De son vrai nom Isbath Madou Jinabou, Madou la Daronne est une artiste chanteuse de nationalité béninoise vivant en Côte d’Ivoire depuis des années. Initialement danseuse, mannequin et actrice, elle a débuté sa carrière professionnelle dans les années 86. Son histoire artistique commence toute jeune à Guinkomey, un quartier de Cotonou. Après ses études primaires à l’école urbaine centre de Cotonou, Madou est orientée au Collège d’enseignement général de Gbégamey où elle fait ses débuts en tant que chanteuse et danseuse en herbe avec le groupe Sphinx sous la houlette de Antoine Détchénou et des mentors dont Blaise Quenum, Francis Akindès, Angélique Kidjo… Au fil des ans, sa passion pour la musique prend le dessus. Elle enchaîne les spectacles avec des orchestres béninois. Sa consécration vient en 1996 avec son premier titre « Dotou Nifa ». Cette hymne à la gloire de la paix et à la tolérance entre les peuples devenue un tube, lui fait obtenir en février 1996, le prix de la paix décerné par le Club jeunesse et progrès et la fédération des Ong du Bénin sous le haut parrainage du feu Monseigneur Isidore De Souza. Avec le soutien de l’Ortb, Madou sort en vidéo un titre extrait de son premier album « Founwadjê ». Lauréate du meilleur clip féminin aux Bénin golden awards, Madou est nominée aux Kora awards en 1999. Elle sort les albums « You » et « Ireti » qui lui ont permis de décrocher des concerts et de représenter le Bénin au festival Samp. En mai 1999, Madou est présentée à la presse à Abidjan. Dès lors, la Cute Mama multiplie les spectacles dont « La nuit des étoiles sous régionales », le festival d’Abidjan, Emancipation Days au Ghana et Boxing-Days au Nigéria. En 2004, Madou sort son 4ème album « Racines » contenant le titre « Prends ton pied », un duo avec Oren’tchy, qui sensibilise sur le Sida. Ce nouvel album lui permet d’être nominée pour la seconde fois aux Kora awards 2004 dans la catégorie « Meilleure artiste d’Afrique de l’ouest ». En 2006, elle revient sur la scène à Cotonou pour célébrer ses 10 ans de carrière. « Dari Djimi », le 5ème album sort en 2009 avec la participation d’Onel Mala. En avril 2013, elle célèbre sa 17ème année de scène musicale à Cotonou avec un Best of audio de 20 titres et un Best of vidéo de 14 clips dénommés « Délices », son 6ème album. En décembre 2015 au Sénégal, elle a été lauréate du Prix international de l’espoir africain décerné par l’Onu-femmes au Hokan Dakar. En février 2016, l’artiste commémore ses 20 ans de scène et dévoile son 7ème album nommé « D’un rêve à un autre». Madou réalise son rêve d’adolescente en publiant son premier roman autobiographique bilingue (anglais et français) intitulé « Mon parcours, un challenge perpétuel… /My life, a perpetual challenge… » paru au Benin en 2021. Cet ouvrage de plus de cent pages raconte le vécu de la diva béninoise. Son acharnement au travail et son talent lui ont fait gagner la confiance et la sympathie de plusieurs acteurs influents du showbiz en Côte d’Ivoire, au Bénin et dans d’autres pays africains qui la sollicitent pour des concerts et actions caritatives dont l’enregistrement du single « Un chœur pour Haïti » initié pour soutenir le peuple haïtien. Dotée d’une voix puissante, les prestations scéniques de Madou finissent par confirmer son talent. Pour couronner ses 26 ans de scène, elle initie à Cotonou en août 2022 un concert dénommé «D’une époque à une autre» qui a permis de rassembler sur scène l’ancienne et la nouvelle génération d’artistes. En 2023, elle reçoit la Médaille d’honneur S.a.s- Paris 2023. Le 8ème album composé de 14 titres, « Adé-Mi » qui signifie en yorouba «Ma couronne» intervient après 27 ans de carrière. À plus d’un demi-siècle de vie, Madou continue d’exister sur la scène musicale internationale tout en restant profondément enracinée dans ses valeurs familiales.
L’amazone de la musique béninoise…
Au même titre que Angélique Kidjo, Sophie Edia, Isbath Madou est une belle voix de la musique béninoise. C’est une amazone qui a marqué son temps et qui reste un modèle et une source d’inspiration pour la jeune génération. A travers des témoignages de ses proches, découvrons-la au-delà de la scène.
