« Je ne pense pas que le positionnement des 24 femmes sera expéditif. Elles seront sur les listes électorales comme tout le monde. Elles vont faire la campagne et vont âprement se battre sur le terrain. Ce n’est pas qu’on ira les chercher pour les envoyer au Parlement. Il faut que les partis politiques les positionnent sur leurs listes. Mais si un parti décide de ne pas mettre une femme, il y a problème. Ce qui est notre crainte parce qu’il ne faut pas que les partis politiques disent que 24 femmes suffisent et s’abstenir de faire l’effort de positionner plusieurs femmes selon son pouvoir discrétionnaire de choix candidat. Ce qui nous oblige en tant que membre de la société civile à continuer à faire de la sensibilisation, à faire des plaidoyers auprès des partis politiques. Déjà se limiter aux 24 femmes n’est pas satisfaisant. Le travail que nous faisons aujourd’hui est le renforcement de la compétence des femmes pour leur meilleur positionnement. C’est-à-dire, nous ne voulons pas des figurantes. Nous espérons qu’avec les femmes que nous avons eues à former au niveau des Ong, des organisations féminines, des partis politiques à travers plusieurs projets comme le Récafem où nous avons formé plus de trois cents femmes seront prises en compte. Car ce sont des femmes compétentes ayant au minimum une licence professionnelle ou académique. Et nous avons fourni ces répertoires de femmes aux partis politiques. Si on prend ces femmes, je crois qu’elles ne seront pas des figurantes. Comme elles seront encore plus jeunes, elles auront de l’énergie pour se battre aux cotés des hommes. Ce n’est pas une guerre, c’est une complémentarité pour le développement du pays. Ce n’est pas une guerre que la femme livre à l’homme. Ça ne devrait pas aussi être une guerre livrée aux femmes par les hommes parce que c’est de la complémentarité. Restons ensemble pour le développement de notre pays. Mais je peux vous dire que les mentalités changent au sujet du rôle des femmes dans la politique. Aujourd’hui, les choses ont changé. Quand nous parlons des femmes, nous parlons des femmes jeunes et des hommes jeunes puisque les hommes jeunes comprennent qu’il faut de la complémentarité pour le développement du pays. Ils savent que ce n’est pas un seul sexe qui peut développer le pays. La preuve, ce sont les hommes qui ont dirigé le pays depuis 1960 et nous parlons toujours des problèmes de pauvreté, des soins, de l’éducation, etc. Si les hommes seuls avaient le pouvoir de développer le pays, nous ne serons pas là à parler des Odd sans oublier les Omd. Cela veut dire que la compréhension a évolué dans le monde. Est-ce que les hommes ont deux têtes ? Dieu nous a créés tous ensemble, nous avons été élevés dans les mêmes maisons. Est-ce qu’ils sont là-bas sans nous ? Nous faisons plus de 52% de la population béninoise. Si on décide aujourd’hui de ne pas voter pour eux ? Est-ce qu’ils seront au Parlement ? Alors c’est le problème de compétences qui se pose. Ce n’est pas le problème d’hommes ou de femmes. Nous devons envoyer des hommes et des femmes capables défendre dignement les causes communes au Parlement puisque c’est un problème de développement. Le travail que nous faisons aujourd’hui consiste à renforcer les compétences des femmes à gérer le pays, a mieux voter des lois qui ne poseront pas problèmes. A titre illustratif, aux élections de 2020 beaucoup de femmes étaient conseillères parce que les parties les ont mieux positionnés. Mais la question des 10% les a écartées. Moi je demanderai aux partis politiques de mieux positionner les femmes dignes et compétentes. Le résultat ne trahira pas ».