(Les bénéficiaires pourront-ils contourner le nouveau Code électoral ?)
A la lecture des nouvelles modifications apportées au Code électoral, il est indéniable que les partis politiques sont désormais mis au cœur du jeu politique. Sauf cataclysme, le prochain locataire de La Marina sera un acteur de leur écurie. C’est l’une des questions réglées par la nouvelle mouture de la loi 2024-13 modifiant et complétant la loi 2019-43 du 15 novembre 2019 portant Code électoral adoptée par l’Assemblée nationale. Malgré cette avancée, les activistes des suscitations tous azimuts de candidatures, n’ont pas baissé la garde. Une actualité qui suscite des interrogations même si le nouveau Code n’a pas interdit la chose.
Après la validation du nouveau Code électoral, tous ont compris qu’un nouveau coup d’accélérateur venait d’être donné à la réforme du système partisan, l’un des défis majeurs du président Talon quand il accédait au pouvoir en 2016. Son vœu était de matérialiser cette volonté de toute la classe politique béninoise qui voulait que le système partisan soit réformé. Il était alors question pour le président Talon, malgré les diverses insinuations et calculs politiciens de ceux qui ne partagent pas sa vision, de travailler à avoir des partis politiques forts et ayant une envergure nationale. Les partis politiques sont ainsi remis au cœur de l’action politique. Dans le marigot politique du pays, la course à la succession du président Patrice Talon constitutionnellement forclos, donne l’impression d’être lancée. Il n’y a pas cette semaine où nous ne lisons et ne regardons à travers les médias, des activités liées à la suscitation de candidature de telle ou telle autre personnalité. Des individus contournant les partis politiques appellent des particuliers non militants à s’aligner pour les prochaines élections présidentielles. Mieux, certains proclament urbi et orbi, l’échec des partis politiques pour justifier leurs actions. Une manœuvre qui certes n’est pas anticonstitutionnelle mais qui semble totalement en déphasage de la dynamique en cours qui vise à faire des partis politiques, les principaux acteurs de la gouvernance politique.
Renforcer la nouvelle dynamique politique
Pour peu que l’on fasse attention, l’arsenal électoral qui est conçu devrait normalement démotiver ces individus qui appellent des acteurs non militants à être candidats pour l’élection présidentielle de 2026. Ces individus qui visiblement déterminés à poursuivre leurs manœuvres, sont selon certains analystes, dans une optique d’imposer tel choix ou de forcer la main aux partis politiques. Certains estiment par contre, que les agitateurs des suscitations de candidatures, seraient juste de plaisantins qui veulent appâter des potentiels présidentiables aux fins de leur tirer quelques ressources. Une lecture qui ne manque pas de pertinence quand on sait que certains leaders des soi-disant mouvements de suscitations de candidatures sont des inconnus au bataillons, ne pouvant se prévaloir d’aucune plus-value en politique au profit du candidat qu’ils appellent à s’aligner dans les starting-blocks de la Présidentielle de 2026. Pour nombre d’observateurs, même si le Code électoral a semblé trancher la question, au sein des formations politiques, le débat serait toujours d’actualité. Dès lors, il revient aux partis politiques de prendre leurs responsabilités vis-à-vis de leurs militants qui résistent à la nouvelle donne. Sur la question, le président Talon a été on ne peut plus clair : «Je ne pense pas que les politiques vont avoir des discussions de coulisses d’ici un an, un an et demi, mais la fièvre politique même ce sera peut-être 6 mois avant et je ne pense pas que des choses fondamentales majeures se décideront au sein des partis politiques plus de six (06) mois avant l’échéance». Une déclaration qui démontre clairement que tout ce qui se joue actuellement est juste du pur théâtre. De toute évidence, il ne fait l’ombre d’aucun doute que les partis politiques vont travailler à sécuriser le parrainage qui désormais ne sera plus une arme qu’il ne serait loisible à son détenteur, de manipuler à son gré.
Abdourhamane Touré