Le royaume de Danxomè est caractérisé par des infrastructures architecturales de type traditionnel. Parmi celles-ci, l’on distingue le Djèxô. L’émanation de son signe de règne, le premier Djèxô a été construit avec toutes les richesses de ce monde par le roi Glèlè pour rendre gloire à son père Guézo.
Sur la cour intérieure du palais,trône majestueusement le Djèxô du roi Guézo. C’est un chalet au décor chaleureux et singulier alliant les matériaux traditionnels et modernes de construction. Faite en terre de bas et recouvert de chaume ou en tôles, son architecture traditionnelle de forme conique le différentie des autres infrastructures du royaume. C’est l’endroit idéal où repose l’esprit du roi à travers l’autel portatif qui l’incarne. « L’appellation Djèxô est intervenue sous le roi Glèlè parce que son signe de règne lui a prédit qu’après lui, ce sera la fin de la monarchie. L’allégorie est la case ronde parce que la case ronde n’a pas de dernière. Donc, tous les actes posés par ce souverain qui se sont inscrits ont suivi cette ligne tracée par l’oracle », rappelle, Gabin Djimassè. N’étant pas une construction ordinaire, Glèlè a mobilisé tout ce qui est en son pouvoir pour cette réalisation. Son caractère exceptionnel réside dans la nature et la qualité de ses éléments constitutifs. Guidé par une volonté manifeste d’offrir tout ce qu’il y a de précieux sous ce soleil à son père, Glèlè, avant de monter les murs du tout premier Djèxô qu’a connu Danxomè, a fait recours à l’alcool portugais, à la poudre d’or, aux cauris etaux perles les plus chers. Le tout mélangé pour pétrir le mur qui a servi à cette case. D’où le nom Djèxô attribué à cette construction. ‘’Djè’’ qui traduit littéralement le sens des perles en langue fongbé et la syllabe ‘’xô’’ qui évoque le sens de case. En un mot, Djèxô revient à dire la case des perles. « Ce nom n’est pas donné par rapport à la richesse, mais par rapport à la perception du roi Glèlè de rester inégalé dans ses offrandes à ses ancêtres », nuance Gabin Djimassè.
Djèxô, le sanctuaire des défunts
Ce fut pour lui l’occasion de faire ces mises au point. « C’est le seul bâtiment pour lequel il y a eu quelques gouttes de sang humain ».Cet élément est pris en compte pour satisfaire le désir du monarque, celui de poser un acte que personne ne pourra faire après lui. Il a agi ainsi pour honorer la mémoire de son père tout comme si le royaume s’arrêtait sous son règne. «Les détracteurs de Danxomè disent que tous les murs du royaume sont construits à base du sang humain, même les murailles. Combien d’individus va-t-on tuer », a-t-il laissé entendre pour déconstruire cette intoxication longtemps distillée au sein des communautés. Il poursuit en précisant que, contrairement à ce que pensent bon nombre de personnes, les rois de Danxomè qui se sont succédé au trône de Houégbadja, père fondateur du royaume, ne sont pas pour les exécutions. « Aucun roi du Danxomè ne s’entend avec son premier ministre qui joue le rôle de gourou ou bourreau. Il est là pour faire respecter l’autorité de sa majesté. Donc,à la moindre erreur, il te règle ton compte. Et le roi le rappelle chaque fois à l’ordre en lui faisant comprendre que si on se débarrassait de tout le monde, qui va rester pour être dirigé », martèle Gabin Djimassè. Plus tard, cette création du roi Glèlè a suscité l’admiration des princes qui ont commencé par la dupliquer dans leur palais princier. «Ces différents Djèxô qui ont poussé tels des champions après n’ont les mêmes éléments constitutifs ni la même connotation que celui de Glèlè. «Ce qui se fait aujourd’hui ne contient plus l’alcool portugais, les perles les plus chers et la goutte du sang humain. Ces éléments sont, non seulement rares, mais très difficiles à trouver. Alors vous comprenez avec moi que le Djèxô actuel n’a pas la même valeur que le Djèxô de Glèlè », indique-t-il. Pour lui, un élément nouveau qui apparaît dans le royaume est souvent repris par la descendance sous l’effet de la mode. « Dans le royaume de Danxomè s’il y a quelque chose de nouveau, cela se répète pour tous les règnes précédents », ajoute Gabin Djimassè. Cette case qui abrite les esprits des rois défunts ou des parents est un sanctuaire où les membres de la famille vont communier avec leurs morts. Abritant les autels des défunts, le Djèxô accueille les cérémonies de libation et d’offrande en l’honneur des morts de la collectivité. A ce titre, certains lui attribuent aussi le nom de Dèxô, c’est-à-dire où se déroule les séances de prières de la famille pour rendre témoignage aux esprits des défunts en vue d’implorer leurs bénédictions et leurs protections.
Zéphirin Toasségnitché
(Br Zou-Collines)