A l’initiative de l’Aumônerie nationale des cadres et personnalités politiques soutenue par la Conférence épiscopale du Bénin (Ceb), il sera organisé à Cotonou, le jeudi 25 avril 2024, un colloque sur le Code électoral. Une démarche diversement appréciée et qui, pour certains observateurs, manque de cohérence et de lisibilité.
A quoi joue l’église catholique ? Telle est la question qui agite beaucoup d’esprits depuis l’annonce par certains responsables de l’Eglise catholique du Bénin, de l’organisation d’un colloque sur le Code électoral. A en croire le père Nathanaël Soèdé, l’aumônier des cadres et personnalités politiques, cette rencontre portera sur le thème : « Le Code électoral, le vivre-ensemble et la participation de tous à la construction de la nation : contribution de l’église à la paix sociale pour des élections véritablement démocratiques en 2026 ». S’il est vrai que l’Eglise catholique a, dans l’histoire politique du Bénin et à maintes occasions, joué un rôle déterminant dans la préservation de la paix et la consolidation de l’unité nationale, les présentes assises annoncées brouillent cependant toute grille de lecture relativement au timing et aux objectifs affichés. Beaucoup estiment en effet, que la démarche de l’Eglise catholique manque de cohérence. Ceux-ci soutiennent qu’elle intervient tard sur un sujet sensible sur lequel il lui était loisible d’apporter sa contribution et sa lecture en son temps. Sur la question au cœur du colloque, la démarche de l’Eglise parait tardive vu que la loi objet de discussion, a déjà franchi les étapes d’adoption, de vérification de conformité et même de promulgation. Dès lors, les dispositions de cette loi s’imposent à l’ensemble des partis politiques, y compris ceux de la mouvance présidentielle. Où était donc l’Eglise quand le sujet polarisait les attentions ? Qu’a-t-elle fait en son temps pour recadrer la classe politique et obtenir le consensus autour de la loi ? A-t-elle aujourd’hui les moyens d’induire une remise en cause de cette disposition au point d’obtenir son abrogation ? Autant de questions qu’inspire l’initiative du colloque qui selon certaines indiscrétions, intervient tard dans un monde trop vieux.
Suspicions
L’initiative divise même sein de l’Eglise où une frange de fidèles préfère qu’elle reste en dehors de cette question. De même, selon des indiscrétions, l’Union islamique du Bénin (Uib) serait réticente sur le colloque annoncé par l’Eglise catholique. Aussi, coule-t-il de sources bien introduites, que certains partis proches de la mouvance présidentielle ont décliné l’invitation en ce qu’ils auraient relevé des griefs contre la démarche de l’Eglise catholique. Une réticence qui se justifie par le constat que certains responsables de l’opposition, ont multiplié les démarches à l’endroit du clergé, au lendemain de l’adoption du nouveau Code électoral. Certains ont même promis et juré devant micros et caméras que ce Code ne servira pas à l’organisation des élections de 2026. La tenue du colloque annoncé et au terme duquel, la trajectoire des recommandations qui en seront issues est prévisible, apparait comme un des épisodes du plan des partis de l’opposition pour brouiller les pistes et créer des tensions dans le pays. L’Eglise catholique est, à tort ou à raison, taxée de prêter flanc à ce jeu. Ce qui laisse perplexe quant à sa neutralité et à l’impartialité qu’elle est censée incarner vis-à-vis des acteurs politiques. Au demeurant, sa position s’analyse en une ingérence maladroite dans les affaires politiques.
Ce que l’Eglise aurait dû faire
Pour des observateurs, cette mission de sapeurs-pompiers de laquelle l’Eglise catholique semble avoir été investie risque de déteindre sur sa crédibilité. En sa qualité de médiatrice des querelles politiques, elle se doit d’inviter les détracteurs du nouveau Code électoral à aller sur le terrain travailler pour consolider leurs bases afin de répondre aux exigences de la nouvelle loi.
Abdourhamane Touré
L’époque où l’église Catholique était un contrepouvoir politique est révolue. Elle doit se consacrer à la consolidation de la foi de ses fidèles, les inviter à donner à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. C’est ce à quoi elle devait inviter le parti Les Démocrates. À plus de retenues dans les discours et à se conformer aux nouvelles exigences politique de l’heure. Tout bon citoyen se doit de se plier à la nouvelle loi.