Depuis quelques semaines, l’opération de libération des espaces publics a repris dans plusieurs villes. A Cotonou, tout occupant du domaine public est systématiquement dégagé. Les marchandises de ces occupants sont saisis et les baraques démolies. Une équipe de notre rédaction est allée sur le terrain pour le constat.
Artère dégagée, circulation fluide. C’est l’aspect que présente depuis quelques jours, plusieurs axes principaux de la ville de Cotonou. Des espaces qui hier grouillaient de monde, sont déserts aujourd’hui. C’est suite à l’opération de libération de l’espace public par la Police républicaine démarrée depuis plusieurs semaines. Au 12ème arrondissement de Cotonou par exemple, où l’opération a été menée dans le mois de juillet dernier, vendeurs de pain, sandwich, atassi, crédits, boissons énergétiques, tous ont été déguerpis. L’espace a été complètement nettoyé. Pas l’ombre d’un occupant tout le long de la clôture du ministère de l’intérieur jusqu’à la Faculté des sciences de la santé (Fss). Pareil sur le long de la clôture de la morgue jusqu’au Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga (Cnhu). Mais, le célèbre kiosque à journaux est toujours en place. Freddy, jeune vendeur de crédit et opérateur mobile money, a vu sa table emportée. Il ne s’est donc pas installé et offre désormais ses services debout. Selon lui, la mesure est salutaire. Et les autorités sont dans leur rôle de libérer les trottoirs pour les piétons. Un avis partagé par plusieurs autres commerçants, qui ont pu se replacer ailleurs. C’est le cas aussi des vendeuses d’essence de contrebande rencontrées dans la ville de Cotonou et qui ont élu domicile dans les rues avec des plaques qui indiquent leurs nouveaux emplacements. Ne voulant pas se prêter à nos questions, elles ont tout de même salué la mesure. Pareil pour d’autres commerçants comme Yves. Menuisier, il exposait ses réalisations sur le trottoir de la voie inter-état. Mais il s’est rangé depuis qu’il a été sommé par la Police de quitter les lieux. Ces commerçants et artisans ont donc compris la mesure et apporte leur contribution.
Des espaces
recolonisés par
des indélicats
Si la mesure est bien comprise par certains, il n’en demeure pas moins que d’autres commerçants comme cette vendeuse d’essence et ce vendeur de casques que nous avons surnommé qui continuent de défier l’autorité malgré les multiples rappels à l’ordre et les risques d’accidents auxquels ils s’exposent. « On doit manger, si on ne travaille pas, comment on va faire ? On comprend ce que les autorités disent, mais nous on doit manger. C’est ça le problème », a déclaré Elise. « Moi, j’expose mes casques sur les trottoirs, parce que si je n’expose pas, personne ne saura que je vends de casque, c’est pour cela que je reste sur les trottoirs », a renchéri Magloire. Pour Maxime et Joseph, deux cotonois que nous avons rencontrés, c’est cette opération de libération de l’espace public qui a permis le lancement de la phase 1 de l’asphaltage. Au vu de l’intérêt de cette opération, ils souhaitent que les mairies ne se laissent pas intimider par les plaintes des récidivistes qui ont aujourd’hui la possibilité de vendre dans les marchés secondaires construits ou réhabilités à grands frais. « Vous voyez de nos jours une occupation anarchique de nos trottoirs par les vendeuses et elles ne veulent pas céder. Nous allons inviter les mairies à continuer dans cet élan pour que nos communes puissent avoir de la visibilité et cela va permettre la libre circulation à tous les concitoyens », a déclaré Maxime. Il est à rappeler que l’opération de libération de l’espace public vise à assainir de la ville. Elle se poursuit afin de décourager les récidivistes.
Léonce Adjévi
Les citoyens béninois apprécient
Les béninois apprécient l’opération de déguerpissement enclenchée depuis quelques semaines dans la ville de Cotonou. Nous nous sommes rapproché de quelques citoyens dans la ville de Cotonou pour recueillir leurs avis. Lire ci-dessous l’intégralité de leur propos.
