Le Bénin, à l’instar d’autres pays de la sous-région, a accordé une place primordiale à la résolution de la problématique de l’emploi des jeunes en souscrivant à des engagements internationaux et en mettant en place une série de mesures, de politiques, de stratégies et d’actions dont l’objectif est de favoriser l’insertion socioprofessionnelle des couches défavorisées que sont les jeunes et les femmes. Sans compétences professionnelles, difficile de trouver un emploi. Pour aider les jeunes non qualifiés, l’État béninois a mis en place le programme Azôli. Un dispositif de formation en entreprise destiné aux Béninois de 18 à 30 ans.
« Azôli », est un programme conçu par le gouvernement du président Patrice Talon pour redonner un nouveau souffle aux jeunes béninois sans emplois, laissés en rade par le système scolaire. Le dispositif « Azoli », « Le chemin de l’emploi » traduction littérale du Fon, une langue véhiculaire parlée dans presque toute la partie méridionale du pays, est le fer de lance du projet d’inclusion des Jeunes (Prodij) du gouvernement béninois et mis en œuvre par l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe) avec l’appui de la Banque Mondiale.
Démarré en 2021, « Azôli » est destiné aux jeunes peu ou pas instruits (Ppi) de 18 à 30 ans (filles et garçons). L’objectif du gouvernement béninois en mettant en place ce dispositif est d’accroître l’inclusion économique des jeunes ciblés en situation de sous-emploi ou en inactivité, ayant un faible niveau de scolarisation (maximum Bepc). Il s’agit aussi de renforcer les services de l’emploi et le système de formation technique et professionnelle au Bénin. « Azôli », c’est une formation technique, à travers un stage/apprentissage de trois (03) ou six (06) mois selon les cas et les formations, qui peut déboucher sur un emploi salarié ou permet aux stagiaires de s’auto employer. Ce programme innovant qui vise à accroître l’employabilité des jeunes est un dispositif qui offre de nouvelles opportunités à tous les jeunes dans les 77 communes du Bénin. Dans sa première phase, il est prévu toucher 25.000 bénéficiaires pour l’emploi salarié décent et bien rémunéré ainsi que 11.000 jeunes en emplois indépendants.
Dispositif d’appui à la promotion de l’emploi
Des avancées notables ont été enregistrées, notamment en termes d’adoption de documents de politique nationale pour l’emploi, d’organisation d’un forum sur l’emploi des jeunes, de la mise en œuvre de nombreux programmes et projets de promotion de l’emploi et de la mise en place d’un dispositif d’appui à la promotion de l’emploi. Pour limiter la dispersion des interventions et rationnaliser les ressources injectées dans le secteur de l’emploi, il urge de veiller à la synergie des actions en vue d’impacter beaucoup plus de bénéficiaires. Ceci passe, entre autres, par l’amélioration de l’information sur le marché du travail, notamment sur les structures du dispositif de promotion de l’emploi au profit des demandeurs d’emplois. C’est ce qui justifie l’élaboration par l’Agence nationale Pour l’emploi (Anpe) en 2014 du « Répertoire des dispositifs d’appui à la promotion de l’emploi au Bénin ». Ce document, bien qu’il soit nécessaire de l’actualiser à l’aune des réformes structurelles et des mutations institutionnelles que connait le Bénin à cette date, il révèle une trentaine de structures dispersées dans neuf (09) départements ministériels différents qui interviennent dans la promotion de l’emploi, la création d’entreprise et l’entrepreneuriat des jeunes. Certaines interviennent dans l’élaboration des politiques et stratégies de promotion de l’emploi tandis que d’autres sont investies de missions opérationnelles. On dénombre douze (12) qui interviennent au niveau de l’élaboration des politiques et stratégies et vingt-deux (22) opèrent au niveau opérationnel. La Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (Ccib) est à la fois aux niveaux stratégique et opérationnel. La multiplicité de ces structures n’est guère un atout, car elle présente beaucoup de problèmes en termes de dispersion des interventions et de cohérence dans les actions. Pour la plupart de ces structures, l’efficacité reste mitigée. C’est pourquoi le gouvernement a pensé au programme « Azôli » dont l’ambition est de transformer la jeunesse béninoise en un moteur de développement économique et social.
Des filles et des entreprises bien loties…
« Azôli » entend renforcer les capacités des jeunes filles. Sur les 25.000 bénéficiaires prévus à l’horizon 2025, le dispositif compte former 50% de femmes. Avec « Azôli », avoir un bébé n’est plus un handicap pour l’apprentissage des femmes. La fille-mère peut être admise en stage/apprentissage avec la possibilité de se faire garder gratuitement son bébé pendant sa formation. Dans les entreprises concernées, un Espace communautaire d’accueil des enfants (Ecae) est installé. Ce sont des nourrices professionnelles, recrutées par l’Agence Nationale pour l’Emploi, qui y prennent soin des bébés des stagiaires. Le dispositif « Azôli » offre des opportunités de stage/apprentissage aux jeunes. Des stages in situ au sein des entreprises. Pour ce faire, sa mise en œuvre implique les structures. Des partenariats sont noués avec ces dernières. Ainsi, les promoteurs de celles qui, dans le besoin, sont intéressées par le modèle, font des demandes pour former les jeunes mis à leurs dispositions par l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe). Il suffit juste que l’entreprise manifeste le désir et dispose des capacités d’accueillir des stagiaires et soit prête à former les stagiaires. Pour faciliter la formation, l’Anpe met à leur disposition, les kits de formation et de protection. Il s’agit, entre autres, des Équipements de protection individuelle (Épi) pour ceux qui sont dans le secteur industriel. Chacun des stagiaires/apprentis ont du matériel de travail. L’ANPE, à travers le dispositif « Azôli », a pensé à tout, même à la subsistance des jeunes envoyés en formation. Elle octroie des subventions aux stagiaires. Elle paie même les frais de déplacement à ceux qui quittent les lieux éloignés de leurs sites de formation. Certains perçoivent jusqu’à 38.000 FCfa, d’autres 40.000 Fcfa durant tout le temps de la formation qui dure entre trois (03) et six (06). Selon le projet, les stagiaires en fin de formation, sont recrutés par les structures qui les ont formés. Devenus employés, les stagiaires/apprentis jouissent de conditions décentes de travail avec des contrats en bonne et due forme. Au cas où les stagiaires ne sont pas tous recrutés, le Dispositif « Azôli » prévoit de les caser. L’autre volet du dispositif est l’accompagnement à l’emploi indépendant. Ici, 11.000 jeunes sont appelés à être accompagnés. Un montant de 200.000 Fcfa est prévu pour les soutenir à initier ou porter leur projet. Ceci après une formation en gestion de tous genres. Leadership, conception et gestion des ressources humaines et financières et surtout accroissement de potentiel.
