Les récents communiqués des ministres en charge des Enseignements maternel et primaire (Memp) et des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle (Mestfp) enjoignant aux promoteurs d’établissements privés de respecter le calendrier scolaire, ne sont pas du goût des syndicalistes qui estiment que ces notes de service, ne tienent pas compte des réalités de l’école.
Par communiqués en date du 9 mai 2023 et du 31 mai 2023, le ministre des Enseignements maternel et primaire (Memp), Salimane Karimou et son homologue des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle (Mestfp) Yves Kouaro Chabi ont mis en garde certains promoteurs d’établissements qui d’après leurs investigations, s’apprêteraient à donner des vacances précoces aux apprenants. Pour les deux ministres précités, il n’est pas question que les apprenants soient envoyés en vacances ni pour les privés ni pour les publics avant le 30 juin. « Par la présente, je vous rappelle que les activités de l’année 2022-2023 prendront rigoureusement fin le vendredi 30 juin après les cours de l’après-midi conformément aux dispositions de l’article 2 de l’arrêté. Les chefs des établissements publics qui outrepasseront ces dispositions réglementaires seront les seuls responsables des déconvenues qui en découleraient », pouvait-on lire dans la note ministérielle. Ces communiqués continuent d’alimenter la polémique au sein de certains acteurs de l’école notamment les syndicalistes. C’est le cas de Alexandre Adjinan secrétaire général du Syndicat national des enseignants du secondaire, technique et de la formation professionnelle du Bénin, qui estime que ces différentes notes de service n’ont fait que de la théorie en rappelant juste le calendrier scolaire. Selon ses explications, la durée du calendrier scolaire est précisée dans la loi portant orientation de l’éducation nationale en République du Bénin. Il s’agit de la loi n°2003-17 du 11 novembre 2003 portant orientation de l’éducation nationale. Aux termes des dispositions de l’article 54 de cette loi, « l’année scolaire compte 36 semaines réparties en trois trimestres de travail de durées comparables, séparées par quatre périodes de vacances des classe », a laissé entendre le syndicaliste qui précise qu’il s’agit là d’un délai maximum, le minimum étant de 23 semaines. Par ailleurs, Alexandre Adjinan soutient que selon le planning des activités pédagogiques élaboré par la Direction de l’inspection pédagogique, de l’innovation et de la qualité (Dipiq) pour le compte de l’année scolaire 2022-2023, les activités pédagogiques sont censées prendre fin le 28 avril 2023. Le syndicaliste estime que la note de service prise par les deux ministres n’était pas utile vu que le calendrier scolaire est connu. Mieux, le planning de la Dipiq prévoit que la dernière évaluation sommative se fasse dans les établissements scolaires dans la première quinzaine du mois de mai, le reste du mois étant consacré aux révisions des cours pour préparer les examens de fin d’année qui démarrent en juin. Du coup, la note de service n’a pas de sens selon le syndicaliste qui estime que beaucoup d’établissements scolaires et lycées sont réquisitionnés durant les examens, ce qui rend matériellement impossible, la poursuite d’autres activités pédagogiques.
Les ministres appelés à revoir leurs copies
De l’exposé du syndicaliste Alexandre Adjinan, il ressort que les notes prises par les deux ministres des enseignements sont en déphasage avec le planning de la Direction de l’inspection pédagogique, de l’innovation et de la qualité (Dipiq) qui semble plus réaliste en aménageant un chronogramme des activités éducatives qui tienne véritablement compte des réalités de terrain. Mieux, conformément aux prévisions de la Dipiq, les établissements scolaires, ont pour la plupart, fini les dernières évaluations sommatives dans le courant de la première quinzaine du mois de mai pour le compte des classes intermédiaires. Dans ce cas, l’on se demande s’il est vraiment pertinent d’enjoindre à ces établissements de poursuivre les cours jusqu’à la date officielle des vacances ? Que feront pendant ces moments d’oisiveté, les écoliers et élèves, vu qu’ils ont fini le programme scolaire et connaissent à priori, leur sort pour l’année scolaire à venir ? A y voir de près, l’on a l’impression que ces notes veulent contraindre les établissements privés à un énième engagement financier au profit du personnel enseignant qui n’a pourtant plus objectivement de la matière, après les dernières évaluations au niveau des classes intermédiaires. Toutes ces analyses révèlent l’impertinence des deux communiqués ministériels qui s’apparentent juste à des notes administratives émises pour distraire l’opinion.
Abdourhamane Touré