(Les consommateurs souffrent le martyre à Sèmè-Podji)
Depuis quelques jours, le prix du ciment a connu une nette augmentation dans certaines villes du Bénin. C’est le cas dans la Commune de Sèmè-Podji où les spéculations ont pris une nouvelle tournure avec la tonne du ciment qui est vendue à près d’une centaine de mille de francs Cfa malgré le communiqué du ministère en charge du commerce. Visiblement, les revendeurs défient l’autorité de l’État.
« La tonne du ciment est actuellement à 98.000 Fcfa chez moi. Ne soyez pas surpris de l’acheter dans quelques heures à 100.000 francs Cfa si vous ne profitez pas de l’occasion ». C’est la réponse sèche sur un ton à la fois ironique et moqueur jetée à la figure d’un consommateur par une gérante d’un dépôt de ciment dans la Commune de Sèmè-Podji. Dans le village de Djeffa, le tour de quelques dépôts de vente de ciment a permis de comprendre que la pratique reste la même avec un seul motif selon les revendeurs. La décision vient du haut. Une situation qui inquiète les consommateurs qui subissent de plein fouet, les effets de cette augmentation dont ils ignorent les tenants et les aboutissants. Pour certains qui ont des projets de construction pas très urgents, ils prennent la résolution de patienter en attendant que tout revienne à la normale. Pour d’autres qui par crainte d’utiliser à d’autres fins les fonds alloués à l’achat du ciment, ils sont obligés de s’en acquérir. Le bât blesse davantage quand les quincailleries refusent de délivrer les factures normalisées ou conformes aux prix de cession. Il faut souligner qu’il y a quelques semaines passées, la tonne du ciment était généralement cédée aux consommateurs entre 80 et 82.000 francs Cfa.
Le silence des usines de production
A ce jour, aucune explication n’a été donnée sur les causes de l’augmentation du prix du ciment. Les usines de production n’ont fait aucune sortie officielle pour informer l’opinion publique sur cette situation périodique d’après nos investigations. Selon certaines sources, ce phénomène est dû à une pénurie de courte durée du ciment. Cela s’explique par le fait que les sociétés de production procèdent à la maintenance de leurs équipements tout en assurant la fabrication. A titre illustratif, au lieu de quatre machines qui travaillent de façon simultanée, une seule est fonctionnelle. Les trois autres sont en maintenance. Conséquence, la quantité produite diminue en raison du nombre de machines qui travaillent. Toutefois, cela ne saurait expliquer cette augmentation du prix du ciment.
Urgence pour les autorités d’agir
Face aux fortes spéculations sur le prix organisées par les revendeurs de ciment, le ministère de l’Industrie et du commerce, dans un communiqué publié le 25 février 2025, informe la population que le prix du ciment n’a connu aucun changement au niveau des usines de production. Ainsi une hausse du prix du ciment ne saurait être justifiée. Par le même canal, il invite les distributeurs de ciment au respect des dispositions de la loi n° 90-005 du 15 mai 1990 fixant les conditions d’exercice des activités de commerce en République du Bénin en son article 17 relatif aux marges bénéficiaires. Tout en mettant en garde les revendeurs, le communiqué informe que des contrôles seront faits par les services compétents sur toute l’étendue du territoire national, mais depuis lors rien au niveau de certaines régions du pays. Dans la commune de Sèmè-Podji, les distributeurs n’ont aucune crainte. Il est plus qu’urgent pour les autorités de sévir dans le rang des revendeurs indélicats. Rappelons qu’un décret fixant le prix du ciment dans chaque département a été pris par les autorités afin de limiter les casses, mais il n’a jamais été respecté par la majorité des revendeurs. Force doit à présent rester à la loi.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)