Les élections législatives du 8 janvier 2023 ont assurément été le principal sujet qui a polarisé l’actualité politique ces derniers mois au Bénin . Après l’organisation plus ou moins réussie de ce scrutin et la proclamation des résultats qui en sont issus, il est temps d’en tirer les grandes leçons.
Le Bénin est en passe de tourner la page des neuvièmes élections législatives de l’ère du renouveau démocratique. Tenues 8 janvier 2023, ces élections ont été le couronnement de plusieurs mois d’incertitudes et d’intrigues politiques. Depuis hier, la communauté nationale et internationale ainsi que les partis politiques ayant pris part au scrutin sont fixés sur leur sort avec la proclamation des résultats par la Cour constitutionnelle. Cette phase cruciale annonce l’épilogue d’un long processus qui a été tout au long de l’année 2022, l’essentiel de l’actualité politique. La période pré-électorale a principalement été marquée par une recomposition notable de la classe politique. Le jeu des démissions et des ralliements a remis sur le tapis, la sempiternelle question de la transhumance politique. Pour certains acteurs et analystes, ce phénomène a mis à nu la réforme du système partisan qui prône une certaine éthique en politique.
Fière chandelle à la Céna
Le pari n’était pas gagné d’avance pour l’équipe de Sacca Lafia avec les atermoiements et les pépins qui ont émaillé le processus électoral. De nombreux acteurs politiques notamment ceux de l’opposition avaient quelques griefs et appréhensions sur la Commission électorale nationale autonome (Céna). Sacca Lafia a été notamment mis en index par ces acteurs pour qui, l’homme n’offrait aucune garantie de crédibilité et d’impartialité au regard de sa provenance politique. A l’arrivée, plus de peur que de mal puisque selon les observateurs aussi bien nationaux qu’internationaux, l’organe en charge de l’organisation du scrutin, a rempli de belle manière, sa part de contrat. La mission d’observation électorale de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’est par exemple dite satisfaite de l’organisation et du déroulement de ces élections législatives, en dépit de quelques insuffisances enregistrées. Elle l’a fait savoir à travers une déclaration rendue publique le lundi 9 janvier 2023 par le chef de ladite mission Raimundo Pereira. La célérité dans la publication des grandes tendances est également un point majeur à mettre à l’actif de la Céna car elle met court aux suspicions entretenue autour de l’élection.
L’opposition fait son retour au parlement
L’une des grandes leçons à tirer de ces Législatives est le retour au parlement de l’opposition après près de quatre années d’absence. Cette prouesse a été notamment réalisée par le parti de l’opposition radicale Les démocrates qui s’en sort avec 28 députés d’après les résultats publiés hier, jeudi 12 janvier 2023 par la Cour constitutionnelle. Il s’agit là d’une percée remarquable du parti présidé par Eric Houndété qui a réussi à bousculer les certitudes dans certains bastions électoraux du pays notamment Cotonou, Abomey-Calavi et Parakou. La seule Commune à statut parti qui a résisté à la fulgurante ascension du parti de l’opposition radicale, est la capitale politique du pays Porto-Novo. Qu’à cela ne tienne, Eric Houndété et les siens font un retour triomphal au parlement avec à la clef, des parlementaires réputés tels que Nourénou Atchadé, Léon Basile Ahossi et bien d’autres. La présence du parti Les démocrates au parlement 9ème législature, va inéluctablement conférer une nouvelle orientation à l’animation des débats parlementaires et au contrôle de l’action gouvernementale. Il en va de la vitalité de la démocratie béninoise.
L’Up le renouveau : la confirmation
Les résultats du scrutin du 8 janvier 2023 ont consacré l’Union progressiste le renouveau comme étant la première force politique du Bénin. Le parti flanqué au logo baobab recueille 53 députés au terme des résultats proclamés jeudi 12 janvier 2023 par la Cour constitutionnelle. Avec cette performance, le parti maintient sa place de leader sur l’échiquier politique. Avec 53 députés, la formation politique présidée par Joseph Djogbénou confirme son ancrage national même si elle n’a pu lever d’élus dans les 13ème et 14ème circonscriptions électorales.
L’adhésion à la gouvernance Talon affirmée
L’un des défis du scrutin du 8 janvier est qu’il sonnait comme un test d’adhésion ou non des populations à la gouvernance du Chef de l’Etat notamment à ses réformes. Avec les résultats enregistrés à ces joutes électorales par les deux partis de la majorité présidentielle admis à l’attribution des sièges, on peut certifier que les populations sont en phase avec le mode de gouvernance de Patrice Talon. Cela reste plutôt un bon signe pour le président de la république qui est ainsi encouragé à continuer dans la même dynamique. Avec un cumul de 81 députés (53+28), le boulevard est tout tracé pour le président de la république qui pourra compter sur le parlement pour poursuivre ses actions de développement en faveur du pays.
Gabin Goubiyi