L’Hôtel du Lac à Cotonou a accueilli, le vendredi 17 octobre 2025, la cérémonie officielle de lancement du projet SecFin Africa, un ambitieux programme régional dédié à la lutte contre les flux financiers illicites (Ffi), le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (Lbc/Ft). Financé conjointement par l’Union européenne, l’Allemagne et la France, à hauteur de 46,5 millions d’euros, ce projet couvrira 49 pays d’Afrique subsaharienne dont le Bénin, sur une période de 48 mois (2024-2028). Sa mise en œuvre est assurée par Expertise France, Giz, Civipol et Fiiap, avec la contribution de l’Agence suédoise des impôts (Sta) et de l’Ong Cabri.
Présidant la cérémonie au nom du ministre de l’Économie et des Finances, la secrétaire générale adjointe, Awaou Baco, a rappelé les nombreuses réformes entreprises par le Bénin ces dernières années, notamment la loi n°2024-01 du 20 février 2024 relative à la Lbc/Ft, la création de l’Agence nationale de recouvrement des avoirs saisis et confisqués, et la restructuration du Comité national de coordination des actions de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (Cnca). Pour Awaou Baco, ces avancées témoignent de la volonté du pays « d’être non seulement conforme aux standards internationaux, mais aussi un acteur moteur du changement dans la sous-région ouest-africaine ». Le président de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), Abdou Rafiou Bello, a pour sa part mis en avant les progrès enregistrés depuis l’adoption de la première stratégie nationale Lbc/Ft (2018–2023). Selon lui, « au terme du quatrième rapport de suivi du Giaba, élaboré en mai 2025, le Bénin a été jugé conforme ou largement conforme à 30 des 40 recommandations du Gafi ». Il a annoncé la préparation d’une nouvelle stratégie nationale 2025–2029, soutenue par la Giz, qui visera à intégrer les nouveaux risques liés aux technologies financières, aux crypto-actifs et aux transferts numériques. La Centif mise également sur la transformation digitale pour renforcer ses capacités d’action et améliorer la qualité de ses rapports transmis à la justice.
Présentant les grandes lignes du projet SecFin, Stéphanie Bertolo, coordinatrice Afrique de l’Ouest de SecFin Africa, a précisé que le programme repose sur trois volets. Appui national (assistance technique et renforcement des capacités) ; appui régional (soutien aux organismes régionaux et aux enquêtes transfrontalières) et engagement de la société civile ( soutien aux Osc, au journalisme d’investigation et à la recherche ). Elle a souligné que SecFin Africa « s’inscrit dans la logique de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et des Objectifs de développement durable des Nations unies », notamment la cible 16.4 sur la réduction des Ffi. La directrice de l’Agence française de développement (Afd) au Bénin, Laure Weisgerber, a salué l’engagement du pays, rappelant que le Bénin est « l’un des pays prioritaires » du programme, compte tenu de sa forte implication dans la gouvernance économique et la transparence financière. Pour l’ambassadeur de l’Union européenne au Bénin, Stéphane Mund, la criminalité financière « sape les fondamentaux des économies et alimente le terrorisme ». Il a assuré que l’Union européenne « se tiendra résolument aux côtés du Bénin » à l’approche de sa troisième évaluation mutuelle prévue en 2027.
Léonce Adjévi




















