Le tout nouveau ministre conseiller aux affaires économiques du président Patrice Talon s’est prononcé sur la consécration de Romuald Wadagni en qualité de meilleur ministre africain des Finances de l’année 2024. L’expert-comptable Paulin Akponna y voit une reconnaissance du mérite de l’homme et un honneur pour le Bénin. Lire la quintessence des propos qu’il a confiés à la rédaction de Le Matinal.
Le Matinal : En votre qualité d’expert-comptable, quelle lecture faites-vous de la distinction du ministre de l’Économie et des finances ?
Paulin Akponna: Je voudrais d’entrée noter que c’est une énième distinction pour le ministre des Finances Romuald Wadagni et par ricochet pour le Bénin, de façon globale, puisque le ministre Wadagni est membre d’un gouvernement, un gouvernement qui travaille sous le leadership du président Patrice Talon. Et depuis son arrivée au pouvoir en avril 2016, il a essayé de mettre en œuvre un programme d’action du gouvernement que nous avons appelé Pag1 de 2016 à 2021, et de 2021 à 2026, le Pag2, qui est en cours d’exécution. Alors, pour mieux cerner les raisons qui justifient cette distinction honorifique qui nous honore tous d’ailleurs, vous n’êtes pas sans savoir que la vision du chef de l’État, c’est de révéler le Bénin sous toutes ses formes. C’est aussi une manière de révéler le Bénin à travers la bonne santé de son économie, les bonnes pratiques de gestion, la bonne gouvernance à la tête de l’État, la lutte contre la corruption et l’impunité etc…La résultante de tous ces efforts est constatée par ce qu’on appelle la croissance économique exprimée en taux de variation du Produit intérieur brut (Pib). A la fin de l’année 2015 ou début 2016, quand le président Talon arrivait au pouvoir, le taux de croissance économique au Bénin était de 2,1%. Vous pouvez consulter les archives. Depuis 2016, ça suit une tendance haussière. Cette tendance haussière est passée à fin 2016 à 4% déjà, en 2017 à 5,6% pour connaître son pic en 2021 avec un taux de 7,2%. Si vous voyez entre 2017 et 2019, il y a eu une baisse due à la crise sanitaire du Covid-19, doublée de la fermeture de la frontière du Nigeria. Mais malgré ça, l’économie est restée résiliente pour faire le pic de 7,2% en 2021. Par la suite, la guerre de l’Ukraine s’est aussi invitée dans le jeu pour perturber la stabilité économique au plan mondial mais le Bénin est resté résilient fort de ses expériences de la crise sanitaire de la Covid-19 et de la fermeture de la frontière du Nigeria. Le Nigeria, je vais le rappeler, est le premier partenaire commercial du Bénin. Donc, de ces deux crises cumulées, le Bénin a réussi à développer une certaine résilience de son économie. C’est ce qui fait que le taux de croissance, malgré la guerre de l’Ukraine, est resté stable autour de 6,4% jusqu’à l’heure où nous parlons avec une prévision de 6,6 pour 2024. Donc, ça se voit aisément que notre économie est en bonne santé.
A côté de la croissance économique, on peut aussi parler de la gestion de la dette. Le taux d’endettement du Bénin est aujourd’hui à 53% en 2023. Et le gouvernement travaille à le ramener à 50% d’ici 2026 malgré qu’au niveau communautaire, le seuil de stabilité est de 70% du Pib. Donc, nous avons encore une bonne capacité d’endettement.
Alors, qu’en est-il de l’inflation ? Le taux de l’inflation, je vous donnerai les taux les plus récents. En octobre, le taux d’inflation était à 2,10%, l’un des plus faibles de là sous-région, contre 2,60% en septembre. Donc, il y a eu une baisse du taux d’inflation.
Alors, quel autre élément d’appréciation ?
À côté de tout ça, il y a la notation. La notation se fait par des organismes libres et indépendants, notamment, qui pensent que notre économie est actuellement, je crois, à B+ avec des perspectives positives.
