La Commune de Dassa-Zoumè est-elle hantée par un mauvais sort à l’origine des graves accidents mortels enregistrés depuis des années ? La question taraude les esprits depuis le dimanche 29 janvier 2023, date à laquelle un nouveau drame s’est produit dans la ville un peu plus de 13 ans après celui du 17 janvier 2010 qui avait occasionné une dizaine de morts avec quelques rescapés.
Les accidents de la route deviennent récurrents sur l’axe Bohicon-Parakou à hauteur de Dassa-Zoumè. Après le drame du 17 janvier 2010 qui a fait une dizaine de morts et une vingtaine de blessés toujours dans la Commune (village Hèdouli, arrondissement de Paouignan), un autre carnage est survenu le dimanche 29 janvier 2023 devant Sos villages d’enfants juste après le carrefour giratoire. Plus de 20 personnes ont péri dans le télescopage d’un bus de transport en commun et un camion. Telle une traînée de poudre, l’information a fait le tour des réseaux sociaux le dimanche dans l’après-midi. Mais très rapidement le gouvernement, a pris ses responsabilités en dépêchant des ambulances à Dassa-Zoumè pour convoyer rapidement tous les rescapés (plus de 20) soit au Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga (Cnhu-Hkm) ou au Centre de traitement des épidémies d’Abomey-Calavi. Une question leur taraude l’esprit après la survenue de ce violent choc : que faut-il faire pour ne plus assister à un tel carnage sur l’axe Bohicon-Parakou à hauteur de Dassa-Zoumè ? Deux positions se dégagent des diverses interventions. Une première chapelle pense qu’il faut se référer à des sachants pour des consultations afin de conjurer le mauvais sort. La seconde chapelle postule pour la prudence et le respect du Code de la route par les conducteurs. Pour les défenseurs de la consultation du Fâ, le Bénin est un pays du Vodoun. La répétition des accidents avec des dégâts aussi lourds véhicule forcément un message qu’il faut décrypter pour agir conséquemment. Il faut donc se référer aux sachants pour la solution. Quant aux apôtres de la prudence, ils pointent du doigt les conducteurs des taxis, des camions et des bus qui font de l’excès de vitesse sur les voies. Pour ces derniers, les compagnies de voyage ont un travail de sensibilisation permanente à faire à l’endroit des conducteurs pour épargner les Béninois de ces situations catastrophiques. Elles doivent également avoir un regard attentionné sur l’état des moyens roulants mis sur les routes pour éviter les déconvenues comme l’éclatement de pneus et la défectuosité des systèmes de freinage souvent fatals pour les chauffeurs.
La visite technique en cause
Les accidents de circulation qui sont de plus en plus récurrents sur les axes routiers au Bénin ne sont pas que du fait des dieux ou des conducteurs. Celui du dimanche 29 janvier 2023 à Dassa-Zoumè centre remet au goût du jour la question de la visite technique. Face aux carnages qui ont laissé des familles et tout un peuple sans voix, il urge que le Centre national de sécurité routière (Cnsr) accorde plus de rigueur à la visite technique qui s’effectue dans ses locaux. Le contrôle des systèmes de freinage, des pneumatiques, des triangles de signalisation, des feux et des boîtes à pharmacie doit se faire sans état d’âme avant toute délivrance du macaron. Tout défaut de l’un de ces matériels sur n’importe quel véhicule lors des contrôles de routine menés conjointement par le Cnsr et la Police républicaine doit être passible de sanctions. Par ailleurs, le Cnsr doit renouer avec les séances de sensibilisation partout sur l’étendue du territoire national. Lesdites séances faut-il le rappeler, permettent de conscientiser les chauffeurs indélicats qui roulent à tombeau ouvert sur les axes routiers.
Adopter la politique national de sécurité routière
Face à la récurrence des accidents sur les axes routiers, il y a nécessité de doter le Bénin d’une politique de sécurité routière. Heureusement que le gouvernement du président Patrice Talon l’a si bien compris. Selon le ministre des Infrastructures et des transports, Hervé Hèhomey dépêché à Dassa-Zoumè sur le lieu de l’accident du 29 janvier avec son collègue de l’Intérieur et de la sécurité publique, l’adoption de cette politique n’est qu’une question de jours. L’Exécutif entend mener d’autres actions hardies comme la généralisation des contrôles de vitesse sur tous les axes routiers, la professionnalisation du métier de transporteur dont les textes sont en cours de finalisation, la création du parc automobile avec des véhicules répondant aux normes qui seront fixées par les textes et le vote d’un nouveau Code de la route déjà soumis à l’Assemblée nationale et qui sera adopté dès l’installation de la 9ème Législature. Une fois ces actions mises en œuvre, le Bénin fera dorénavant face à moins d’accidents avec des pertes colossales en vies humaines.
Serge Adanlao