Comme il est de tradition, les chrétiens catholiques du monde entier célèbrent les témoins du Christ et s’engagent à vivre une nouvelle vie afin d’atteindre la sainteté. C’est le sens à donner à la fête de la Toussaint et celle des défunts célébrée les 1er et 02 novembre de chaque année.
Devenue presque une coutume, la fête de Toussaint est célébrée en honneur de tous les Saints. Vincent de Paul Kougblénou, paroissien à Fonkpamè, se souvient que cette célébration ne tire pas son essence des Saintes écritures. « La fête de la Toussaint ne trouve pas ses origines dans la Bible », indique-t-il. Selon ses recherches, elle doit son existence à un culte populaire important installé au cours des premiers siècles après Jésus-Christ. «En effet, jusqu’à l’adoption du christianisme comme religion d’État par l’empereur Constantin, les débuts du christianisme sont marqués par de nombreuses persécutions envers ses membres. Les chrétiens ayant préféré la mort à la renonciation de leur foi, constituent ainsi la majorité des premiers saints. Jusqu’au 5ème siècle, le culte des saints se développe rapidement en chrétienté. Nombreuses sont les églises locales qui détiennent leur propre liste de saints et proposent des commémorations diverses à leur égard. Rapidement, l’Église va centraliser la pratique de cette dévotion aux saints et instaurer un jour officiel pour les célébrer tous ensemble. Le 13 mai 610, la fête de la Toussaint est ainsi institutionnalisée par le pape Boniface IV, à l’occasion de la mutation du Panthéon de Rome (dédié jusqu’alors aux divinités romaines) en l’église de Sainte-Marie et des martyrs. Un certain nombre de reliques de martyrs sorties des catacombes romaines y sont placées», raconte le paroissien. La date du 1er novembre choisie, a été selon lui, une décision pour mettre fin à une fête païenne. D’après son récit, la célébration celte de Samain résiste encore aux débuts du IXe siècle. Fêtée dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, Samain est la première des quatre grandes fêtes religieuses du calendrier celte. Célébrée à la fin des récoltes, c’est une fête de passage qui marque à la fois le passage de la saison claire à la saison sombre, le début de la nouvelle année et l’ouverture, cette nuit-là, d’une porte entre ce monde et celui des dieux et des esprits. Mais vers 830, le Pape Grégoire III a décidé de déplacer la date de la Toussaint au 1er novembre dans le but de remplacer la célébration païenne (la fête de Samain) et de mettre fin aux festivités druidiques. Depuis lors, cette tradition continue d’être respectée, mais pas avec la même connotation même si le sens a été conservé. « La portée de cette fête est le goût du ciel, l’appétit du ciel. Nous sommes faits pour l’éternité. Nous ne sommes pas faits pour mourir. Nous sommes faits pour la vie que la mort ne peut détruire. Alors, si nous voyons que beaucoup de personnes ont vécu avant nous et que malgré les épreuves, les échecs, les souffrances et les succès, ils ont réussi à terminer leur parcours céleste et bénéficient maintenant de la joie d’être en Dieu. Cela nous donne aussi le goût de dire que nous ne devons pas démissionner, la route continue jusqu’à la rencontre où Dieu sera en nous tous», a expliqué Père Hubert Kèdohouidé, curé de la paroisse Bon Pasteur d’Adandokpodji. Selon Barnabé Bocovo, curé de la paroisse Saint Lucien d’Ahouga, la Toussaint est une fête d’espérance. Sa célébration débouche sur l’office de souvenir en mémoire de nos défunts.
Lien entre la Toussaint et la fête des morts
Au lendemain de la Toussaint, les fidèles chrétiens catholiques prennent d’assaut les cimetières pour honorer la mémoire de leurs parents qui ne sont plus de ce monde. Pour le Révérend Père Hubert Kèdohouidé, la perception que les gens ont de cette pratique est à déconstruire. « Il n’y a pas une fête qui soit dédiée aux morts. La fête des morts n’existe pas. Déjà, les psalmistes disent que les morts ne louent pas le Seigneur», a-t-il rectifié. Il s’agit plutôt pour les chrétiens de contempler la joie de ceux qui ont lavé leur sang dans le sang de l’agneau. « Nous prenons conscience que s’il y a beaucoup de saints inconnus, c’est ainsi qu’il y a beaucoup de personnes qui n’ont pas encore accédé à la joie de la félicité céleste et nous, nous sommes préoccupés. C’est pour cela que nous prions pour eux. Donc le 02 novembre, c’est la journée de la prière pour nos parents défunts », a-t-il expliqué. C’est dire donc qu’il y a une différence entre la Toussaint et la fête des défunts. Avec la Toussaint, l’Église rappelle aux hommes qu’ils sont tous appelés à la sainteté, même si les chemins pour y parvenir peuvent être sinueux. Ils sont ainsi invités à se mettre dans les pas du Christ. La Toussaint est donc une fête joyeuse qui remémore aux chrétiens la vocation de l’humanité à trouver et à chanter le Salut de Dieu. Alors que la commémoration de tous les fidèles défunts veut que les familles se réunissent ce jour-là autour de leurs défunts pour honorer leur mémoire et fleurir leur tombe. L’Église inclut ainsi dans sa prière liturgique tous les défunts pour les accompagner. Tous, vivants ou morts, sont réunis sous le vocable de la « communion des saints ».
Z.T. (Br Zou-Collines)




