Avec « Azôli » de l’Agence Nationale pour l’Emploi, plus de 6.000 jeunes filles et hommes sont déjà formés. Plusieurs d’entre eux sont embauchés et travaillent déjà avec des revenus très décents. Une multitude d’autres bénéficiaires sont attendus pour jouir de cette opportunité qui leur est offerte. Il suffit qu’ils s’inscrivent sur le site de l’Anpe ou se rendent dans des agences ANPE de leurs localités. Aussi, les Unités locales de promotion de l’Emploi (Ulpe) sont-elles installées dans les mairies des 77 communes du Bénin pour les renseigner et recenser. Il suffit d’avoir entre 18 et 30 ans avec un diplôme ne dépassant pas le Bepc. Même ceux qui n’ont jamais mis pied à l’école peuvent aussi s’inscrire pour bénéficier du stage/apprentissage ou de la formation à l’auto emploi.
Occuper la jeunesse avec un emploi décent
Autrefois hantés par le problème de chômage et de sous-emploi, les jeunes béninois diplômés des universités et centres de formations techniques ou non sont de plus en plus rassurés par leurs insertions professionnelles, grâce aux nombreuses opportunités offertes par le gouvernement à travers son programme d’action. « Après ma licence en gestion des entreprises, j’ai été recruté par le programme spécial d’insertion dans l’emploi qui m’a confié à une entreprise (…) pour une expérience professionnelle de deux ans », a confié à votre journal, Patrice Godonou, estimant que la question de l’emploi des jeunes n’est plus tellement épineuse que dans un passé récent où les jeunes diplômés étaient voués au chômage et au sous-emploi. « Ainsi, institué en 2020 par le gouvernement, le programme spécial d’insertion dans l’emploi consiste à recruter chaque année à la charge de l’Etat, 2.000 jeunes diplômés à placer dans des entreprises privées ou publiques sur une période de deux ans. Il vise à permettre à ces derniers de faire leurs armes sur le marché de l’emploi et de résoudre, du coup, le problème d’expérience professionnelle dont ils sont la plupart du temps confrontés dans leur recherche d’emploi », souligne une note gouvernementale.
En effet, selon une récente étude réalisée par l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad), en l’espace de quatre ans, des centaines de milliers de jeunes ont pu profiter des réformes et actions gouvernementales. « Entre avril 2016 et juin 2020, 807.427 emplois ont trouvé preneurs. Dans ce lot, l’informel se taille la part du lion avec 596.844 emplois, dont 38,9% dans l’agriculture et 19,3% dans le commerce », révèle l’étude, qui précise que l’enseignement, avec le recrutement massif des aspirants, occupe une bonne place dans ces chiffres.
Dans l’un de ses récents message à la Nation devant les députés à Porto-Novo, le président Patrice Talon a estimé que les réformes dans l’enseignement supérieur ne manqueront pas de produire leurs effets sur la gouvernance des universités, comme sur la qualité des enseignements, en améliorant la formation des apprenants et à les rendre plus compétitifs sur le marché de l’emploi. « Un marché de l’emploi où, en dehors des recrutements au profit des forces de défense et de sécurité, l’Etat a déjà procédé au recrutement direct de près de 3.000 agents dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la justice entre 2021 et 2022. Sans oublier plus de 3.000 bénéficiaires en 2022 du projet d’insertion des jeunes et du Programme spécial d’insertion dans l’emploi », a-t-il indiqué. A Glo-Djigbé, a-t-il poursuivi, dans la zone industrielle, c’est plus de 6.000 jeunes béninois qui sont déjà employés à un titre ou à un autre. « Avant fin 2023, nous serons peut-être à 30.000 emplois. Ceci n’est qu’un début qui s’ajoute aux milliers d’emplois générés par les nombreux chantiers publics en cours de réalisation partout dans le pays », avait indiqué le président Talon. Le programme Azoli doit contribuer à la réduction du taux de chômage et du sous-emploi des jeunes au Bénin par l’insertion professionnelle dans l’emploi salarié ou dans l’emploi indépendant des peu ou pas instruits. Les perspectives sont de poursuivre ce volet emploi indépendant du dispositif « Azoli » jusqu’à atteindre l’objectif de 25000 sur une moyenne de 325 bénéficiaires par commune.
Sergino Lokossou
