« Cana est l’alpha et l’oméga du royaume de Danxomè », précise Dah Langanfin Aïhotogbé Glèlè, chef du canton de Cana, dans la Commune de Zogbodomè. Retraçant la courbe du mouvement migratoire de ses aïeux sur le plateau de Danxomè, le dignitaire de la cour royale d’Abomey a expliqué que Dogbagli Guinnou, l’ancêtre des Houégbadjavi, après Allada, s’est installé dans la forêt des gros gibiers communément appelée « Lanzoumè », située dans le village d’Aladaxo, arrondissement de Cana. Nous sommes au 13ème siècle. Ici, il a vécu pendant plusieurs années en compagnie de ses cinq enfants. Il s’agit de Gangnihessou, Zanvoh, Dako-Donou, Zon et Djègbo. Après la mort de leur père, ils se sont déplacés vers l’Est de Cana pour créer la localité de Houawé. De cette région, Aho, fils de Gangnihessou plus connu sous le nom fort de Houégbadja est allé créer Agbomè. Tout en approuvant cette courbe reconstituée par Dah Langanfin Aïhotogbé Glèlè, Bah Bachirou Nondichao apporte une petite nuance. Selon lui, Dogbagli Guinnou et sa suite n’ont pas vécu à Aladaxo pendant longtemps. « Ils ont juste fait une escale pour une pause de quelques jours». Poursuivant ses explications, Bah Bachirou Nondichao se souvient que Cana, à l’origine, s’appelait Za. Sa position géographique par rapport à Danxomè a aiguisé la convoitise du roi Tégbéssou. Ce souverain en a fait sa base arrière où il a installé ses divinités importantes, conservé ses biens utilitaires et son palais princier. Il sera rejoint plus tard par Glèlè et Guézo qui y ont également construit un de leur palais princier. Avant de concrétiser son rêve, Tégbéssou s’est rapproché des habitants de la localité de Za pour partager avec eux sa vision. Ces derniers y ont opposé une résistance farouche parce qu’ils ont entrevu à travers cette initiative de Tégbéssou une sorte de « colonisation ». Ne voulant pas aliéner leur liberté, ils n’ont pas cédé, malgré toutes les concessions du roi. Ainsi, le souverain a fait recours à la force pour les chasser tous. De ce fait, tout en conservant leur nom du départ, ils ont élu domicile derrière Tindji pour fonder les environs. Le terrain étant balisé, Tégbéssou a reconstitué le village avec des communautés cosmopolites et le rebaptisa Cana qui signifie ‘’venir de tous les horizons’’. Bah Bachirou Nondichao, a précisé que de toutes les thèses montées pour justifier le fondement de Cana, celle évoquée ici est plus plausible. Au regard de sa position stratégique, cette contrée est devenue la terre sainte du royaume de Danxomè parce qu’elle abrite son précieux patrimoine.
Z.T