Le gouvernement du président Patrice Talon travaille avec constance dans un social orienté vers la capitalisation humaine. Et dans la logique de ne pas perdre la jeune génération qui se retrouve en face des réalités ruineuses de la sexualité, un projet innovant est conçu pour les accompagner : c’est le projet «Agbazatché. Du bilan fait en 2020 à ce qui est fait en 2022, des avancées notables ont été constatées. La ministre Véronique Tognifodé, au détour de l’émission « Le Gouvernement en action », les a exposées aux journalistes.
Madame la ministre, on ne vous voit pas vous entretenir aussi avec les parents.
Véronique Tognifodé : Si ! Nous nous entretenons avec les parents. Nous avons même un guide qui a été élaboré, avec le concours de certaines Ong sur le dialogue entre parents et enfants et qui permet d’outiller les parents à mener ce dialogue qui est très important pour établir la complicité qu’il faut avec leurs enfants. Et au-delà du dialogue, nous parlons de la surveillance, de la vigilance des parents. Ils ont aussi un rôle à jouer en plus du rôle des encadreurs et des gouvernants.
Le projet « Agbazatché » au second quinquennat débuté par Patrice Talon a un autre pan. Il s’agit notamment de la scolarisation et de la protection des enfants. Je vous propose déjà de commencer par la campagne « Agbazatché ». Rappelez-nous déjà le concept.
« Agbazatché » : c’est mon corps ! « Agbazatché Sikanouwè ». C’est en fon. Mais, nous le traduisons dans les langues des localités que nous parcourons. Et c’est pour dire que mon corps vaut de l’or et je dois en prendre soin. C’est une campagne qui est très vaste et qui permet de dialoguer avec les élèves , les lycéens aussi bien les filles que les garçons afin de déconstruire les stéréotypes qui existaient ; de favoriser l’estime de soi chez chacun d’eux, surtout les filles qui sont souvent en manque de cet estime ; de cette confiance en elles ; de pouvoir leur faire comprendre qu’elles ont en elles, le potentiel de réussir autant que les garçons et donc d’avoir accès à toutes les opportunités dans les mêmes chances que les garçons. Et pour cela, il y a des comportements à éviter et ceux qu’il faut développer. Pendant les campagnes « Agbazatché », nous recevons des questions anonymes pour leur permet de s’exprimer librement et c’est là où on se rend compte également de toutes les préoccupations qui sont dans leurs cœurs et qui n’ont pas forcément de réponse. Parallèlement à « Agbazatché », le Ministère a élaboré le Guide du dialogue parent-enfant adapté aux différentes tranches d’âge ; qui permet également aux parents d’avoir les éléments de langage pour pouvoir s’adresser à leurs enfants et de pouvoir les écouter parce qu’ils ont vraiment beaucoup de questions. Et s’il n’y a pas de réponse cela peut effectivement entrainer des dérives. Mieux, on parle également des différentes lois en faveur de la femme, qui existent. Nous le faisons pour qu’elles connaissent leurs droits et ce qu’elles doivent dénoncer. Au cours de ces campagnes, on découvre beaucoup de mauvaises surprises.
Justement, j’allais vous demander, puisqu’on vous a vu depuis 2019. Vous avez parcouru presque tout le Bénin à la rencontre de ces élèves. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué sur le terrain ?
Ce qui m’a le plus marquée, c’est la profondeur de leurs questions. Les questions qui sont écrites de façon anonyme m’ont parfois éprouvée et je pense que quand on me parle de harcèlement, quand on me parle parfois même de presque viol, ça dérange. Et quand, au cours d’une même journée, je fais deux grands lycées et que j’ai, presque, les mêmes questions, je change de localité et j’ai encore les mêmes questions. C’est très éprouvant.
Donc le harcèlement sexuel en milieu scolaire est revenu assez souvent ?
C’est devenu récurrent. Oui ! Et ça continue. C’est vrai que nous avons eu à voter des lois ; certainement que nous en parlerons tout à l’heure. Il faut vraiment un changement de mentalité ; un changement de paradigme. Il faut que les adultes aussi comprennent et puis même les jeunes aussi comprennent que quand il y a certaines dérives qu’il faut dénoncer. C’est la peur de la dénonciation. On doit finir avec ça.
Voilà, justement vous avez dû passer des nuits blanches, j’imagine, lors du vote de ces lois sur le harcèlement sexuel à l’école, mais les sanctions prévues par ces lois ne sont-elles pas trop sévères pour les enseignants ?
Les sanctions ne sont pas dirigées spécifiquement contre les enseignements. Les sanctions sont dirigées contre toute personne qui se rendrait coupable d’infractions liées au sexe. Et dedans, il y a le harcèlement ; mais aussi d’autres à savoir : le mariage précoce ; le mariage forcé ; etc.. Il faut savoir qu’il y a toujours dans nos localités, des endroits où on enlève les jeunes filles, les adolescentes, de force pour les donner en mariage. Toutes ces infractions-là sont criminalisées, aujourd’hui et pour le bien-être de la société.
Visiblement, c’est beaucoup de lois qui ont été votées pour renforcer la protection des filles et des femmes. Qu’est-ce que vous pensez de tout ça ? Pensez-vous que tout ceci suffit à protéger la gente féminine au Bénin ?
Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, c’est une bataille de longue haleine ; parce qu’au-delà de l’arsenal juridique, il y a toute une mentalité à reformater. Une manière de faire les choses. Et ce n’est pas que l’arsenal juridique qui a été revisité et renforcé. Il y a eu la réforme de l’Institut National de la Femme. Et cette vision du chef de l’Etat est très pointue. C’est tout le bras opérationnel du Gouvernement dans ce sens. C’est ce qui manquait. C’était justement cet appui judiciaire qu’il fallait. Il y avait quelques dénonciations, par moment, mais finalement, des familles se rétractaient pour diverses raisons. Des gens se disent : mais comment on va me regarder dans la famille, dans le quartier ou dans l’école si à cause de moi, quelqu’un va en prison ? Quel regard sur moi, en tant que victime, si cette information sortait ? Donc, on ne veut pas aller au bout des actions. C’est ce volet que l’Inf va davantage développer pour que progressivement nous changions de paradigme ; nous changions de manière de fonctionner par rapport aux droits des filles et des femmes.
Il est vrai que changer de mentalité, met du temps. Et vous en êtes bien consciente, visiblement. Ça prendra le temps que ça prendra, mais on y arrivera, à vous entendre c’est ce qu’on peut dire, madame la ministre ?
Peut-être qu’on y arrivera plus vite qu’on ne le pense ; parce que tous les mécanismes sont prêts pour être mis en œuvre dans ce sens.
Donc, il faut éduquer les uns et les autres à la dénonciation, dans la démarche qui est désormais la vôtre. Mais en dehors de la campagne, « Agbazatché», quelles autres actions de sensibilisation doit-on noter aujourd’hui ?
« Agbazatché », s’est tourné principalement vers la jeunesse dans les lycées. Mais nous organisons des séances de sensibilisations dans les localités ; dans les communautés, elles-mêmes contre le phénomène des mariages forcés, les mariages précoces, les mutilations génitales féminines ; contre toutes ces formes de violences. Donc, ce n’est pas que « Agbazatché ». Maintenant, si vous voulez parler du maintien des filles à l’école, là par contre, nous avons d’autres projets et programmes qui s’en occupent aussi.
Source: Gouv.bj
(Suite dans la prochaine parution)