Cotonou, la vitrine du Bénin, ne fera plus les frais des pluies dévastatrices. Le président Patrice Talon a décidé de mettre la ville à l’abri des inondations en période de pluie. Le programme d’assainissement pluvial de Cotonou prend tout son sens pour atténuer les inondations et leurs impacts dans la ville.
Depuis sa création, la ville de Cotonou est sujette à des inondations cycliques, accompagnées de la destruction des biens et actifs des populations, la perturbation des activités socioéconomiques, la prolifération des maladies telles que la fièvre typhoïde et les maladies diarrhéiques. A cela, il faut ajouter des ouvrages d’assainissement inefficaces ou en nombre insuffisant et des exutoires naturels obstrués principalement par les déchets ménagers provenant des activités d’une urbanisation croissante et mal maîtrisée de la ville (occupation anarchique des exutoires, déversement des déchets dans les canalisations). Pour remédier à cette situation, les gouvernements successifs, avec l’appui de la Banque mondiale, ont initié plusieurs projets pour assainir le cadre de vie et l’environnement de la ville de Cotonou. On peut citer le Projet de réhabilitation et de gestion urbaine (Prgu 1992 – 1996), le projet de gestion urbaine décentralisée -phase 1 (Pgud 1999 – 2004), le projet de gestion urbaine décentralisée-Phase 2 (Pgud2 2006-2012), y compris le financement additionnel) et le projet d’urgence de gestion environnementale en milieu urbain (Pugemu). C’est dans ce contexte que le Programme d’assainissement pluvial de Cotonou (Papc) a été élaboré pour consolider les actions d’assainissement de la ville de Cotonou, en particulier l’assainissement pluvial, et ce, afin de réduire les inondations, l’insalubrité et la perturbation des activités socio-économiques et l’économie de façon globale.
Les composantes du Papc
Le Programme d’assainissement pluvial de Cotonou inclut quatre composantes à savoir la construction d’infrastructures de drainage des eaux pluviales et développement d’un mécanisme d’exploitation et de maintenance ; le renforcement de la planification, de la gestion et de la capacité en matière de résilience urbaine ; l’engagement communautaire pour la réduction des risques d’inondation et l’adaptation au changement climatique et la gestion du projet, suivi et évaluation. De ces quatre (04) composantes, c’est la composante 1 (construction d’infrastructures de drainage des eaux pluviales et développement d’un mécanisme d’exploitation et de maintenance) et en particulier la construction de 47 rues additionnelles qui est susceptible d’avoir des impacts sur le social. Il faut dire que le projet d’assainissement pluvial de la ville de Cotonou sera exécuté dans 12 arrondissements en fonction des infrastructures retenues par arrondissement. Les enjeux environnementaux et socioéconomiques en lien avec le projet concernent principalement l’urbanisation, les difficultés liées à l’organisation socio-spatiale, les incidences socioéconomiques des eaux pluviales, les enjeux fonciers, les contraintes actuelles à l’assainissement pluvial de la ville et la dynamique de pauvreté caractérisée par une forte proportion des femmes.
Réception provisoire de certains travaux
Les lundi 23 décembre et vendredi 27 décembre 2024, la Société des infrastructures routières et de l’aménagement du Territoire (Sirat) a procédé à la réception provisoire des travaux du Programme d’Assainissement Pluvial de Cotonou (Papc). Un programme financé par l’Agence française de Développement, en collaboration avec six partenaires techniques et financiers, en plus de l’engagement du gouvernement béninois. Cette étape constitue une avancée notable dans l’amélioration des infrastructures urbaines, ayant pour objectif de diminuer les inondations récurrentes qui frappent Cotonou, la capitale économique du Bénin. Les travaux réceptionnés le lundi sont d’une envergure remarquable, englobent la construction de dix kilomètres linéaires de bassins de rétention en matelas Renos/gabions, ainsi que l’aménagement de 5.124 mètres linéaires de voirie dans les quartiers d’Agla, Kouhounou, Akplomey, Godomey et Ménontin. Par ailleurs, en ce qui concerne la réception provisoire des travaux de confortement et construction de collecteurs d’assainissement pluvial et d’aménagement de voies connexes dans le bassin versant Qb, Lot Bei 01, à Cotonou, le coordonnateur du Papc Oswald Gangbo assure que toutes réserves formulées ont été levées, et on peut juger que les travaux ont été exécutés conformément aux cahiers de charges de l’entreprise. Au titre des travaux, il y a des connecteurs d’assainissement primaire (ce sont des grands ouvrages sur lesquels viennent se raccorder des ouvrages de moindre importance). Des rues ont été pavées, ce qui facilite la mobilité et limite l’ensablement des collecteurs qui ont été réalisés. La sécurité a été renforcée dans la zone par l’installation d’éclairage public. Il y a eu des aménagements paysagers. Les travaux sont constitués de la construction de 1km 132 mètres linéaires de collecteurs, de l’aménagement de 1km 430 mètres linéaires de voiries/rues. Ils couvrent les quartiers du 6ème arrondissement que sont Aidjèdo, Sainte Cécile, Ahouansori, Ladji, Djidjè et Towéta.
