Les récents propos du porte-parole du gouvernement au sujet de la revalorisation des salaires ne sont pas du goût des travailleurs. Pour Noël Chadaré, Secrétaire de la Confédération des organisations indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin) ces propos ne sont pas de nature à rassurer les travailleurs en ce qu’ils remettent en cause, la promesse du gouvernement dont la mise en œuvre est attendue pour la fin de ce mois. Il a l’a confié au travers d’une interview sur Crystal news.
Journaliste: Quelle lecture faites-vous des récents propos du porte-parole du gouvernement au sujet de la revalorisation des salaires?
Noël Chadaré: Moi, j’ai été surpris. J’ai appris comme tout le monde, cette communication qu’il a faite pour parler de grandes annonces. Moi, je crois que nous ne nous sommes pas entendus sur cela. Attention parce que, la crédibilité de la parole politique est en jeu. En décembre 2021, le gouvernement a dit que nous allons revaloriser les salaires. Parce qu’ils ont fait un constat : la cherté de la vie. Et donc, il fallait revoir un peu le salaire et l’arrimer au coût de vie et nous avons applaudi. Et en janvier, on s’attendait à cela mais on n’a rien eu. Il a dit qu’un comité interministériel a été mis sur pied pour dire ce qu’il adviendrait de cette revalorisation. On se retrouve en avril au palais. Tout le monde, tous les travailleurs s’attendaient à ce qu’on leur dise voilà ce qu’on va vous donner, voilà le pourcentage pour la revalorisation des salaires, voilà ce qu’on va faire pour les Ame, les besoins de recrutement de la fonction publique. Mais on ne s’est pas entendu au palais. Les attentes ont été déçues. Seulement, nous nous étions entendus avec le chef de l’Etat sur les paliers et les principes généraux. Il faut donner beaucoup plus aux salaires bas, d’une façon decrescendo. On a retenu les paliers, qu’il fallait revaloriser les pensions de retraite.
Donc les discussions devraient continuer ?
Le chef d’Etat a dit qu’on nous vous rappeler. Là, nous avons dit que nous sommes venus pour avoir du concret. Il dit non, les ministres vont continuer de faire le travail. Nous avons dit il faut que nous soyons informés. Il nous a dit que nous serons informés des propositions d’augmentation qui seront faites. Donc, on devrait avoir la primeur. C’est du reste le bon sens. Parce que, quand vous avez échangé avec des partenaires, il n’y a pas de partenaire petit, il n’y a pas de partenaire grand. La considération pour le partenaire est une chose importante dans un partenariat. Le chef de l’Etat et nous avons convenus que nous nous retrouverons. Quand les simulations du gouvernement seront faites, on nous appellera pour nous dire voilà ce qu’on veut faire et nous discuterons. On peut ne pas s’entendre, c’est ça le bon sens. Ce que nous attendons, c’est qu’après ça, qu’on nous appelle. On ne peut pas dire qu’on attend, mais c’est au palais des gouverneurs et que si quelque chose est fait on saura ca là-bas. C’est un manque de considération et de respect pour les autres. Je ne pense pas que le Chef de l’Etat ait fait cette option.
Qu’attendez-vous du gouvernement ou du Chef de l’Etat après ces propos du porte-parole ?
Tout ce qu’on attend, c’est tout simplement que ce qui a été promis (revalorisation des salaires ndlr), ce sur quoi nous sommes entendus, ce donc on a convenu au palais se fasse. Qu’on nous appelle, les trois organisations syndicales représentatives, pour échanger avec nous pour dire voilà les propositions que nous faisons pour l’augmentation. C’est une question de bon sens. On peut ne pas s’entendre sur les pourcentages, mais il faut discuter avec nous. Et même quand on va finir de discuter avec nous, normalement c’est après ça que l’on peut mettre cela dans un budget et l’envoyer. Le budget peut être voté, on peut faire un collectif budgétaire, mais on ne peut pas ne pas s’entendre avec les travailleurs sur les modalités. Ce que je pense c’est le bon sens qui recommande que la suite logique de ce qui s’est passé au palais, qu’on nous appelle. Et les ministres nous l’ont martelé. On était en commission permanente avec le ministre Abdoulaye Bio Tchané où nous avons évoqué à nouveau cette question. Nous avons été rassuré que le moment venu nous serons appelés mais on ne nous appelle pas. Je veux croire que ce n’est pas un marché de dupe, que le gouvernement n’est pas dans cette logique, et que la langue du porte-parole a peut-être fauché. Parce que ce n’est pas possible. Mais, on reste toujours serein et on attend. Nous devons savoir que façon sure, quels sont les pourcentages affectés à chaque palier ? Quel est la date de prise d’effet ? On a dit depuis 2021 qu’on devrait augmenter les salaires, donc on est en 2022, cela devrait prendre effet. Combien nous allons avoir pour chaque palier ? Nous devons nous entendre sur ça. Combien on leur donne? Pour les Ame, combien on leur donne? 12 mois sur 12 on a demandé. Est-ce qu’on a les 12 mois sur 12 ? On doit pouvoir nous le dire. On devrait en discuter. Et pour le recrutement, le gouvernement ne recrute pas depuis un certain moment. Il recrute dans des autres corps, mais dans des secteurs vitaux, comme la santé et l’éducation, on est en train de développer une corporation, ce qui n’est pas bien. Parce que c’est la précarité qui est en train de s’installer dans ce secteur, c’est préjudiciable au secteur. Il faut recruter, parce nous autres qui sommes des agents permanents de l’État, nous allons à la retraite. C’est une espèce en voie de disparition. Il y a un ensemble de chose qu’on attend. Je veux croire que le gouvernement et le chef de l’Etat comme il nous l’a promis, on sera rappelé pour échanger autour du sujet.
Source : Crystal news