Au lendemain de sa médaille d’or en heptathlon aux Jeux africains d’Accra, Odile Ahouanwanou est revenue au bercail où elle a reçu des honneurs du gouvernement béninois. Sa performance a été récompensée par un chèque de 10 millions Fcfa remis par le ministre des Sports, Benoît Dato. A la faveur d’une conférence de presse, la double championne d’Afrique est revenue sur la compétition. Elle a aussi abordé la suite de sa carrière notamment les Jeux olympiques Paris 2024 et sa retraite. Lisez-ci-dessous, quelques sujets abordés par l’Amazone Odile Ahouanwanou.
Journaliste : Lorsqu’on revient en compétition et on gagne, qu’est-ce ça fait ?
Odile Ahouanwanou : C’est vrai que l’année dernière, j’étais un peu silencieuse parce qu’il y a plusieurs raisons que vous ne voulez pas notifier et que je respecte aussi. Mais quand on revient et qu’on gagne, c’est une fierté. Déjà pour revenir, physiquement, mentalement, il faut se préparer. Ce mental, je l’ai et d’ailleurs c’est ça qui est ma force aujourd’hui et pour toujours. Donc revenir et gagner, ça donne une fierté, une fierté de représenter le Bénin. De toute façon, chaque fois que je porte le maillot béninois, je suis doublement fière. Fière de ma racine, fière du Bénin, fière de là où j’ai quitté parce que je sais que j’ai quitté très loin. Voilà, ça donne envie de se battre davantage. Donc je suis très fière pour cette deuxième médaille.
Quels sont les facteurs de votre succès ?
Dans le travail, on ne peut pas prétendre gagner pour avancer dans la vie. Moi, mon succès c’est la détermination, le travail ardent qui fait qu’à la fin, il y a toujours des résultats satisfaisants. Donc, je peux dire que c’est le travail.
Qu’est-ce-que ça représente pour vous, après une décennie de défense des couleurs nationales, de décrocher enfin une médaille pour la nation ?
Mon rêve, c’est d’avoir le maximum de médailles quelles qu’elles soient. Si c’est les Jeux olympiques ou les championnats du monde, quand je vais en compétition, mon objectif, c’est de prendre la première place. Ce n’est jamais pour prendre la deuxième ou la troisième place. Je suis toujours fière quand je remporte une médaille. Même si je ne remporte pas et que je fais une belle prestation, je suis tellement fière de moi. Mon entraîneur peut témoigner, je suis rarement satisfaite parce que pour moi, je sais que je peux faire mieux. Je suis quand même fière, mais je sais qu’il faut encore et encore travailler.
Qu’est-ce qui est votre stimulant ?
Je suis motivée. Primo, parce que j’ai pris la décision de faire le sport de haut niveau. Donc je ne veux pas décevoir mes parents qui m’ont laissée l’occasion de le faire, ne pas décevoir mon pays, ne pas décevoir vous qui me suivez, ne pas décevoir mon entraîneur qui m’entraîne depuis plus de dix ans. Je ne veux pas décevoir ceux qui m’entourent, mon équipe, mon staff. Je sais qu’il y a des équipes qui me suivent et qui m’encouragent. Pour moi, c’est ma manière de dire merci à tous ceux qui me soutiennent. C’est vraiment aussi là où je puise ma détermination.
Comment t’es-tu préparée pour aller décrocher cette médaille ?
Après les Jeux olympiques et les championnats d’Afrique en 2022, il y a eu un petit temps de pause mais tout de suite, j’ai rebondi durant moins d’un an. J’ai repris service grâce à mon équipe, une équipe de force qui m’accompagne dans tous les domaines. Si je dis dans tous les domaines, c’est le kiné, c’est la cryo, c’est le préparateur physique, c’est le préparateur mental, c’est l’entraînement. Il y a toute une équipe et quand c’est comme ça, c’est beaucoup plus facile de rebondir. Après, ce n’est pas si facile. Il y a aussi la détermination et l’envie d’être encore meilleure. Et comme je vous l’avais dit, moi j’ai soif de faire mieux. C’est tout ça qui fait qu’aujourd’hui que je remporte cette médaille et demain par la grâce de Dieu, je vais remporter pourquoi pas des médailles historiques.
Quel est ton plan de préparation pour les prochains Jeux olympiques ?
Ça se prépare bien. Vous savez tous que les jeux olympiques, la préparation ce n’est pas à la veille. Il faut préparer des années en arrière. Donc tout le travail qui a été fait, c’est là il va falloir continuer ce travail avec des stages, de grandes compétitions qu’on a calées déjà avec mon entraîneur et mon staff. Il va falloir être en forme le jour J pour que ces Jeux soient plus beaux.
Quel est l’état de santé de Odile Ahouanwanou à quelques jours des Jeux olympiques ?
