(Niamey dans un jeu flou)
En marge du Forum Chine-Afrique qui se déroule actuellement à Pékin en Chine, le premier ministre nigérien, a rencontré la diaspora nigérienne en Chine. Lors de cette rencontre l’autorité nigérienne a une fois encore accusé le Bénin, d’abriter des bases militaires françaises et de dresser la passerelle aux Français qui depuis le territoire béninois, orchestrent des attaques terroristes au Niger. Une situation qui, selon Ali Mahamane Lamine Zeine, met en péril la réouverture des frontières bénino-nigériennes du coté de Niamey.
Si depuis la médiation des deux anciens présidents béninois, Nicéphore Soglo et Boni Yayi, les lignes ont sensiblement bougé entre le Niger et le Bénin, les autorités de Niamey restent intraitables sur la question de la réouverture des frontières entre les deux pays. C’est du moins le constat qui s’infère des récentes déclarations du premier ministre nigérien, Ali Mahamane Lamine Zeine face à la diaspora nigérienne en Chine. Le chef de la délégation nigérienne au Forum sur la coopération sino-africaine (Focac), dont l’édition 2024 est organisée du 4 au 6 septembre à Beijing, a tenu hier une conférence de presse au cours de laquelle, il a réitéré la position de Niamey pour ce qui est de la réouverture des frontières entre le Bénin et le Niger. A l’en croire, la méfiance de Niamey se justifie par les soupçons de collaboration entre le Bénin et la France. Ali Mahamane Lamine Zeine dit clairement qu’ « il y a des conditions qui sont posées » pour revenir à la normalité entre les deux pays voisins. Et d’asséner que « Tous ceux qui ont quitté le territoire [nigérien], notamment les Français, les soldats, ils se sont retrouvés au Bénin, en train de coacher, justement, la plupart des terroristes qui font des incursions chez nous ». Une nouvelle accusation contre le Bénin taxé depuis plusieurs mois, d’abriter sur son territoire, des bases militaires françaises. Lamine Zeine reprend ainsi les propos du président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp), Abdourahamane Tiani, qui lors d’un entretien début août 2024, avait déclaré détenir des preuves formelles, de ce que le Bénin tramerait depuis 2023, avec des agents de la Dgse française, des velléités d’atteinte à la sécurité du Niger. Il s’agit, avait-t-il exposé, d’une action subversive. « Une action de déstabilisation subversive ne se mène pas avec des troupes conventionnelles », avait laissé entendre le putschiste nigérien. Toujours dans ses allégations, il avait soutenu que des troupes françaises se seraient positionnées à l’aéroport international de Tourou dans l’optique d’attaquer le Niger. Cet aéroport, a-t-il argué, aurait été expressément réhabilité par les soldats français avec la complicité du Bénin aux fins sus indiquées. Pour nombre d’observateurs, ces accusations prétendument malveillantes, seraient de purs alibis pour ne pas rouvrir les frontière bénino-nigériennes. En somme, le Niger ferait dans du dilatoire et s’adonne à un jeu flou.
Abdourhamane Touré