Avec près de 70% des suffrages exprimés, les partis politiques proches du pouvoir, ont remporté haut les mains, les Législatives du 8 janvier 2023. Une victoire obtenue au détriment du parti Les démocrates dont l’objectif clairement affiché était de renverser la tendance. L’un des grands perdants dans cette bataille est le président d’honneur Boni Yayi pour qui cette élection était une passerelle pour se repositionner dans l’arène politique. Cette prise de position de l’ancien président béninois sur le théâtre des élections législatives, handicape ses chances d’être investi pour d’autres missions de médiation à l’avenir.
Les Législatives du 8 janvier 2023 rentrent progressivement dans l’histoire. Après le verdict de la Cour constitutionnelle qui a rendu publics, jeudi 12 janvier 2023, les résultats définitifs du scrutin, la tension a sensiblement baissé et ceux qui s’octroyaient une victoire imaginaire, se sont finalement ravisés. Si l’opposition à travers le parti Les démocrates, a réussi à tirer son épingle du jeu en s’offrant 28 sièges au terme du scrutin, le désenchantement se lit cependant sur certains visages. En effet, malgré son score qui est loin d’être ridicule, la joie n’est pas totale dans le rang du parti Les démocrates. Avant le scrutin, le parti n’a pas fait de mystère sur son ambition d’inverser la tendance et d’impulser un nouvel ordre politique au pays. Les lois dites liberticides et taillées sur mesure votées par le Parlement, devraient être annulées. Les réformes introduites au plan politique et autres, remises en cause. Le parti de l’opposition radicale entendait en effet, faire de ces Législatives, un référendum pour ou contre Talon. Pour parvenir à réaliser cette ambition, l’opposition n’a pas lésiné sur les moyens, lors de la campagne électorale et même bien avant. L’entrée en scène du leader charismatique du parti, Boni Yayi, lors de la campagne électorale, est venue comme pour donner du ciment à cette ambition. Un test de popularité qui finalement a mis l’homme devant la réalité. Son discours pour vouer aux gémonies le pouvoir et vendre la peur aux populations, n’a permis à sa formation politique de n’engranger que 598.560 voix soit 24,16% des suffrages exprimés. Devenu minoritaire, le parti est contraint, de reporter sine die ses ambitions de réviser la Constitution afin de sauter les verrous de la limitation de mandat et d’âge pour permettre à Boni Yayi de revenir au pouvoir. Désormais, tel un château de cartes, ses rêves se sont écroulés et Boni Yayi et les siens, devraient comprendre le message à eux envoyés par le peuple.
Quid de sa mission de médiateur?
En rentrant presque par effraction dans la campagne en dépit des bonnes intentions qu’on lui prêtait, Boni Yayi a déçu les espoirs de plus d’un. En effet, sa mission de médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en Guinée, faisait de lui une personnalité d’un certain prestige qui devrait se mettre en retrait de tout activisme politique. Mais c’est sans compter avec la boulimie du pouvoir de l’homme qui visiblement, n’a pas digéré l’échec de son candidat à la Présidentielle de 2016 et les déboires subis avec l’actuel régime. En faisant prévaloir son statut de militant au-dessus de celui de médiateur de l’organisation sous-régionale, Boni Yayi, s’est démarqué de ses pairs médiateurs qui se sont tous mis en réserve de la politique politicienne. Par son engagement sur la scène et au regard de son discours va-t’en guerre qu’il a tenu par endroits, Boni Yayi pouvait faire dégénérer la situation. Ce qui le mettrait dans une posture inconfortable et jetterait un sérieux discrédit sur sa capacité à assumer pleinement la mission à lui confiée. Bien que le Bénin ne soit pas arrivé à cette extrémité, beaucoup s’interrogent désormais sur la légitimité de l’ancien président béninois à continuer d’officier en Guinée comme médiateur.
Abdourhamane Touré