Le Bénin organise dans moins d’un an, 3 élections en une année. C’est une première, mais le contexte politique actuel est assez particulier. Jamais par le passé, on a connu une veille d’élections aussi calme tant de la mouvance que de l’opposition.
On s’étonne qu’à moins d’un an de la Présidentielle, Cotonou n’abrite pas encore de siège de campagne. Il est vrai que du côté de la mouvance, le timing est connu et le chef de l’Etat, Patrice Talon, l’a martelé déjà à deux reprises, mais l’opposition reste toujours indécise sur la question. On peine encore à connaître son agenda ainsi que les probables têtes d’affiche qui se ligueront pour le duel présidentiel de 2026.
Ce silence de l’opposition amène d’aucuns à penser qu’elle surfe stratégiquement sur l’agenda de la mouvance. Yayi Boni et ses amis rechignent ouvertement à lancer l’assaut en premier parce qu’ils savent que c’est un pari risqué. Pour ne pas donner l’impression d’un suivisme béat, l’opposition occupe le temps avec les discs rayés de Code électoral et d’assises nationales. Une bataille qu’elle sait perdue d’avance mais qu’elle s’échine à mener pour occuper les esprits et agiter de vaines polémiques.
Cette fermeté de la mouvance et surtout du chef de l’Etat de remettre « à plus tard » le choix du candidat des partis au pouvoir perturbe sérieusement l’opposition qui est soumise à une épreuve de nerfs perceptible. Pendant ce temps, le temps fuit comme à son habitude.
On veut bien que l’opposition remporte l’élection présidentielle de 2026, mais pas à ce prix. Rien de grand et d’auguste ne se fait dans le suivisme politique et l’impréparation. Yayi Boni et les siens doivent prendre leur destin en main et dévoiler au plus tôt leur candidat. Ils ont d’ailleurs tout à y gagner. On ne saurait trop le répéter, l’opposition a du génie, mais elle a du mal à se défaire de ce passé révolu où le népotisme enlevait au mérite pour en donner à la bassesse et à l’intrigue. Comprendre que les temps ont changé est un gage de réussite pour cette opposition encore à la peine.
Abdourhamane Touré