(2 109 plaintes reçues, 390 décisions de justice rendues en 2024)
À l’occasion de la Journée internationale de la femme 2025 au Bénin, Flore Djinou, secrétaire exécutive de l’Institut national de la femme (Inf), a présenté un bilan détaillé des actions menées par l’institution dans la lutte contre les Violences basées sur le genre (Vbg). C’était ce vendredi 7 mars 2025, lors d’une cérémonie tenue au Palais des congrès de Cotonou sur le thème : « Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation ».
L’Institut national de la femme (Inf), qui en est à sa quatrième année d’opérationnalisation, a pour mission de lutter contre toutes les formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes et des filles, tout en promouvant leur leadership dans les domaines politique, économique, culturel et social. Selon Flore Djinou, secrétaire exécutive de l’Institut national de la femme (Inf), les résultats obtenus au cours des dernières années témoignent des efforts continus et des progrès significatifs réalisés. En matière de traitement des plaintes liées aux violences basées sur le genre, l’Inf a enregistré des chiffres impressionnants.
De septembre 2021 à décembre 2022, 298 plaintes ont été reçues, avec 15 décisions de justice rendues. En 2023, ce nombre a bondi à 1 117 plaintes et 177 décisions de justice. Les statistiques pour 2024 montrent une nette accélération : 2 109 plaintes reçues et 390 décisions de justice. De janvier à février 2025, l’Inf a déjà enregistré 732 plaintes, confirmant ainsi une forte tendance à la hausse du nombre de victimes signalant des violences. Flore Djinou a souligné que cette augmentation des plaintes n’est pas seulement due à un accroissement des violences, mais aussi à une meilleure sensibilisation et à la confiance croissante des victimes envers les institutions chargées de leur protection.
Un cadre législatif renforcé
L’Inf bénéficie d’un cadre législatif solide qui soutient ses actions. Flore Djinou a évoqué les trois lois principales qui encadrent le travail de l’institution : la loi sur la répression des infractions commises en raison du sexe des personnes, le Code des personnes et de la famille qui a été révisé et actualisé, et la loi sur la santé sexuelle et reproductive. Ce dispositif juridique permet à l’Inf d’agir efficacement sur le terrain, notamment en se constituant partie civile et en accompagnant les victimes devant les juridictions compétentes. L’Inf met à la disposition des victimes une équipe pluridisciplinaire composée de psychologues cliniciens, d’assistantes sociales, d’avocates et de juristes. Cette équipe accompagne les femmes et les filles victimes de violences tout au long de leur parcours, de la prise en charge psychologique et juridique jusqu’à la représentation devant les juridictions. Flore Djinou a précisé que tous les services offerts par l’Inf sont totalement gratuits pour les victimes, y compris les consultations psychologiques, l’assistance juridique et judiciaire, ainsi que les soins médicaux. L’institution a également pris en charge des cas particulièrement complexes, comme celui d’une femme en pleine crise de divorce, ayant envisagé de se suicider ainsi que de tuer ses enfants. Grâce à une prise en charge psychologique et à un suivi psychiatrique, l’Inf a pu aider cette femme à retrouver un meilleur état mental.
Sensibilisation et formation des acteurs
L’un des axes majeurs de l’action de l’Inf est la sensibilisation et la formation des acteurs clés, notamment les officiers de Police judiciaire, pour garantir un accueil respectueux et adéquat des victimes. Flore Djinou a évoqué les nombreuses formations menées pour améliorer le langage et l’attitude des policiers, afin qu’ils ne culpabilisent pas les victimes, comme cela a parfois été le cas dans le passé. L’Inf a également intensifié ses efforts de sensibilisation auprès des différentes couches sociales, en particulier au sein des ministères, où elle a effectué des visites de sensibilisation lors des 16 jours d’activisme en 2024. Les victimes de harcèlement sexuel, par exemple, ont appris que la prescription pour porter plainte est de six ans, un fait qui a souvent surpris de nombreuses femmes. Aujourd’hui, Flore Djinou a constaté une véritable évolution dans le comportement des victimes, qui, de plus en plus, osent dénoncer les violences qu’elles subissent. « La parole se libère et la peur change de camp. Ce ne sont plus les victimes qui ont peur, mais les auteurs de violences », a-t-elle affirmé. L’Inf accompagne les victimes jusqu’au bout du processus judiciaire, même si elles se rétractent sous la pression sociale ou familiale. Dans de tels cas, l’Inf se substitue à la victime pour poursuivre la procédure.
Un soutien logistique et financier
L’Institut national de la femme ne se contente pas d’apporter une aide psychologique et juridique. Il offre également un soutien financier aux victimes pour couvrir leurs déplacements, leur hébergement et leur restauration lorsqu’elles doivent se rendre dans d’autres juridictions. Ce soutien logistique est essentiel pour éviter l’absentéisme des victimes lors des procédures judiciaires.
Une assistance accessible
L’Inf a mis en place des guichets uniques de protection sociale dans les départements, où les victimes peuvent recevoir une assistance directe. De plus, le numéro d’alerte 01 51 07 88 88 reste disponible, et un call center opérationnel à partir de la semaine prochaine, le 114, permettra aux victimes et dénonciateurs de signaler des cas de violences où qu’ils soient sur le territoire national. Pour finir, Flore Djinou a réaffirmé l’engagement de l’Institut à continuer à soutenir les victimes, à renforcer la prévention et à garantir une justice équitable pour toutes les femmes et filles du Bénin.
Léonce Adjévi