Martin Assogba, président de l’Ong Alcrer est l’un des rescapés de l’accident du 17 janvier 2010 survenu à Dassa-Zoumè avec une dizaine de morts à la clé. Dans ce témoignage, il décrit les circonstances de l’accident et parle des séquelles qu’il traîne jusqu’aujourd’hui. Martin Assogba opine également sur le drame du dimanche 29 janvier 2023 à Dassa-Zoumè et suggère une consultation par les sachants pour déceler la cause de ces accidents qui deviennent récurrents afin de conjurer le sort. Lire l’entretien exclusif qu’il a eu avec le journal « Le Matinal ».
Le Matinal : Le 17 janvier 2010, vous avez été victime d’un accident de circulation qui a occasionné une dizaine morts. On dénombre des rescapés dont vous. Dites-nous comment l’accident était-il survenu ?
Martin Assogba : Je faisais effectivement partie des rescapés de cet accident survenu le 17 janvier 2010 à Dassa-Zoumè dans pratiquement la même zone que le drame du 29 janvier 2023. Je revenais de Parakou après une formation aux Organisations de la société civile du Septentrion sur la question de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Nous étions deux rescapés : la femme de Roger Gbégnonvi et moi-même. Comme les Lions décédés qui revenaient d’une activité de Parakou, il y avait la femme de Roger Gbégnonvi et ses pairs soroptimists qui étaient également dans le bus accidenté. Ils revenaient d’une activité du club Soroptimist à Parakou. La compagnie de transport en commun Inter City Lines n’existe plus aujourd’hui au Bénin. En ce moment-là, aucune autorité ne s’est levée pour prendre soins des victimes comme le régime actuel est en train de le faire.
Quelle était l’ampleur de votre blessure ?
J’ai eu une fracture. Je suis resté six mois en plâtre. Les séquelles sont toujours là parce que j’ai toujours mal à l’épaule droite. Je n’arrive pas actuellement à tenir le peigne pour me peigner. Je suis obligé de changer de main pour pouvoir me peigner. Lorsque je tiens des choses au niveau de la main où j’ai eu la fracture pendant un certain temps, je commence par avoir des douleurs. La femme de Gbégnonvi était allée se faire opérer en Allemagne vu qu’elle est une Allemande. Moi, j’ai été traité sur place ici au Bénin et plus précisément à l’Hôpital d’instruction des Armées car en son temps, le Cnhu était en grève. J’ai passé deux semaines à l’hôpital. J’ai été plâtré par Dr Moévi. J’ai continué les soins plus tard dans sa clinique à Abomey-Calavi.
13 ans après, un autre drame est arrivé le dimanche 29 janvier dernier avec une dizaine de morts et des blessés graves. Que pensez-vous de cette tragédie ?
Il y a trop de pagaille au Bénin. Les gens font la démocratie selon leur compréhension. Ils ne veulent pas respecter les textes. Lorsqu’on va prendre des mesures contre l’anarchie qui règne en milieu de ces conducteurs, les opposants vont se mettre à parler de dictature. Dans un pays, chacun ne peut pas faire ce qu’il veut. Ce n’est pas normal. Au niveau des compagnies de bus, il urge d’aller enquêter pour savoir ce qu’on dit aux chauffeurs. Ils ne font que faire de la vitesse sur les routes. Ils bafouent pour la plupart les règles de circulation. Est-ce que parce qu’on leur dit qu’il faut atteindre Parakou à telle heure, et qu’il faut revenir à Cotonou à tel horaire, qu’il faut filer exagérément sans se soucier des vies humaines transportées ? Il faut le dénoncer : les chauffeurs aussi bien des bus, des camions que des taxis ne font que filer sans respecter le Code de la route. L’autre pan de la question, c’est la visite technique. Est-ce que les camions, bus et taxis subissent-ils réellement la visite technique au niveau du Cnsr ? Je pose la question parce que je n’arrive pas à comprendre que le pneu d’un bus (Baobab express) aussi luxueux qu’on croyait, va éclater. Si le pneu a éclaté, cela sous-entend que c’est un pneu d’occasion. Il faut bannir ces choses et opérer des contrôles rigoureux. Prenez le cas des conducteurs de minibus appelés « Tokpa-Tokpa » qui sont irrespectueux des clients et du Code de la route. Il faudrait respecter toutes ces choses-là.
En attendant d’opérer les réformes, n’y-a-t-il pas nécessité de conjurer le sort à votre avis ?
Pourquoi pas ! Il faut appeler les sachants pour qu’ils voient ce qu’il y a lieu de faire comme consultation pour conjurer ce sort. Mais le plus gros problème au Bénin aujourd’hui revient à l’être humain. Il faut éviter la vitesse excessive, être prudent et respecter le Code de la route pour ne pas hypothéquer la vie des passagers.
Propos recueillis par S. A