2000 jeunes sauvés chaque année des griffes du chômage grâce au Programme spécial d’insertion dans l’emploi (Psie). Un programme qui offre de l’emploi productif et gonfle silencieusement le social sous le Nouveau départ.
« Fort de nos avancées dans le domaine de l’identité des personnes et après l’assainissement du secteur de la micro finance, j’ai décidé, avec le gouvernement, de donner une plus vaste ampleur au programme de micro-crédits aux plus pauvres. Ainsi, la dotation de 6 milliards de francs Cfa, affectée en mars dernier aux micro-crédits aux plus pauvres, sera portée à 10 milliards de francs Cfa au titre de cette même année 2019. Ce même montant sera reconduit chaque année pour le renforcement des fonds de micro-crédits aux plus pauvres, afin d’impacter toujours plus de bénéficiaires. Dans la même logique, j’ai décidé, avec le Gouvernement, d’instituer un programme spécial d’insertion dans l’emploi. Ce programme consistera à recruter chaque année, à la charge de l’Etat, 2000 jeunes diplômés à placer dans des entreprises privées ou publiques, sur une période de deux ans, avec l’espoir qu’ils sauront se rendre utiles et efficaces pour se faire recruter à l’issue de la période d’insertion, ou alors qu’ils sauront voler de leurs propres ailes dans l’auto emploi. Ces initiatives à fort impact social constituent, sans conteste, autant de preuves de la répartition équitable des fruits de la croissance économique qui, elle-même, parce qu’elle est de plus en plus élevée, atteste que notre pays est effectivement entré dans une phase de développement soutenu. Nous pouvons nous en féliciter ». C’est en ces termes que le Président de la République, Patrice Talon, a annoncé le Psie lors de son discours à la Nation le 31 juillet 2019. Dès le mois d’août, en concertation avec les parties prenantes du programme d’insertion, un comité de pilotage a été mis en place. Ce dernier a conduit les travaux de formulation du Psie et, après plusieurs validations et analyses en conseil des ministres, le contenu a été validé le 10 juin 2020. Plus précisément le lundi 15 juin 2020 en présence du Conseiller spécial du chef de l’État, Johannes Dagnon, des ministres Romuald Wadagni, Adidjatou Mathys et Modeste Kerekou, des représentants des organisations du secteur privé.
L’expérimentation du nouveau
paradigme Social-emploi
C’est le début d’une nouvelle approche de l’emploi vu du côté social. En effet, quand on regarde humblement dans le rétroviseur et on analyse l’emploi dans son cadrant social, les fonds étaient mobilisés pour faire l’objet malheureux de distribution, de saupoudrage ou pire de galvaudages à travers un certain nombre de personnes. Schématiquement, il est plausible de constater qu’il était demandé aux élus de la nation, ou ceux locaux et communaux d’envoyer la liste des jeunes qu’ils pensent pouvant bénéficier du programme. Cette perception du social dans l’emploi n’était pas du tout objectif et n’était que source de répartition injuste et du chômage ambiant de la jeunesse pourtant colonne vertébrale de la nation. Avec le Psie, il s’agit sans se tromper du social mérité. Il est un correctif des tas de l’ancien emploi-social non seulement à cause du mode de sélection mais aussi de ses avantages procurés. A titre illustratif, la sélection est d’une neutralité absolue. Pour être bénéficiaire de ce projet, tout candidat doit remplir les conditions suivantes : être de nationalité béninoise ; être âgé de 18 à 40 ans au 31 décembre de l’année de la demande ; être immédiatement disponible ; être titulaire d’un diplôme de l’enseignement supérieur (Bac professionnel, Bts ou Dut, Licence professionnel ou Dts, Master ou Ingénieur) et s’inscrire sur la plateforme digitale du PSIE. Après le dépôt des dossiers en ligne, les candidats font l’objet d’une évaluation qui débouche sur une formation en cohorte officiée par l’Unité de Coordination du Programme qui désigne un expert. Au cours de la formation, trois points sont souvent abordés : l’attente des entreprises à l’endroit des salariés ; les bons comportements en termes d’éthique professionnelle auxquels les employeurs font attention avant le recrutement et les méthodes de développement des aptitudes pour conquérir et maintenir un emploi. Cependant, la formation ne garantit pas une sélection immédiate ou imminente de la part des entreprises. Il revient aux entreprises de procéder à la sélection finale parmi les candidats présélectionnés. Souvent, cette sélection définitive dure dans le temps. Mais, lors de la formation de la 9 ème cohorte le 05 février 2021, une solution innovante a été trouvée. En termes d’innovations, il faut préciser que les entretiens se font en présence des chefs d’entreprises ou de leurs représentants. Cela permet de réduire le délai d’attente. « Auparavant, la liste des candidats retenus après les évaluations était envoyée aux entreprises qui, à leur tour, pouvaient prendre 2 semaines à un mois pour se prononcer. Il fallait réduire ce délai avec cette innovation. Ainsi, grâce à cette innovation, ils ne mettront plus trop de temps pour récupérer les jeunes qu’ils doivent insérer dans leurs entreprises », a expliqué le coordonnateur du programme Charlemagne Lokossou.
