Les présumés cybercriminels sont de plus en plus nombreux à tomber dans les mailles de l’Office central de répression de la cybercriminalité (Ocrc). Déférés devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), la plupart sont placés sous mandat de dépôt. Mais rien de tout cela ne semble pas couper l’appétit des arnaqueurs.
Ces derniers jours, l’actualité à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) fait écho de nombreuses prises opérées dans le rang des cybercriminels par l’Office central de répression de la cybercriminalité de la Police républicaine. Au cours de ce seul mois d’août, les statistiques sont vertigineuses: début août, 23 présumés cybercriminels ont été présentés dont 17 écroués ; le 10 août, 06 ont été en prison ; trois jours plus tard, 12 individus sur 25 présentés à la Criet ont connu le même sort ; le 16 août, 06 personnes sur 09 arrêtées sont privées de leur liberté ; le 19 août, ils étaient 17 à se retrouver devant le Tribunal spécial dont 08 retenus dans les liens de la détention préventive. Cette vague d’arrestations et de mandats de dépôt est l’illustration parfaite de l’implacable lutte menée par l’Ocrc et la Criet pour débarrasser la société de cette pègre. S’il faut saluer cette détermination des instances qui traduit également la volonté du gouvernement à combattre le phénomène sous toutes ses formes, il faut également reconnaître que les cybercriminels dont l’activité a pris une ampleur inquiétante et contagieuse dans le pays, se montrent ingénieux en multipliant leurs modes opératoires.
Attention aux nouvelles techniques d’arnaque
Toutes les facettes de l’activité de la cybercriminalité sont scrutées par l’Ocrc qui amplifie ses investigations pour démanteler moult réseaux difficiles à traquer car ils opèrent avec ingéniosité et habileté, mais également avec de nouvelles techniques. Dans la foulée des dernières arrestations, l’Ocrc a alerté le public sur la technique de « Sexe-torsion » employée par les cybercriminels pour contraindre leurs victimes à satisfaire à leurs exigences en payant de fortes sommes d’argent. Le mode opératoire consiste à passer par les réseaux sociaux pour gagner la sympathie d’une personne de sexe opposé, ensuite à créer une relation amoureuse et dès que la confiance est établie, ils font des appels vidéos en se présentant nus, mais qui en réalité ne sont que de montages dans lesquels les intéressés eux-mêmes n’y apparaissent, car il s’agit des applications dédiées. Une fois que ces vidéos sont envoyées à leurs nouvelles conquêtes, ils leur demandent de faire pareil et dès que celles-ci envoient leurs propres vidéos se présentant nues, ils les utilisent pour faire chantage en vue d’une extorsion de fonds. L’autre technique utilisée appelée « Love » se rapproche de la précédente. Les arnaqueurs via les réseaux sociaux réussissent à embarquer leurs victimes dans une virtuelle aventure sexuelle et dès que le contrat est conclu, la victime est invitée à transférer le montant du plaisir et les frais accessoires. Mais l’instant d’après le transfert, les arnaqueurs sont injoignables. Ces techniques sont monnaie courante aujourd’hui sans les oublier les plus classiques dont la vente en ligne, l’envoi de colis, les transferts d’argent…
Une activité enracinée
En plus de la complexité de leur organisation, de leur créativité, les chefs réseaux de la cybercriminalité font recours aux pouvoirs surnaturels pour se protéger et se mettre à l’abri d’éventuelles recherches de la Police. Malgré la lutte implacable que mènent la justice et la Police l’activité semble très enracinée et les cybercriminels multiplient des stratégies pour ne pas se faire identifier. Les gros bonnets ne sont se retrouvent pas souvent dans les mailles de la police, car ils cherchent à enrôler de jeunes gens afin de les intégrer dans leur « empire ». Pour recruter, les chefs réseaux assujettissent les nouveaux membres à la dimension financière et une fois dans le clan, les recrues sont assujetties à la dimension mystique pour éviter aux barrons toute trahison et dénonciation. Il clair qu’avec de telles stratégies, la Police républicaine éprouvera d’énormes difficultés pour démanteler complètement ces réseaux cybercriminels. Seule la Police ne pourra y arriver encore qu’elle ne dispose pas encore de moyen modernes dans l’exécution de cette mission. Il est donc nécessaire de trouver le meilleur antidote contre ce phénomène dont les conséquences sont dévastatrices sur la société. Déjà, l’on doit penser à accentuer les actions préventives. L’autre antidote réside dans l’éducation.
Abdourhamane Touré