Selon un communiqué en date du 11 mai 2024 signé du ministre du transport nigérien, les camions immatriculés au Bénin sont désormais écartés du transport du fret nigérien au port de Lomé. Une décision, corolaire du pseudo-bras de fer qu’entretiennent maladroitement vis-à-vis du Bénin, les autorités nigériennes qui étalent une fois encore, leur manque de lucidité et leur amateurisme diplomatique.
Seuls les camions portant les immatriculations nigérienne et togolaise sont autorisés à transporter les marchandises nigériennes au port de Lomé. C’est la décision que porte un communiqué des autorités nigériennes en date du 11 mai 2024 et largement relayé sur la toile dans la journée d’hier, lundi 13 mai 2024. Cette mesure constitue sans aucun doute, un nouvel épisode de la crise qui a cours entre le Niger et le Bénin, une crise malicieusement entretenue par Niamey qui prête de malveillantes intentions au Bénin, pour justifier le maintien de la fermeture de ses frontières terrestres. Exacerbé par le mépris et la politique de chauve-souris dans laquelle s’illustrent les putschistes au pouvoir au Niger, le Bénin a pris, lundi 6 mai 2024, la décision d’interdiction d’embarquement du pétrole nigérien sur la plateforme pétrolière de Sèmè-Podji via les eaux béninoises. Une décision à laquelle le Bénin s’est vu contraint suite à une série d’actes peu orthodoxes posés par les nouveaux hommes forts nigériens qui ont fermé toute porte au dialogue. Il aura fallu cette décision qui parait responsable pour un Etat qui se respecte, pour que les putschistes au pouvoir au Niger capitulent. D’abord, c’est le premier ministre nigérien, Ali Lamine Zeine qui s’est prêté à un malheureux exercice de justification de la non-réouverture des frontières terrestres de son pays avec le Bénin en arguant d’une imaginaire présence des forces militaires françaises sur le territoire béninois. Dans sa déclaration de presse, Ali Lamine Zeine a clairement déclaré que le Niger sera prêt à rouvrir sa frontière « lorsque nous aurons la certitude que notre territoire est en sécurité. »Un alibi grotesque qui révèle à la face du monde, la mauvaise foi des militaires à la tête de ce pays, et qui visiblement, manquent d’arguments pour maquiller leur carence managériale et leur sens de diplomatie. Ce qui reste évident est que la crise qui a court n’arrange aucun des deux pays quand bien même les autorités nigériennes semblent faire feu de tout bois pour montrer des muscles et afficher une certaine résilience. Déjà, des experts attestent que les conséquences de la crise consécutive au coup d’Etat du 23 juillet 2023 sont très désastreuses pour le pays. Hama Hamidou Diallo,un économiste nigérien indépendant a d’ailleurs reconnu il y a quelques mois, que les impacts sur le plan économique sont inévitables pour le Niger au regard de l’interdépendance du pays des autres Etats de la Cédéao principalement du Bénin. « Aujourd’hui, vu que le Niger n’a pas de débouché directement sur la mer, la majorité de ce qu’on consomme, à 80%, vient de l’extérieur, en passant par le port de Cotonou et le port de Lomé. Comme Lomé se trouve dans la zone Cédéao, il y aura des impacts par rapport aux coûts, par rapport aux frais de transit, aux frais de transports, par rapport à la traversée et tout » avait-il laissé entendre. Par ailleurs, des études révèlent que les opérateurs économiques nigériens subissent de plein fouet, les effets du maintien de la fermeture des frontières car le trafic de leurs marchandises par le Bénin apparait à maints égards, moins onéreux qu’au niveau du port du Togo. Il est avancé qu’ils sont obligés de payer le double voire le triple de ce qu’ils payaient par le transit Cotonou-Niamey.
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Au regard de tous ces facteurs, on se demande si les autorités du Niger ne sont pas en train de taper dans l’herbe plutôt que d’abattre le serpent. Cette politique empreinte d’égo et de manque d’objectivité n’est pas de nature à faire bouger les lignes au profit du peuple frère et ami du Niger. Au fil des jours, le peuple nigérien se rend compte que ceux qui se prévalaient il y quelques mois du manteau de sauveurs en s’arcboutant sur des alliés, n’ont en réalité aucune vision pour le pays. Face à ce théâtre et ce cycle de décisions incongrues, le Bénin se doit de garder sa sérénité.
Gabin Goubiyi