La brouille entre les acteurs du culte « Egun-gun » n’est pas encore prête pour prendre fin, malgré les interventions des autorités politico-administratives et culturelles à plusieurs reprises par le passé. Un imbroglio s’installe entre la Communauté nationale des dignitaire des cultes des morts Joruba-Oro-Egun-gun la Communauté nationale des dignitaires des cultes des morts yoruba Oro-Egun-Abikou- Guelèdè- Gounouko (Conadicumoyo) et la Facep après deux communiqués rendus publics par les deux organisations.
Une nouvelle crise s’annonce dans la famille du culte Egu-gun du Bénin. Elle oppose le Bureau exécutif national de la Communauté nationale des dignitaires des cultes des morts yoruba Oro-Egun-Abikou- Guelèdè- Gounouko (Conadicumoyo) aux responsables de la Fédération des adeptes du culte Egun-gun de Porto-Novo (Facep). En effet, selon un communiqué rendu public le vendredi 23 août 2024 de Ben Conadicumoyo et signé de Baba Luc Adéchian Gbododjou, Baba Robert Famouyiwa Adelanwa et Baba Basile C. Ogoulola, ils estiment que « les cultes endogènes font l’objet de désordre, d’une banalisation à nul autre pareil et la recrudescence des actes de vandalisme, de désacralisation, de profanation voire de sacrilège lors des manifestations spectaculaires des cultes des morts ancestraux Yoruba Egun-gun dans certaines villes de notre pays sont légions ». Par ailleurs, selon le même document, «il s’en suit des violences de toutes sortes et même des pertes en vies humaines ». Face à ce tableau sombre et peu reluisant, condamnable, la Conadicumoyo à travers son Bureau exécutif national, a pris certaines mesures conservatoires pour la sauvegarde du caractère religieux et sacré de ces patrimoines communs ancestraux des morts Yoruba, peut-on lire dans le communiqué. Il s’agit de la suspension de toutes manifestations de ces cultes jusqu’à nouvel ordre en attendant la mise en place des cellules de base, des comités exécutifs locaux dans les arrondissements, les Communes, les départements concernés à l’exception de celles de grande envergure initiées par l’État béninois.
La Facep se désolidarise…
Dans un autre communiqué publié le 04 septembre 2024 par la Fédération des adeptes du culte Egoungoun de la ville de Porto-Novo (Facep) présidée par Léopold Mèdégan Fagla, l’organisation a souligné ne pas se reconnaître à travers le communiqué publié il y a quelques jours en avant par la Conadicumoyo. « Nous portons à la connaissance de l’opinion publique nationale n’être concernés en rien à la décision du Conadicumoyo à travers son communiqué paru dans le journal « Soleil levant » no 1574 du vendredi 23 août 2024 proposant aux autorités nationales l’interdiction des manifestations du culte Egun-gun dans toutes les Communes du Bénin », a notifié le communiqué. A travers la même note, le camp de la Facep demande aux responsables de la Communauté nationale des dignitaires des cultes des morts yoruba Oro- Egoun-Abikou-Guelèdè- Gounouko de revoir leur communiqué en précisant à quelle Commune cela est effectivement destiné, car à ce jour, le Bénin n’a pas encore un bureau national en charge des activités du culte Egoungoun.
Mohamed Yasser Amoussa (Coll)
Une brouille s’installe…
Suite aux communiqués interposés entre le Bureau exécutif national de la Communauté nationale des dignitaires des cultes des morts yoruba Oro-Egoun-Abikou-Guelèdè-Gounouko (Conadicumoyo) et la Fédération des adeptes du culte Egun-gun de Porto-Novo (Facep), la rédaction a joint les deux responsables.
Robert F. Adelanwa : «Nous avons saisi les autorités et une décision sera prise d’ici le lundi…»
Le Matinal : Quelles sont les raisons qui vous motivent à prendre cette décision?
Robert F. Adelanwa : Les raisons sont relatives au trouble à l’ordre public, la profanation et la désacralisation du culte Egun-gun avec la recrudescence des violences conduisant parfois aux pertes en vies humaines. Le secteur n’est pas du tout organisé et nous avons suspendu les activités dans le but de mieux les réorganiser.
Nous avons lu un communiqué de la Fédération des adeptes du culte Egun-gun de Porto-Novo (Facep) qui ne rejoint pas votre décision. Que pensez-vous ?
Ils seront les seuls responsables. Pour le culte Egun-gun, la base est dans le département de l’Atlantique. Nous ne faisons pas une guerre d’association, mais nous nous opposons à la manière dont les gens pratiquent le culte. Ce sont nos cultes ancestraux et nous ne pouvons ni les banaliser ni en faire du folklore.
Votre communiqué concerne toutes les Communes, mais la Facep estime que vous n’êtes pas habilités à le faire. Qu’en dites-vous?
Notre communauté est bien reconnue au plan national et nous sommes reconnus par les autorités dont le ministère de l’Intérieur. Donc, contrairement à ce qu’ils disent, nous sommes dans les prérogatives de rendre cette décision. D’ailleurs, ce que nous faisons est pour mettre de l’ordre dans les choses. S’ils estiment qu’ils sont des Nagot ou Yoruba, ils sont invités à retourner dans leurs collectivités familiales respectives pour les cérémonies.
Quelle sera la suite?
Nous avons constaté une opposition et nous avons pris acte. Nous avons déjà informé qui de droit. D’ici le lundi, vous verrez la décision au niveau des autorités. Chaque camp sera fixé sur son sort.
Léopold Mèdegan Fagla : « Il n’y a jamais eu d’association au plan national »
Le Matinal : Quelles sont les raisons qui vous ont motivé à vous désolidariser du communiqué de la Conadicumoyo?
Léopold Mèdegan Fagla : Le problème est clair. Ceux qui ont lancé le communiqué à Ouidah n’ont pas cette compétence. Ils ne sont que trois personnes et du même quartier. Ils n’ont même pas pu intégrer le comité de leur quartier. Ils disent maintenant qu’ils sont des responsables d’une association nationale. Je ne pourrai pas l’expliquer. Nous n’avons même pas un bureau départemental avant de parler de celui au plan national.
Voudrez-vous dire qu’il n’y a aucune association du culte Egun-gun au plan national ?
Non, il n’y a jamais eu d’association au plan national. Il faut d’abord passer par l’étape communale. A Porto-Novo, nous avons la Facep qui prend en compte la ville et est reconnue par la mairie. A Cotonou, il y a aussi une association dans le Littoral. A Ouidah, sur quatre quartiers, trois s’entendent bien, mais le dernier n’a pas encore rejoint l’organisation. Sur les douze départements, deux n’ont pas encore installé leur structure. Trois individus se réclament alors d’une communauté nationale. Ce n’est pas possible. Il y a encore un autre groupe qui se réclame être reconnu au plan national. J’en ris simplement.
Quelle sera la suite après votre communiqué?
Nous n’avons pas encore eu de réaction de leur part. Dès que nous en aurons, vous aurez la suite aussi.
Propos recueillis par M. Y. A (Coll)