C’est vrai qu’aux Jeux africains, déjà, la période n’était pas idéale pour faire l’heptathlon puisqu’en fait, l’heptathlon ce n’est pas la même chose que le pentathlon. Le pentathlon, c’est une autre discipline. Il y a quelques semaines en arrière, j’ai été championne de France sur pentathlon et j’étais à quinze points de mon record, ce qui est conséquent. Seulement que juste après, il faut faire une coupure pour préparer la saison estivale. Ce qui n’est pas le cas puisqu’il y a les Jeux africains qui sont juste à côté. Les étapes de préparation physique générale, je n’ai pas fait. Ce qui a fait qu’avec mon staff et mon entraîneur, on a décidé de représenter le Bénin malgré qu’on ne soit pas encore prêt. Il y a quelques bobos comme je l’ai dit, des douleurs au niveau de l’ischio. J’ai fait l’échographie, j’ai fait tout ce qu’il faut, et il n’y a pas de blessures. Mais juste une contracture. J’ai fait l’Irm il y a quelques jours et tout va bien, mais après, il faut continuer à se préparer, à faire les conditions physiques générales, être suivie par le kiné et tout ça. Il n’y a rien de grave et tout ce passe bien à l’heure où je vous parle.
A l’heure actuelle, Odile Ahouanwanou est déjà qualifiée pour les Jo Paris 2024?
À l’heure actuelle non. Je ne suis pas encore qualifiée. Soit, il faut faire des qualifications directes par mes prestations, parmi ma performance ou être bien classée au ranking. Pour l’instant, je n’ai pas encore fait une grosse performance qui va me faire qualifier. Et au ranking, je ne suis pas encore qualifiée. Ce serait suite à mes différentes compétitions qui vont faire qu’au ranking, je vais être mieux classée. À l’heure actuelle, Odile n’est pas qualifiée. Mais je suis sur la bonne voie.
Vos perspectives et challenges ?
On va reprendre la préparation physique générale. Tout de suite, il y aura quelques petites compétitions. Ce n’est pas de petites compétitions car ce sont des compétitions importantes pour mon club. Mais il y a les interclubs auxquels je vais participer dans toutes les épreuves. Je vais prendre quelques épreuves qui vont me permettre d’améliorer mes chronos ou ma performance pour que juste après, je fasse la première grosse compétition en Autriche, la plus grande compétition des épreuves combinées. Et juste après, il y aura le Championnat d’Afrique. Peut-être que je peux faire quelques épreuves pour préparer tout cela avant les Jeux olympiques.
Pensez-vous déjà à votre retraite ?
Retraite c’est un gros mot. J’y pense bien. Vous savez que le sport, à un moment donné, il faut arrêter même si tu ne veux pas arrêter. À un moment, il faut savoir passer par la grande porte. Donc, oui, je pense bien à ça, mais après, il faut mettre les choses bout à bout pour que ça donne ce que ça doit donner. Je ne suis pas prête d’arrêter, d’être en retraite. Dès que je vais sentir qu’il faut que j’arrête, je vais arrêter.
Quid du projet sportif et des ambitions de Odile Ahouanwanou ?
J’ai beaucoup d’ambitions. Sur le plan professionnel en tant que sportive de haut niveau, je sais avec mon staff et mon entraîneur, du début de la saison jusqu’à la fin de la saison, tout ce qu’il faut faire. Il peut arriver qu’il y ait de petites compétitions qu’on n’a pas placées et qu’il faut qu’on s’y adapte. J’ai envie d’accompagner la jeunesse béninoise, j’ai envie de faire courir les jeunes et j’avais déjà commencé avec le marathon « Odile Ahouanwanou » que j’avais instauré il y a quelques années. À cause du Covid-19, j’ai arrêté. Je voudrais reprendre, mais pour l’instant, je ne suis pas du tout prête à cause de mes objectifs qui sont aussi la préparation des Jeux. J’ai des ambitions d’accompagner la jeunesse béninoise à faire du sport comme moi. Je n’ai pas eu la chance vraiment quand j’étais gamine que quelqu’un me tienne la main pour me montrer la voie. Je peux vous rappeler que je prenais les cailloux pour lancer les poids. Je coupais les bois de teck pour faire des haies. Mon ambition, c’est d’avoir pourquoi pas des écoles d’athlétisme au Bénin avec l’aide de la fédération bien sûr, pour que les jeunes commencent l’athlétisme très tôt au Bénin. On va arrêter, je ne sais quand, mais il faut que la relève se prépare avec l’aide de tout le monde.
La promesse d’un stage aux Usa faite à Odile Ahouanwanou lors de la « Soirée des champions», a-t-elle été réalisée ?
En 2018, j’ai eu la médaille d’or aux Championnats d’Afrique. C’est une médaille historique. Ça a beaucoup parlé. Juste après, on a été reçu pour le chèque. On a reçu une somme qui n’est pas vraiment ce qui est inscrit sur le chèque. En tout cas, le chèque que j’ai reçu n’est pas la valeur du montant que j’ai perçu officiellement.
Propos recueillis pour Le Matinal par Karol B. Sékou (Coll)