Donc, quand on regarde tout ça, on peut être fier de savoir que, devant des économies comme le Maroc, la Côte d’Ivoire, le Nigeria et l’Angola, le Bénin se place en tête. Le Nigeria et l’Angola, je peux le rappeler, ce sont des pays grands producteurs de pétrole. Et vous savez qu’au Bénin, notre économie est essentiellement fiscale. Ce qui justifie cette performance de notre économie, ce sont les réformes. Il y a eu des réformes structurelles ambitieuses qui ont permis d’avoir la maîtrise de la gestion budgétaire et fiscale à travers la transparence dans la gestion. Il y a aussi l’assainissement de l’environnement économique et du monde des affaires ainsi que des investissements stratégiques au niveau de Maria-Gléta, pour l’autonomisation énergétique par exemple. Sans l’énergie, on ne peut rien faire. Le commun des Béninois pense que quand on parle de l’énergie, c’est juste pour l’usage domestique. Non, c’est surtout les industriels qui consomment l’énergie électrique. Donc, sans l’autonomisation, sans de l’énergie de bonne qualité et en quantité suffisante, on ne peut pas réussir l’industrialisation. Et vous voyez très bien, tout le monde en parle. Le monde entier est fier de passer à Glo-Djigbé pour regarder ce qui se fait dans la zone économique. Il y a eu aussi l’extension du Port de Cotonou qui a joué un rôle important dans la prouesse économique du Bénin.
Donc, voilà autant d’éléments qui ont contribué à ce succès, que nous pouvons tous saluer et être fiers. Et c’est l’ensemble du Programme d’action du gouvernement qui est salué ainsi, puisque les finances sont au cœur. Quand vous regardez le dispositif de mise en œuvre du Programme d’action du gouvernement et le dispositif de son suivi-évaluation, au cœur de ce dispositif, se retrouve le ministère des Finances et de l’économie. Et donc, c’est tout le Programme d’action du gouvernement qui est primé. C’est le leadership et la gouvernance du Président Patrice Talon, qui sont primés et c’est encourageant. Voilà pourquoi nous devrions travailler pour la pérennisation de ces acquis, au-delà même de 2026, et nous inscrire dans la continuité de l’action gouvernementale pour bâtir un Bénin prospère et laisser un héritage conséquent à la postérité.
Tant qu’il reste à faire, c’est que rien n’est fait. Il y a encore quelques craintes au niveau de la population, comme quoi le panier de la ménagère est vide, tout le monde n’arrive pas à manger à sa faim. Selon vous, qu’est-ce qui doit être fait pour que, sur ce plan-là, le gouvernement, au-delà du ministre des Finances, l’ensemble du gouvernement et son chef puissent véritablement être portés en triomphe au terme du mandat du chef de l’État en 2026 ?
Je dirais plutôt, tant qu’il reste à faire, c’est que quelque chose a été fait. Aujourd’hui, on ne peut pas dire au Bénin que rien n’a été fait. C’est visible. Les réalisations du Programme d’action du gouvernement parlent d’elles-mêmes. On n’a plus besoin de vulgariser le Programme d’action du gouvernement. On n’a plus besoin de sensibiliser sur les réalisations. Les aveugles ont vu et les sourds ont entendu ce qui se passe au Bénin. Le Bénin aujourd’hui, est devenu une vitrine de l’Afrique en général et tout le monde a envie de visiter le Bénin. Vous savez, habituellement, dans les années 2010 à 2015-2016, on a du plaisir à aller passer le week-end à Lomé. Pour ceux qui ont un peu plus de moyens, ils passent leur week-end à Abidjan. Donc, aujourd’hui, c’est le mouvement inverse que nous remarquons parce que le Programme d’action du gouvernement du président Patrice Talon a eu le génie d’investir massivement dans le tourisme. Et des sites d’attractivité existent aujourd’hui au Bénin avec des routes en bon état qui permettent aux gens de circuler, avec de la lumière qui est stable et qui permet aux gens de circuler la nuit. Il en est de même pour la sécurité grâce à la réforme de la police républicaine. La réforme née de la fusion de la police nationale et de la gendarmerie. Aujourd’hui, la sécurité est de plus en plus assurée. Les forces de l’ordre sont beaucoup plus professionnalisées. Ce qui fait que notre pays est devenu une vitrine de l’Afrique aujourd’hui.
Maintenant, pour ce qui est du langage politique, tenu à l’intérieur, où les gens racontent abondamment que le Béninois a faim. Moi, je ne sais pas s’il y a un seul Béninois, quelque part, qui a travaillé et qui n’a pas perçu son salaire ; s’il y a un professionnel indépendant qui a travaillé quelque part et que ses honoraires ne lui ont pas été payés ou encore nos braves et bonnes dames vendre sans être payées. Le véritable problème, c’est que le Béninois a été habitué à la facilité. Le régime qui a précédé le régime de la rupture a procédé à ce qu’on appelle la dilapidation des fonds publics en allant distribuer des miettes à la populations alors que eux, ils en volent et ils en détournent massivement allègrement et impunément.
