Des représentants des gouvernements d’Afrique de l’ouest et du centre, des organisations internationales telles que les Nations unies, et partenaires financiers incluant une délégation de haut niveau de la France, se sont réunis le mercredi 17 avril 2024 à Cotonou, au Bénin. C’était pour la tenue de la Conférence de haut niveau du Fonds français Muskoka (Ffm) dénommée « Conférence des partenaires », organisée sous le haut patronage du ministère de la Santé du Bénin.
L’occasion est dédiée à la discussion des enjeux et des défis pour atteindre la couverture de santé universelle pour toutes les mères, les nouveau-nés, les jeunes et les adolescents par le renforcement de la résilience des systèmes de santé dans la région. En effet, En Afrique de l’Ouest et du Centre, le fardeau de la mortalité maternelle demeure alarmant, avec une femme décédant toutes les 4 minutes en donnant la vie, représentant un taux de mortalité maternelle de 724 pour 100 000 naissances vivantes en 2020. Dans les six pays partenaires du Fonds français Muskoka (Bénin, Côte d’Ivoire, Guinée, Sénégal, Tchad et Togo), ce taux s’élève à 546,5 pour 100 000 naissances vivantes, entraînant la perte de plus de 3 femmes par heure en raison de complications liées à la grossesse, à l’accouchement et au post-partum. Concernant la mortalité néonatale, le tableau est tout aussi préoccupant, avec un taux moyen de 27,3 pour 1000 naissances vivantes dans les six pays soutenus par le Ffm en 2022. Aussi, il faut constater que dans les six pays soutenus par le Ffm, près de 15 % des jeunes filles âgées de 20 à 24 ans ont été mariées avant l’âge de 15 ans, mettant en lumière des préoccupations importantes liées aux mariages précoces et à leurs conséquences sur la santé et le développement des jeunes filles. Le taux de grossesses non désirées demeure élevé dans la région, avec 76 % pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans en Afrique de l’Ouest et du Centre, et de 73,8 % dans les pays soutenus par le Ffm. La situation de la santé des adolescentes est également préoccupante, avec un taux de natalité élevé chez les adolescentes dans les 6 pays soutenus par le Ffm, dépassant 113 pour 1 000 adolescentes. Dans ce contexte, le Ffm, mécanisme inter-agences des Nations Unies (Oms, Onu Femmes, Unfpa et Unicef), qui opère depuis 2011 dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du centre, joue un rôle essentiel afin d’accélérer la réduction des mortalités maternelle et infantile et d’améliorer les santés reproductive, sexuelle, maternelle, néonatale, infantile et de l’adolescent, ainsi que la nutrition (Srmnia-N). « Depuis 2010, la mortalité maternelle a chuté de 23%, la mortalité infantile de 25%, et le taux d’accouchement a augmenté de 24%. De plus, les unités de soin mère kangourou ont permis de sauver 99% des nourrissons prématurés. Ces progrès sont le fruit d’un travail acharné et de dévouement envers la santé des mères et des enfants », s’est réjoui Christophe Guilhou, directeur des Affaires globales du ministère de l’Europe et des affaires étrangères français. A l’en croire, le Ffm, en collaboration avec les gouvernements et les partenaires internationaux, soutient la nécessité de mobiliser les ressources nécessaires pour construire des systèmes de santé résilients et assurer des services de soins et santé de qualité, accessibles et abordables pour tous, sans laisser personne de côté. « Grâce au soutien du Ffm, les indicateurs clés de santé des pays bénéficiaires ont connu une amélioration. Cependant, une accélération est nécessaire pour ne pas manquer les objectifs de développement durable de 2030. L’Oms soutient cette initiative et appelle les bailleurs à continuer leur appui », a soutenu Dr Jean-marie Vianny Yameogo, Représentant résidant Oms Sénégal. Pour sa part, Mireille Kamitatu, directrice régionale adjointe Onu Femmes, notifie qu’en dépit des progrès accomplis, il est constaté des reculs dans les droits qui entravent l’épanouissement des femmes et des adolescentes, ainsi que leur bien-être. « Il est impératif de redoubler d’efforts. Cette conférence est donc opportune, car nous avons besoin de ressources supplémentaires pour promouvoir l’autonomisation des femmes », a-t-elle fait savoir. C’est pour cela que Fabrizia Falcione, directrice régionale adjointe de Unfpa Afrique de l’ouest et du centre, appelle les partenaires internationaux à investir dans la santé maternelle. « C’est un investissement dans l’avenir. Les femmes sont les piliers de leurs communautés. Investir dans leur santé, c’est investir dans la prospérité de tous », a-t-elle convaincu. Pour le professeur Benjamin Hounkpatin, ministre de la Santé du Bénin, à mi-parcours du Ffm, les systèmes de santé sont confrontés à des défis de financement et à des crises sécuritaires, accentuant la marginalisation de certaines catégories de personnes. « Malgré l’engagement des gouvernements nationaux, la contribution des partenaires est déterminante. Renforcer l’intégration des services et mettre l’accent sur la prévention et les interventions précoces sont essentiel pour une couverture sanitaire universelle efficace », a-t-il insisté. La conférence s’est déroulée autour de quatre sessions qui ont permis aux différents participants de constater que l’engagement des uns et des autres va faciliter l’atteinte des objectifs.
