Depuis la matinée du mardi 19 septembre 2023, trente-six (36) femmes sont en stage à la Maison du Handball au quartier Hindé de Cotonou. Il s’agit d’une formation préparatoire dédiée à la deuxième promotion de femmes en lice pour l’obtention de la Licence D Ihf. Une opportunité rendue possible grâce au projet « Sport au féminin ». Si Paul Landuré a été au cœur de la première promotion de trente-huit (38) femmes, c’est l’expert Ihf Gilles Malfondet qui a été dépêché de la France pour conduire les travaux. Dans un entretien accordé à Le Matinal, l’expert français met la lumière sur le contenu de cette formation et ses avantages pour le handball béninois. Ci-dessous, l’intégralité de l’entretien.
Le Matinal : Quel est le contenu de la formation ?
Gilles Malfondet : Le contenu de la formation est entre une alternance pratique-théorie, avec des séquences sur la connaissance de l’activité de la méthodologie du handball, sur des séquences pré-requis sur la pédagogie. Comment construire une situation, une séance, un exercice, comment alterner, comment faire progresser et transformer les joueuses et les joueurs ? Et puis des séquences de terrain où on va les mettre à l’œuvre, faire des démonstrations. On va les mettre en plein cœur du réacteur à vivre la situation pour que dès qu’elles seront en activité dans leur structure, elles puissent être un peu plus opérationnelles.
Quels sont les objectifs de cette formation ?
L’objectif de cette formation est multiple. Il y a quatre points. Le premier, c’est qu’il faut vraiment qu’elles aient la connaissance technique du handball. Deuxième point, c’est qu’on puisse les évaluer par rapport à la section 1 (1ère promotion de stagiaires). A l’issue de cette formation, la section 1 et la section 2 vont former un groupe, et on retiendra quelques-unes pour aller à la Licence D. Ça veut dire que quelque part, il faut qu’elles forment sur ce qu’elles sont capables de faire. Le troisième qui me paraît très important, c’est qu’on leur donne l’envie d’entraîner, de transmettre la passion et l’envie d’encadrer, d’animer. C’est vraiment très important et je crois que c’est 80% du travail d’un formateur, donner envie à quelqu’un d’aller se former. Le dernier point très important, c’est que dans toutes les structures où elles sont, qu’elles soient dans les sections sportives, les clubs, certaines en activité comme professeur d’Eps, c’est de ramener des clés, des recettes, des solutions aux problèmes qu’elles pourraient vivre quotidiennement, et que dès la semaine prochaine (mardi ou mercredi), elles aient des solutions à apporter à leur problème du jour.
Cette formation débouche-t-elle directement sur l’obtention de la Licence D Ihf ?
Non ! Ce n’est pas une formation pour obtenir cette Licence D automatiquement. C’est une préparation à la licence D. C’est-à-dire que l’issue de cette session, avec le premier groupe de 38 stagiaires et les 36 sur cette session, on va déterminer un groupe qui sera le plus apte à aller décrocher la Licence D. Cette Licence étant organisée par la Confédération africaine de handball et la Fédération internationale de handball. Ça veut dire qu’elles ont aussi un petit challenge, c’est de montrer qu’elles ont les réelles capacités pour aller sur cette Licence D. Je pense qu’en novembre ou en décembre voire janvier prochain, elles seront en capacité de décrocher le fameux sésame.
Qu’est-ce que le Bénin peut en tirer comme profit ?
Le bénéfice, il est très important parce qu’aujourd’hui, dans toutes les compétitions internationales, il sera demandé dans un futur très proche, je pense en 2024, à ce que tous les entraîneurs et entraîneuses qui participent à une compétition continentale et internationale, qu’ils soient sur un banc de touche, un coach ou un manager, soient titulaires suivant un niveau et la catégorie ou de la licence D ou licence C ou du licence B voire une Licence A pour le championnat du monde. Ce qui sous-entend que si au Bénin, on n’a pas de licence B, on ne pourra plus avoir d’autres équipes qui participent à une compétition continentale, que ce soit les équipes nationales ou les équipes de club. Donc, c’est très important pour l’ensemble du handball national.
Pensez-vous que ces femmes à votre disposition, soient capables d’accompagner les rêves de la Fédération béninoise de handball ?
J’ai envie de répondre par une petite philosophie passionnelle : « Ayons des rêves. Allons jusqu’au bout de nos rêves et après, on verra si on est capable de les assouvir ou pas » . Mon attente sur cette formation déjà, c’est de trouver des gens qui soient motivés. Moi, je vais tout faire pour identifier les personnes qui sont les plus volontaires et moins tristes. J’attends en retour qu’elles m’apprennent des choses, qu’elles me montrent qu’au Bénin, on soit capable d’avoir une spécificité et une identité nationale dans l’encadrement sportif féminin avec toutes les valeurs qui sont véhiculées à la fois dans notre discipline, le handball, à la fois qui sont véhiculées et pilotées par les instances gouvernementales sur des vraies valeurs, sur l’unité nationale, sur des unités techniques, sur la volonté de féminiser, se surpasser et de concilier le sport. J’attends que ces personnes me montrent qu’à l’instar des hommes, elles sont capables de produire exactement la même chose ».
Propos recueillis : Karol B. Sékou (Coll)