Moise Codjo, Agents des Ptt à la retraite : « C’est une bonne chose pour moi »
« Le déguerpissement qui a été engagé par la préfecture de Cotonou n’a pas démarré cette année, il y a un moment que cela a démarré avec l’ancien préfet, mais le constat c’est que aussitôt, quand on déguerpit les gens des trottoirs, deux ou trois jours après, ils reviennent. Quant à l’opération qui est en cours, a priori si on ne se rapproche pas des intéressés pour se renseigner, on a l’impression que c’est de la méchanceté. Ce n’est pas bien. Tout le monde crie, mais quand je me suis rapproché de certains, ils sont bien informés. On les avertit des jours plus tôt. Le chef quartier passe pour les mettre en garde de dégager les trottoirs parce que les trottoirs sont pour les piétons. Mais malgré ça, ils s’entêtent et persistent. Je crois qu’il est temps que les gens fassent preuve de civisme pour dégager les trottoirs sinon cela engendre beaucoup de dégâts. Même les commerçants s’en prennent parfois aux piétons qui veulent passer. On gare tout, on met les marchandises sur les trottoirs, ce n’est pas bon. Il est temps que les cotonois, les commerçants comprennent qu’il faut libérer les trottoirs pour les piétons, même pour la propreté de nos villes, c’est nécessaire. Ce n’est pas seulement Cotonou, cela est valable pour les autres villes. C’est une bonne chose parce que quand l’ancien préfet avait fait ça entre-temps, il y a des espaces occupés par les buvettes, moi je n’avais jamais su que c’était un domaine public, mais les gens s’étaient installés et exploitaient ça, donc c’est une bonne chose, il faut que les gens comprennent ça pour une ville propre »
Agba Daniel Sèwadé, revendeur d’essence à Tokplégbé : « C’est une bonne initiative… Si le gouvernement ne prend pas en charge ces personnes, quel que soit ce qu’il fera, ils n’arrêteront jamais d’occuper les routes ».
« Je n’ai pas personnellement été victime du déguerpissement, mais j’ai assisté des gens qui en ont été victimes. Lorsque j’ai vu ces personnes, j’ai été choqué parce que c’est ce qu’ils font pour subvenir aux besoins de leurs familles. Et voilà qu’ils ont demandé à ce qu’on recase ces personnes-là. J’ai été surpris du jour au lendemain de voir les policiers. Ils ont déguerpis de cette zone le 26 du mois passé. Nous sommes tous sous les ordres du président et il a le droit de gérer le pays comme. Ce que j’aimerais que le gouvernement fasse, est qu’il recrute les jeunes dans les différents secteurs. Il peut par exemple recruter dans les marchés en construction actuellement. Même si je n’ai pas été victime, c’est possible que cela m’atteigne un jour et que je sois dans cette situation. Comme l’homme doit manger, que ceux qui ont été chassés changent de stratégie de travail. Moi j’ai plusieurs stratégies pour continuer ce que je fais pour manger. Si un policier vient me déguerpir, je n’ai qu’à changer ma stratégie. Si le gouvernement ne prend pas en charge ces personnes, quel que soit ce qu’il fera, ils n’arrêteront jamais d’occuper les routes. Nous sommes tous têtus dans le pays »
Bessanh Éric Benoît, agent d’entretien à la Sgds, photographe de profession : « Cela va permettre à notre pays d’avoir une certaine beauté »
« J’estime pour ma part que la reprise de la libération des lieux public et surtout des trottoirs par le préfet Orounla est une très bonne chose. Cela va permettre à notre pays d’avoir une certaine beauté. Je souhaiterais que le préfet du Littoral continue ainsi parce que pour avoir un bon environnement sain, j’estime pour ma part que c’est ce qu’il faut. J’encourage l’Etat à aller dans ce sens, car le développement d’un pays ne peut être prouvé que par le développement des routes et libérer les trottoirs c’est préserver les routes »
Ahouanssou Colette, vendeuse de Valises à Ganhi : « Cela va de notre intérêt à tous que la voie soit dégagée, propre et belle »
« L’initiative qui a été engagée est très bonne. Cela va de notre intérêt de tous que la voie soit dégagée, propre et belle. Le déguerpissement, je ne vois pas d’inconvénient à cela car selon moi, cela entre directement dans la perspective des réformes engagées par le Président Patrice Talon pour le développement de notre très cher pays et c’est un effort à encourager. Avant le lancement de l’opération, nous avons reçu l’ordre des autorités de quitter les lieux. Sur ce coup, je salue l’amabilité et le bon sens civique du préfet Orounla, car bien même avant et après les communiqués passés à la radio et à la télévision, il a pris le temps de passer lui-même d’étalage en étalage pour avertir tout le monde, en tout cas ici à Ganhi. C’est un monsieur qui n’est pas du tout violent et qui fait son travail avec respect. Je voudrais implorer encore une fois le Gouvernement de Talon de penser à un emplacement propre à ces bonnes dames afin de leur permettre donc d’exercer. Et à l’endroit de la population, je vais simplement leur dire de prendre en compte les avertissements des autorités pour ne plus être victime de ces situations car comme le dit-on, « le Dieu qui n’avertit pas, ne tue pas » «
Propos recueillis par Fortuné Dotin (Stag) et Gracia Bello (Stag