Le Bénin s’illustre en matière de chirurgie cardiaque. Plusieurs patients portant des affections cardiaques nécessitant des interventions sont définitivement délivrés. Sur le plateau de la télévision nationale, le mardi 27 septembre 2022, le Chef du service cardiologie au Cnhu-Hkm, Pr Léopold Codjo, a fait le point des 7 missions qui ont duré du 16 au 23 septembre 2022. Il n’a pas manqué d’insister sur le transfert de compétence en cours ainsi que les perspectives au terme de la mission. Lire l’entretien.
Journaliste: Les opérations du cœur sont délicates et coûteuses. C’est dire que c’est désormais possible de réaliser des prouesses au Bénin sur le cœur.
Pr Léopold Codjo : Merci beaucoup. C’est du concret. C’est une grosse opportunité déjà pour les patients. La population qui voyait de très loin la prise en charge des problèmes cardiovasculaires peut déjà aujourd’hui savoir que c’est disponible au Bénin et dans le cadre de ce projet, c’est quasiment gratuit.
Alors qu’on sait que c’est très coûteux les opérations sur le cœur et ce n’était possible que par évacuation sanitaire et à des coûts très prohibitifs pour des démunis.
Voilà, les indigents, les personnes qui ne sont pas des agents de l’Etat ne pouvaient pas accéder à cette prise en charge là. C’est beaucoup de millions. Le minimum c’est 10 millions de FCfa pour la prise en charge. Mais avec le projet, déjà ces évacuations sanitaires sont vraiment limitées mais également les économies faites dans le cadre de ce projet permettent d’équiper davantage les services. Plusieurs équipements ont été mis en place au Cnhu. L’idée c’est d’avoir à terme une équipe locale autonome qui peut prendre en charge les malades, sans des appuis extérieurs. C’est pour cela qu’il y a le volet transfert de compétence où nous avons sélectionné une équipe complète qui peut gérer la chirurgie cardiaque qui est appariée et accompagnée par les experts français. Donc à chaque mission, une progression est faite dans le cadre de la formation. Là, nous avons fait la 7ème mission et un point a été fait sur le point des transferts de compétence. Globalement, nous sommes satisfaits puisque selon nos projections, les gens évoluent et nous sommes sûrs qu’au terme des 12 missions, nous allons faire un bon pourcentage d’acquisition. Cela ne sera pas suffisant pour rendre les gens totalement autonomes mais ce serait déjà un grand pas.
Déjà après 7 missions mixtes d’intervention chirurgicale de ce type, vous êtes satisfait surtout par rapport au transfert de compétence, mais relativement à la réussite des opérations elles-mêmes, qu’est-ce qu’on peut en dire ?
C’est une parfaite réussite. En fait à chaque mission, nous sélectionnons 10 malades que nous opérons. Nous venons de faire 7 missions et nous avons opéré au total 68 malades. Les 68 malades ont été opérés avec succès. Les anomalies pour lesquelles nous les avions sélectionnés pour la chirurgie ont été corrigées. Ces patients vont bien aujourd’hui. Comme vous avez vu, Emad est un patient de la sixième mission. C’est un patient qui a été opéré dans le mois de juillet alors que depuis mars 2021 nous opérons des patients. Donc, vous pouvez voir à travers Emad, le cas de tous les autres qui ont été opérés et qui vont bien. Il y en a certains qui n’ont plus besoin de traitement, ce sont des suivis essentiellement. Il y a d’autres qui ont besoin de prendre encore des médicaments pour pouvoir entretenir la prise en charge qui leur a été offerte. Donc, du point de vue du bénéfice technique du projet, nous sommes également satisfaits. Là, il reste encore 5 missions puisque c’est douze missions au total et une mission tous les deux mois. La prochaine mission sera du 9 au 20 novembre 2022.
Donc avis à tous ceux qui nous suivent et qui portent des affections cardiaques et qui nécessiteraient des interventions. Au bout de ces douze missions, quelle réponse durable pour la prise en charge locale définitive.
La réponse durable est de continuer à poursuivre la mise en place de tout ce qui se fait. Il y a plusieurs projets dont l’objectif global est d’augmenter l’offre de soin cardiologique au niveau local et offrir ces soins à coût réduit. Donc, ce qui va se mettre en place de façon durable, c’est la formation du personnel, c’est l’équipement des différents services, et l’amélioration de l’accessibilité financière à travers les projets que vous connaissez et qui vont permettre aux populations de se soigner sans dépenser de leur fortune.
Source : Télévision nationale