Aujourd’hui, grâce à l’assainissement de la gestion des fonds publics, ils disent que l’argent t ne circule pas alors que l’argent circule bien et bel et bien pour faire des routes de bonne qualité, pour donner de l’électricité à nos populations, pour donner de l’eau à ceux qui n’en n’ont pas, et pour construire le Chic, l’hôpital de référence de Calavi, des hôpitaux de zone avec des plateaux techniques modernes. C’est ce que cet argent qui ne circule plus fait aujourd’hui. Donc, le Béninois vivait au-dessus de ses moyens. Tous ceux qui travaillent aujourd’hui arrivent à s’en sortir. Et cela devrait interpeller surtout notre jeunesse pour qu’elle cesse de se laisser manipuler et instrumentaliser par les politiques véreux qui n’offrent aucune alternative au Programme d’action du gouvernement du président Patrice Talon et ne trouvent qu’à dire que « nous allons restaurer la démocratie, le peuple a faim ». Ce sont des langages creux, sans programme d’action ni projet de société en face de ce que le président Patrice Talon depuis 2016 est en train de réaliser au Bénin avec des résultats tangibles.
Il y a par ailleurs au plan social, plusieurs dispositifs qui sont mis en place. Je vais parler du projet Arch avec ses volets Assurance maladie, Microcrédit Alafia, par exemple, dont les populations vulnérables et beaucoup de femmes en bénéficient. Avant la réforme du micro crédit aux plus pauvres, les bénéficiaires ne le sont que sur papier et ne percevaient pas effectivement les fonds et pour celles qui y arrivent, c’est après d’énormes tracasseries. Mais aujourd’hui, ça a été digitalisé. Et dès qu’un groupe de femmes remplit les conditions, les bénéficiaires reçoivent de façon individuelle les crédits sur leur portable directement via les Momo ou Flooz selon les cas.
Il en est de même pour les Petites et moyennes entreprises (Pme) pour lesquelles le gouvernement a mis en place un guichet unique d’accompagnement à travers l’Agence de développement des Pme aux fins de leur compétitivité. Les Pme représentent plus de 90% de la population d’entreprises au Bénin. Booster leur croissance, c’est maintenir et créer d’autres emplois aux jeunes. Le gouvernement vient également de compléter le dispositif par un Fonds d’investissement et de garantie pour leur faciliter l’accès au financement. Nous ne pouvons occulter les réformes au niveau de l’agriculture par la modernisation à travers la mécanisation et une politique intelligente de diversification de la production et d’organisation des filières encoure. L’agriculture offre en effet plus 70% de l’emploi national et contribue à hauteur de 30% dans la richesse nationale.
Donc, dire aujourd’hui que le peuple a faim, c’est absolument faux. Il faut plutôt demander aux opposants de changer de mentalité et de s’inscrire dans la dynamique de ce que chacun devra se nourrir de son travail et se contenter de son salaire. Nous sommes aujourd’hui dans un pays, dans un Bénin de mérite, dans un Bénin qui est remis au travail. Et seuls ceux qui travaillent pour gagner leur vie à la sueur de leur font pourront s’en sortir véritablement. Et pour ce qui concerne l’avenir, vous devez savoir que pour les investissements d’aujourd’hui, il y aura des retours sur investissement à l’avenir. Ce sont des investissements structurants qui vont produire des revenus à l’avenir et permettront à l’État d’avoir plus de moyens pour offrir des opportunités d’emplois stables et procéder à la répartition de la croissance économique sous forme d’augmentation des salaires ou de diminution des impôts et taxes pour permettre aux populations dans leur ensemble, de bénéficier de ce retour sur investissements. Mais pour le moment nous n’en sommes pas encore là. Nous devrions continuer la dynamique et travailler dur pour atteindre un croissance à deux chiffres et bâtir un Bénin prospère.
Un mot pour conclure cet entretien ?
Pour finir, je crois que nous devrions dire bravo au ministre d’Etat Wadagni et merci au président Patrice Talon pour son leadership éclairé et que vive la continuité de l’action gouvernementale.
Propos recueillis par Serge Adanlao