en novembre. La rentrée commence en septembre et c’est en novembre qu’on fera l’annonce qui concerne les Ame. La seule chose qu’on a pu avoir aujourd’hui en faveur des Ame, c’est qu’enfin on va leur faire une avance sur salaires. Un genre de prêt d’un mois de salaire pour leur permettre d’effectuer la rentrée et qu’ils vont commencer à rembourser à partir du mois de janvier 2023. Or, les Ame sont un peu comme la pluie qui tombe en saison sèche. Lorsqu’une pluie tombe en saison sèche, quelques minutes après, l’eau disparait. Un Ame à qui on remet soixante mille, quatre-vingt mille, cent mille, tout de suite, ça disparaît. Cela ne peut même pas lui permettre de préparer la rentrée. Ils ne sont pas pris en compte pour les primes de rentrée. Il faut attendre novembre pour savoir ce qui est prévu pour eux et en même temps novembre pour savoir ce que le gouvernement prépare par rapport à la question de revalorisation des salaires. Dans tous les cas, moi j’ai profité de l’ouverture de la séance pour d’abord protester contre l’intervention du chef de l’Etat en France contre les travailleurs du Bénin par rapport aux lois sur la grève qu’il a prises et il estime que c’est parce que les gens auraient menacé de faire mourir les gens pendant la grève. Or, moi j’ai participé à toutes les séances avec les centrales syndicales et il n’y a pas eu des propos du genre. J’ai suivi ce qui s’est passé avec la santé. Il n’y a pas eu de menace donc on ne peut pas justifier la prise des mesures arbitraires pour dire qu’il n’y a pas droit de grève et autres là au Bénin.
Qu’est-ce qui va se passer à la suite de cette rencontre?
Il faut créer les conditions de négociations. Il n’y a pas de négociations au Bénin, il n’y a pas dialogue social au Bénin surtout qu’on n’a jamais satisfaction. Il n’y a pas de façon concrète, des décisions du gouvernement pour satisfaire aux revendications des travailleurs de la santé, de l’éducation, de tous les secteurs. Tout ça, c’est sur la table du gouvernement et on nous dit dans les semaines et les mois à suivre, qu’on va nous inviter pour une session ordinaire. Dans tous les cas, les travailleurs doivent savoir que s’ils ne se mettent pas au combat, s’ils ne se mettent pas à lutter, ils n’auront pas satisfaction des revendications. Les Ame qui constituent l’essentiel du système éducatif, on ne veut pas pour l’instant régler fondamentalement leurs problèmes. Nous avons profité aussi pour faire un plaidoyer pour les 305 travailleurs qui ont été radiés. Il faut que le gouvernement sache que nous sommes dans un pays de droit, un pays de démocratie. Normalement, on doit écouter les travailleurs. Où il y a dialogue social, on doit pouvoir nous écouter, on ne doit pas nous menacer.
Est-ce que la rentrée prochaine est conditionnée par la satisfaction de ces revendications ?
Non, la rentrée aura lieu de toute façon. On aura encore une rentrée politique. On n’a pas dit qu’on va faire grève à la rentrée mais lorsque les gens vont à la rentrée sans argent parlant des Ame, ce n’est pas bien parce que les Ame souffrent. C’est eux qui constituent l’essentiel du monde enseignant aujourd’hui.
Propos recueillis par G. G