La prévalence du harcèlement sexuel au Bénin a atteint un niveau record dans les facultés et institutions. Des rapports en disent longs et appellent à une urgence d’agir.
Les facultés de santé, en particulier, sont souvent caractérisées par une hiérarchie rigide où les relations de pouvoir sont fortement asymétriques. Les étudiants, souvent jeunes et en majorité des femmes, sont vulnérables aux abus de pouvoir de la part de leurs supérieurs, qu’il s’agisse de professeurs, de superviseurs ou de personnel administratif. Cependant, les récents rapports et témoignages montrent que les facultés et instituts de santé du pays sont particulièrement touchés par ce fléau. Selon une étude intitulée « Maltraitance des étudiants et facteurs associés au sein de la Faculté de médecine de Parakou (Fm/Up) » en 2018, environ 10% des étudiants ont subi un harcèlement sexuel. Les auteurs de ces comportements de maltraitance subis par les étudiants étaient d’abord les médecins/enseignants, et les infirmiers puis les internes. Les étudiantes étaient trois fois plus harcelées sexuellement que leurs camarades du sexe opposé (p=0,0069). Plus les étudiants étaient âgés et inscrits au deuxième cycle des études médicales, plus ils subissaient l’humiliation (p=0,0001 pour l’âge et p<0,0001 pour le niveau d’étude) et la violence verbale (p=0,0007 pour l’âge et p<0,0001 pour le niveau d’étude).
Des études récentes et des témoignages montrent également que le harcèlement sexuel est rampant dans ces milieux au Bénin. Selon une enquête menée en 2023, près de 60 % des étudiantes en santé ont été victimes de harcèlement sexuel au cours de leur cursus. Après le temps des sensibilisations le jeudi 12 avril 2024, l’Institut national de la femme (Inf) avait entamé la phase de répression des Vgb (Violences basées sur le genre) en milieu universitaire. Au terme des investigations menées, dans cette croisade contre les pourfendeurs de la loi, les statistiques ont confirmé l’acuité du fléau dans les académies de santé. Au regard de ce constat, l’Institut a procédé à une prise de conscience vis-à-vis du phénomène. A fortiori, un manifeste a été adopté à la fin de cette campagne avec pour mots d’ordre : l’éthique de l’enseignant éducateur et le devoir de dénonciation de l’apprenant harcelé. Ceci montre que le gouvernement s’est armé pour l’éradication de ce phénomène. Mais il urge de multiplier les armes car les victimes de harcèlement sexuel dans ces milieux sont souvent réduites au silence par la peur de représailles, la honte et la stigmatisation sociale. Ces causes des fléaux ne sont pas sans conséquences sur leur avenir. Le harcèlement sexuel a un impact profond sur la santé mentale des victimes, causant de l’anxiété, de la dépression et parfois un décrochage académique. Beaucoup de victimes abandonnent leurs études ou changent de filière pour échapper à leurs agresseurs.
Solutions possibles
La prévalence élevée du harcèlement sexuel dans les facultés et instituts de santé au Bénin est un problème grave qui nécessite une attention particulière. Pour y remédier, il est indispensable de briser le silence, de renforcer les politiques institutionnelles et d’éduquer toutes les parties prenantes sur les comportements appropriés et les conséquences des abus. Il est aussi crucial de former et de sensibiliser régulièrement le personnel et les étudiants sur les droits et les obligations liés au harcèlement sexuel, afin de créer un environnement de tolérance zéro.
Estelle Vodounnou (Coll)