Une partie de l’opposition béninoise, visiblement désœuvrée et en proie à une agitation stérile tente depuis quelques jours, de se faire une visibilité en surfant sur les conditions carcérales de Reckya Madougou et Joël Aïvo, deux concitoyens sur les milliers en détention au Bénin. Un sujet dépassé et inutile dont on force l’actualité au détriment d’autres plus intéressants pour l’opinion publique. Heureusement, les personnes ciblées dans cette bataille, comme à leur habitude, ont ignoré le débat. La preuve d’un échec pour le parti « Les démocrates » et ses alliés.
Patrice Talon ne cèdera pas à cette pression
Le premier à lancer le débat est Joël Aïvo qui, depuis son milieu carcéral, s’est permis d’adresser une lettre au garde des sceaux, ministre de la Justice pour évoquer les conditions de sa détention. Comme à son habitude, il y est allé, d’un ton et d’un style discourtois, oubliant qu’il est un prisonnier qui devrait faire preuve de docilité et de soumission aux autorités afin de les rassurer de sa repentance. Il devrait savoir que l’emprisonnement vise à amener un citoyen à prendre conscience de ce qui lui est reproché et à changer de comportement. A la suite du Professeur de droit, ce fut le tour de Reckya Madougou d’alarmer l’opinion publique sur ses conditions de détention. Les webactivistes commis à leurs services ont pris le relai et par la suite, plusieurs autres soutiens jusqu’au parti Les Démocrates. A suivre le débat, les prisonniers Madougou et Aïvo ne sont pas détenus dans de bonnes conditions. Personne ne s’intéresse aux conditions de détention des autres prisonniers dans les maisons d’arrêt au Bénin. C’est à croire qu’au Bénin, il n’y a que ces deux compatriotes en prison. Plus personne d’autre ne mérite l’attention de l’opinion publique. Et comme si cela ne suffisait pas, on met en lumière les conditions de détention pour carrément exiger la mise en liberté des deux « privilégiés » de la République. Ils ont quoi de différents des autres Béninois et ne doivent pas être punis conformément à la loi. Sont-ils au-dessus de la loi ?
La totale
Madougou et Aïvo doivent être sortis de prison sans finir de purger la peine à eux infligée par la justice, au nom du peuple. Le débat va dans tous les sens et les députés du parti « Les démocrates » ont été jusqu’à élaborer une proposition de loi d’amnistie. Ce qui vient confirmer que ces députés sont allés au Parlement, non pas au nom du peuple et même de leurs électeurs, mais seulement pour accomplir une ultime mission : forcer la libération de Madougou et Aïvo. Pendant la campagne électorale, les responsables du parti « Les démocrates » ont crié partout qu’ils vont au Parlement défendre les intérêts du peuple béninois, surtout les pauvres. Depuis qu’ils y sont, ils ne font que s’attaquer à des dossiers d’intérêt personnel. Après leurs questions relatives à une histoire d’indemnités de leurs prédécesseurs, c’est à la libération de deux prisonniers qu’ils s’attaquent. Les députés de l’opposition ne se sentent pas concernés par le développement du pays. Ils ne veulent rien comprendre des projets en cours de réalisation et voir si l’Exécutif est sur la bonne voie. Nous avons vu des acquéreurs de parcelles de Togbin crier il y a seulement quelques jours. Aucun député de l’opposition ne s’est préoccupé du dossier, même dans les colonnes d’un journal ou sur un des réseaux sociaux. La Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) a demandé la déclaration des personnels de domicile et assimilés afin de sécuriser leur carrière. Aucun député de l’opposition ne s’est intéressé à ce sujet pour en faire un suivi. La commercialisation de la noix de cajou suscite des réactions depuis quelques temps au sein des producteurs et commerçants. Le parti « Les démocrates » n’en fait pas une bataille à mener. Les vrais débats sont ignorés. On préfère amuser la galerie sur des combats dont l’issue est déjà connue. Talon ne marchera pas sur une décision de justice pour céder à la pression de politiciens sans boussole. Il vaudrait pour eux de passer à autre chose.
Abdourhamane Touré
A.T