L’aspect du quartier Ladji changé
L’écoulement des eaux pluviales et la mobilité dans la ville de Cotonou vont certainement s’améliorer avec la réalisation de ces travaux. Les populations auront beaucoup plus de facilité avec la réalisation de nouveaux ouvrages dans le cadre du Programme d’assainissement pluvial de Cotonou (Papc). Le nouveau visage du quartier Ladji se laisse admirer. Les bicoques, les immondices et l’insalubrité ont cédé place à des voies pavées, des canalisations, un éclairage moderne et d’autres infrastructures censées libérer le quartier et ses environs du diktat des eaux. Le quartier a pris un coup de modernité. Actuellement, les choses ont changé, témoignent les habitants. « Je suis très contente, il y a de la voie et notre cadre de vie est devenu moderne et plus propre. Lors des dernières pluies, nos habitations n’ont pas été inondées. Je remercie le président Patrice», se réjouit Christian Dénakpo qui y vit depuis plusieurs années. Le chef de quartier Georges Gnonlonfoun promet de mettre en place avec la mairie un comité de suivi des infrastructures réalisées.
Coût des travaux
Les travaux réalisés par l’entreprise Sogea Satom dans les 9ème et 13ème arrondissements de Cotonou en plus de Godomey sont d’un coût total de 23.300.174.040 Fcfa. Ces infrastructures incluent également 115 mètres linéaires de collecteurs, garantissant un drainage efficace des eaux pluviales, tandis que ceux réalisés par l’entreprise Jwhc sont d’un coût de 5 953 535 122 Fcfa. Le processus de réception a été précédé d’étapes rigoureuses, dont un constat d’achèvement suivi d’une pré-visite, afin de garantir que les exigences du cahier des charges soient respectées. Oswald Gangbo, coordonnateur du Papc, a souligné l’intégration des dimensions techniques, environnementales et sociales dans la réalisation du projet. Les infrastructures créées ne se limitent pas à la fonctionnalité, mais prennent également en compte la biodiversité locale, avec des enclaves préservées pour la reproduction de certaines espèces. Le succès de ce programme est un témoignage de l’engagement collectif pour un Cotonou plus résilient, où l’assainissement et le développement durable s’entrelacent harmonieusement. La réception des travaux souligne la volonté des autorités gouvernementales de répondre aux défis urbains actuels, tout en traçant un chemin vers un avenir meilleur pour leurs citoyens. Limiter significativement les risques d’inondation, améliorer le cadre de vie des populations et assurer la mobilité urbaine pendant la saison des pluies , c’est l’objectif du programme d’assainissement pluvial de la ville de Cotonou (Papc). Un des projets phares porté par le gouvernement béninois et soutenu par l’Afd. Pour rappel, inscrit au plan directeur d’assainissement de la ville, le Papc prévoit la réalisation de canaux de drainage et de bassins de rétention sur l’ensemble de la ville. L’objectif global du programme est de contribuer durablement à la réduction de la pauvreté par l’amélioration des conditions de vie des populations. Le Papc contribue également à la formulation d’une vision de long terme de l’urbanisation, qui maintient l’équilibre délicat entre contraintes naturelles et besoins sociaux. La contribution de l’Afd au Papc correspond au bassin XX d’une superficie de 524 hectares (et quelques extensions de canaux situés plus à l’amont pour compléter un dispositif déjà en place). Situé dans la partie Ouest de Cotonou, il draine les quartiers de Ménontin et d’Agla situés en bordure du lac Nokoué. Les inondations y sont fréquentes, les zones à aménager sont marécageuses et non constructibles. En raison de leur forte perméabilité, elles contribuent au drainage de la nappe phréatique. Le projet sera mené en parallèle de ceux financés par les autres bailleurs (Banque mondiale, Bad, Boad, Bei, et Bid) et qui portent sur les autres bassins de la ville.
Impacts positifs
Les impacts positifs identifiés pour la phase de construction/aménagement sont entre autres la création d’emplois temporaires et de richesse au profit des entreprises et des prestataires. Les travaux de construction des ouvrages du Papc seront source d’emplois et d’amélioration de revenus. En effet, pour l’exécution de toutes ces activités, environ 1 522 employés (Agetur, 2018) seront recrutés, pour une période variant entre 6 à 12 voire 18 mois. La création d’emplois mettra les ouvriers à l’abri du chômage, augmentera leurs revenus, améliorera leurs conditions de vie, et par ricochet de toutes leurs familles. Les travaux permettront en outre le renforcement du chiffre d’affaires des entreprises impliquées dans la fourniture de matériaux, l’opportunité de développement des activités de restauration par les femmes, de commerce, de location d’espaces et de matériel.
Par ailleurs, la finalité de la réalisation des ouvrages est de parvenir à assainir les zones desservies en toute saison, contribuer à la réduction du phénomène d’inondation et ainsi faciliter la circulation des personnes et des biens. L’assainissement contribuera également à l’amélioration des conditions de vie et la santé des populations. L’aménagement des déviations permettra de réduire les risques d’accidents et facilitera l’accès aux habitations pour les usagers qui n’habiteraient pas le tronçon à aménager. La pose des pavés et l’installation des bancs publics permettront une meilleure circulation des personnes et des biens, créeront un lieu de réconfort autour ou le long des sous-bassins. L’on notera également l’augmentation du trafic sur les voies aménagées ; la suppression de l’érosion au niveau des voies. Le curage et la purge de l’exutoire du collecteur Qc (38 435 m3) a pour impacts positifs l’augmentation du volume d’eau dans le sous bassin entraînant du coup un bon drainage les eaux en amont, l’assainissement des lieux, la réduction des nuisances odorantes au niveau de l’exutoire.
Sergino Lokossou