Laurence Gbadamassi, proche et amie : « Maman Madou est une femme, une maman engagée… »
« Maman Madou que j’appelle affectueusement Dada, je l’ai connue dans les années 90-91 sur la télévision nationale quand elle avait sorti la chanson Dotou. Au fil des années, j’ai suivi son parcours et aujourd’hui, on peut dire qu’elle est une artiste à part entière qui a fait connaître le Bénin sur le plan international. Maman Madou est une femme, une maman engagée dans plusieurs causes sociales. Elle est dotée d’une générosité et d’une humilité qui font d’elle, une personne exceptionnelle. Il faut s’approcher d’elle pour comprendre l’étendue de son amour pour les autres. Elle défend haut et fort les intérêts de son pays le Bénin sans oublier son pays d’adoption qui est la Côte d’Ivoire. Une anecdote, je séjournais en Côte d’Ivoire et je publie ma position sur Facebook. Aussitôt, elle commente mon post en me disant « j’espère que tu comptes me rendre visite avant ton retour ? J’ai dit oui dada, je passerai et j’ai tenu parole ». Elle m’a reçue comme une autorité chez elle. Cela pour montrer encore sa spontanéité, sa gentillesse et sa générosité. Je lui souhaite plein succès dans la suite de sa carrière et surtout qu’Allah l’accorde la grâce de la santé pour nous faire vibrer encore et encore. »
Jamila Diarra, fille de Madou : « Maman est une véritable source d’inspiration »
« Madou est ma mère. J’ai donc passé pratiquement toute ma vie avec elle. « Je dirai qu’elle est une personne très réaliste, une personne qui aime son prochain. Ce que j’aime particulièrement chez elle, c’est l’amour qu’elle a pour son prochain. Quand elle accepte une quelconque personne dans son cœur, elle inonde cette personne d’amour, de considération, de bienveillance et de respect. Elle ne se laisse également pas marcher dessus, sait ce qu’elle veut et où elle va. Quand elle a quelque chose en tête, elle doit la réaliser. Maman est une véritable source d’inspiration. « Pour l’anecdote, je vais raconter une histoire de mère et fille. Je me rappelle il n’y a pas si longtemps quand je devais soutenir ma licence, mais les circonstances faisaient que je devais soutenir en ligne pendant que mon binôme était sur place, car je n’étais pas en Côte d’Ivoire en ce moment. Naturellement, maman était à mon école pour me soutenir, mais franchement elle a mis la joie dans l’établissement. Lorsque le jury a annoncé les résultats, elle a couru et sauté partout dans la salle. Mes amis n’avaient jamais vu un parent exprimer ainsi sa joie. Elle les a même gratifiés de sa belle voix en interprétant une de ses chansons. Tous mes amis m’ont après écrit pour me dire : « Ah ! Ta maman nous a «ambiancé» ici», comme on le dit dans le jargon ivoirien. C’est vraiment une femme qui ne fait pas les choses à moitié.»
Yolanda Gbletch, entrepreneur de mode et créatrice de la marque Woomaan : « Madou est une femme de principe avec les valeurs humaines »
« J’ai connu maman Madou comme une artiste béninoise en général et on a été présentée l’or d’un séjour à Abidjan où elle m’a accueillie et tout de suite adoptée comme sa filleule après que je me sois installée à Abidjan. Maman Madou est une femme de principe avec les valeurs humaines, elle est dynamique, pragmatique, réaliste en même temps rêveuse, mais surtout battante, car elle ne lâche rien. C’est d’ailleurs ça que j’aime en elle. Je pense qu’elle n’a pas vraiment été reconnue à sa juste valeur parlant de sa carrière surtout dans son pays natal. Pour la petite histoire, la première fois j’ai vu maman Madou sur scène sur Sika au Hall des arts à Cotonou, j’étais hôtesse d’accueil pour l’événement. J’ai vu une Madou douce pour un certain titre de morceau et féroce pour d’autres avec son jeu de rein indescriptible comme à la télé Ortb, Lc2 en son temps en live j’étais vraiment admirative de ce talent décomplexé. Après toutes ces années, je retrouve toujours cette fourgue en cette femme lors d’un événement ici à l’ambassade. Tout ceci me donne la force et le courage de continuer dans ma vie professionnelle et personnelle en la prenant pour exemple. »
Wassi Sissy Ali, acteur culturel et promoteur du festival Sica : « Madou est une brave femme, une amazone des temps modernes »
« J’ai connu Madou en 1986. En cette période, j’avais une boîte de nuit appelée « Number one & two » à Guinkomey dans laquelle Madou venait danser. Elle interprétait les morceaux de la feue artiste Chala Mwana. Au fil du temps, elle a donc pris l’option de prendre le micro. Madou est une femme qui aime le travail bien fait. C’est une personne qui va jusqu’au bout quand elle a une idée derrière la tête. Je me rappelle de toutes ces difficultés qu’elle a rencontrées quand elle voulait sortir son album « Founwadjè », mais elle a tenu le coup et s’est véritablement battue pour que cet album soit rendu public. En somme, Madou est une brave femme, une amazone des temps modernes. Au moment du lancement de l’album, elle avait assez de problèmes. Le jour du lancement a été déjà communiqué et tous les préparatifs sont en cours, mais la livraison de l’album a eu de retard. Madou a failli faire une crise. C’est quand elle a aperçu l’album qu’elle a retrouvé ses esprits. »
Rabiatou Badirou Alli, promotrice de la marque Perle noire : « J’apprécie ce courage de Madou d’avoir embrassé la musique »
« Madou est une connaissance depuis le bas-âge, car ma mère vendait des tissus dans la rue de leur maison. C’est dans cette circonstance que nous avons fait connaissance. Je maîtrisais aussi les membres de sa famille dont son père, sa mère et ses sœurs. Nous avons fréquenté l’école urbaine centre de Cotonou, mais l’une de ses sœurs était de la même promotion que moi. J’apprécie ce courage de Madou d’avoir embrassé la musique qui n’est pas bien perçue par notre ethnie (yoruba) et la religion (islam). Néanmoins, elle a travaillé et s’est imposée dans le domaine de la musique. Elle fait partie des vedettes nationales les plus préférées au Bénin et en Afrique. Elle réside en Côte-d’Ivoire, mais rentre de temps en temps au Bénin pour ses projets et initiatives. Je salue sa persévérance, car être artiste chanteur n’est pas aisé. Il faut avoir un mental d’acier pour percer dans ce secteur avec toutes les difficultés d’ordre familial et professionnel. Pour une anecdote, Madou était l’artiste que j’ai invitée lors du mariage de mon neveu en Côte d’Ivoire en avril 2017. Elle a livré une très belles prestations. Je l’admire beaucoup. Je prie Dieu de l’accompagner et de la protéger tout au long de sa carrière. »
Réalisation : Mohamed Amoussa (Coll)