(Une réunion ce jour avec le ministre Tonato)
Dans le cadre de l’aménagement urbain et paysager de la berge Est de Cotonou, le ministre du Cadre de vie et des transports, chargé du développement durable, José Tonato, a rendu public un communiqué dans lequel il invite les occupants illégaux à libérer les zones de Abokicodji, Dédokpo, Kpankpan, Midombo, Adogléta, Hlacomey et Agbato au plus tard le lundi 6 janvier 2025. Une équipe de la rédaction du journal Le Matinal s’est rendue le lundi 6 janvier 2025, dans les zones concernées la note gouvernementale. Le constat est que les habitations de fortune et leurs occupants y sont toujours en place. Les habitants réclament un délai supplémentaire pour organiser leur déménagement.
Le jour de l’ultimatum fixé par le ministère du Cadre de vie et des transports pour libérer les zones de la berge Est de Cotonou est arrivé à terme le lundi 6 janvier 2025. Pourtant, les occupants des secteurs d’Abokicodji, Dédokpo, Kpankpan, Midombo, Adogléta, Hlacomey et Agbato semblent résolus à rester sur place. C’est le constat fait par l’équipe de la rédaction de « Le Matinal » qui a fait un tour sur les lieux. Malgré l’appel officiel du ministère du Cadre de vie à un déguerpissement immédiat, les habitants réclament un délai supplémentaire afin d’organiser leur relogement et se préparer à quitter les lieux. Notre première escale a été le domicile du chef du quartier de Midombo, Timothée Agblemon. À notre arrivée, l’autorité locale nous a informés que l’ultimatum donné par le ministère pour que les habitants des zones d’Abokicodji, Dédokpo, Kpankpan, Midombo, Adogléta, Hlacomey et Agbato quittent la berge Est de Cotonou, n’a toujours pas été respecté. Selon ses dires, les populations concernées par le communiqué du ministère n’ont pas bougé d’un centimètre. Après un échange rapide avec lui, il nous a orientés vers la zone concernée à Midombo. Une fois sur place, force est de constater que les faits rapportés par notre interlocuteur, se sont confirmés. Occupants illégaux et habitations de fortune étaient toujours présents. L’ambiance était celle d’un jour ordinaire. Chacun vaquait à ses activités habituelles. Nous avons rencontré un habitant résidant non loin de la berge. Il s’agit d’un menuisier qui a requis l’anonymat. Il nous a exprimé son désaccord quant à la décision de déguerpir les habitants de la zone en cette période de l’année. Avant de nous orienter vers d’autres habitants proches de la lagune, il a insisté sur la difficulté de la situation pour lui et pour ses voisins. A quelques mètres de lui, les habitants, assis au bord de la lagune, sirotaient leur vin de palme communément appelé « sodabi ». Ils s’apprêtaient à frire les produits issus de pêche qu’ils avaient faite dans la lagune tôt dans la matinée, avant notre arrivée. À notre contact, ces habitants ont exprimé leur joie de voir des journalistes, qu’ils considéraient comme des intermédiaires pour porter leurs doléances aux autorités.
Des doléances exprimées
B.K, un pêcheur, nous a confiés que quitter la berge en cette période, n’était pas envisageable. Selon lui, plusieurs raisons justifient cette demande de prorogation du délai. «On a appris qu’au 6 janvier 2025, on devait être déguerpis de la berge Est de Cotonou, mais jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas trouvé un endroit où nous irons nous installer. Nos enfants ont repris les classes et nous n’avons toujours pas de solution pour les scolariser ailleurs. Nous demandons au chef de l’État de nous accorder plus de temps, jusqu’aux vacances», a-t-il confié.
D’autres habitants de Midombo, comme H.J.S et O.K, ont également exprimé leur incompréhension face à la situation. Bien qu’ils comprennent la nécessité d’assainir la zone, ils soulignent qu’ils ne peuvent pas abandonner leurs activités de pêche, dont dépendent pour survivre. «Nous sommes des toffins et nous vivons de la pêche. Si le gouvernement veut assainir la berge, il doit penser à nous et nous trouver un autre endroit pour continuer nos activités», a déclaré H.J.S. De son côté, O.K a exprimé son inquiétude, en précisant qu’elle n’a nulle part où aller. Elle déclare par ailleurs que la situation est source de grande angoisse pour sa famille.
L’étape du quartier Kpankpan
Au quartier Kpankpan, la situation était similaire. Les occupants illégaux étaient toujours présents et réclamaient également un délai supplémentaire. Comme dans les autres quartiers, ils ont demandé au gouvernement de leur accorder quelques mois de plus, ainsi qu’une solution de relogement, semblable à celle apportée aux habitants de Xwlacodji. D.S, un pêcheur de Kpankpan, a déclaré : « Nous comprenons la décision du chef de l’État, mais nos activités de pêche ne peuvent pas se dérouler loin de la lagune. Nous demandons qu’il nous trouve un endroit où rester pour continuer à nourrir nos familles. »
Un délai supplémentaire sollicité
Au quartier Abokicodji, nous avons constaté que la situation était identique. Les habitations de fortune étaient toujours présentes, tout comme leurs occupants. Le chef de quartier, Abdoul Razack Délé Dandjinou, que nous avons rencontré, nous a expliqué avoir organisé une réunion le dimanche 29 décembre 2024 avec les chefs de quartiers et les habitants des zones concernées. Lors de cette réunion, il a expliqué la situation et les actions du gouvernement. « Les habitants m’ont dit de transmettre au chef de l’État de nous donner un délai jusqu’aux vacances. Nous avons écrit au ministre de la Famille, au ministre du Cadre de vie, au préfet du Littoral et au maire de la ville de Cotonou », a précisé le chef de quartier.
Une rencontre prévue pour ce mardi 7 janvier 2025
Des différents courriers adressés aux différentes autorités, la réaction du ministre du Cadre de vie, ne s’est pas faite attendre, a confié le chef quartier de Abokikodji. Une rencontre entre les représentants des zones concernées et le ministère du Cadre de vie est prévue pour ce mardi 7 janvier 2025, à 15h. «Le ministre a reçu notre courrier et nous a appelés vendredi dernier. On était là, quand le chef de l’Etat l’a appelé et il est parti, il a dit de revenir le mardi 7 janvier 2025 à 15h. Après notre assise de mardi, on va savoir comment on va faire. On va décider ensemble et le travail sera fait Inchallah. Quand nous allons rencontrer le ministre du Cadre de vie, le mardi 7 janvier 2025, nous allons lui faire des propositions. Seulement, nous demandons au chef de l’Etat d’aider la population d’Abokikodji et des berges lagunaires pour nous donner plus de temps jusqu’aux vacances. Nous avons des écoliers, des élèves, des étudiants sur la belge lagunaire », a indiqué Abdoul Razack Délé Dandjinou.
Il est à rappeler qu’au domicile du chef quartier de Abokikodji, nous avons rencontré Antoine Agossou, président de l’association des habitants de bidonvilles du Bénin. Préoccupé par la situation, il a exprimé son espoir que cette rencontre de ce mardi 7 janvier 2025 débouche sur des propositions concrètes et satisfaisantes pour toutes les parties concernées.
Léonce Adjévi