Des jeunes salariés mieux lotis
Retenus par l’entreprise, ils ont alors un statut de salarié et prennent une contrepartie financière selon le diplôme. « Aujourd’hui, on a défini les profils qui doivent être considérés dans le cadre de ce programme on a défini les apports de l’Etat et je dois préciser que ce ne sont pas des stagiaires mais des emplois qui sont créés. C’est pour cela que la grille de rémunération qui est fixée est assez intéressante, assez alléchante et qui se base sur les bonnes expériences des entreprises du secteur privé. On ne veut pas sous-employer les gens et on ne veut pas les sous-payer non plus. Ainsi, quelqu’un qui est recruté à l’issue du processus que nous allons rappeler et qui a le niveau Bac professionnel a un salaire net de 100.000 FCfa. L’Etat prend en charge le salaire net et tous les accessoires de salaire. Il est déclaré, il est placé au niveau de l’entreprise et il a un contrat. Quelqu’un qui a le niveau BTS ou Dut, il a un salaire de 150.000 FCfa. Quelqu’un qui a le niveau Technicien supérieur Bac +3, son salaire est de 175.000 FCfa net. Celui qui a le niveau Master Bac+5, son salaire net est de 250.000 FCfa. Comme je l’ai dit, l’Etat prend en charge tous les autres accessoires », a présenté Moïse Achille Houssou, chef département Appui et suivi de programmes au Bureau d’analyse et d’investigation à la présidence de la République sur le site de AskGouvBenin.
Le Psie même si cela présente l’aspect d’un emploi subordonné précaire, c’est une aubaine d’avoir d’expérience et de travailler sur son maintien probable dans la structure. Il vise dans un premier temps à améliorer l’employabilité des bénéficiaires du Programme en vue de leur insertion professionnelle durable dans les nouveaux postes d’emploi créés, grâce aux actions d’immersion et d’encadrement ; et dans un second temps à soutenir financièrement la prise en charge totale des salaires des titulaires des nouveaux emplois créés par les entreprises dans le cadre du programme. Cela d’autant que le PSIE intervient dans un contexte marqué par l’urgence d’agir pour améliorer l’employabilité des jeunes tout en contribuant à l’amélioration de la compétitivité des entreprises.
D’un coût global estimé à 38.662.625.117 FCfa, entièrement financé sur le budget national, il permettra d’impacter 8 000 bénéficiaires sur cinq (05) ans (2020-2024) au cours desquels l’État s’engage dans la première année à prendre en charge le paiement à 100% des salaires et charges associées des employés bénéficiaires du programme (salaire de base, accessoires et charges sociales) pendant un (1) an correspondant aux douze (12) premiers mois d’immersion en entreprise. A la seconde année, la prise en charge par l’Etat sera partielle à travers le paiement par l’Etat des charges sociales et fiscales (Vps, Ipts et Cnss) au titre des salaires des allocataires dont il bénéficie. L’entreprise bénéficiaire quant à elle paye les salaires nets aux allocataires. Outre l’intervention de l’Etat sur le volet pécuniaire, il fait un apport, tout au long de la période d’immersion (avant, pendant et après) et un accompagnement aux bénéficiaires pour le développement personnel et professionnel nécessaire à une meilleure autonomisation et une bonne intégration sur le marché du travail tout en assurant le suivi du déroulement du programme.
Bilan à mi-parcours
En (11) mois, le Programme spécial d’insertion dans l’emploi (Psie) en cours de mise en œuvre donne un résultat impressionnant avec seulement quatorze cohorte. Jusqu’au 10 juin 2021, 38.861 ont postulé aux offres mais seulement 13.309 ont les profils requis, et ont fait l’objet d’évaluation par les panels d’experts. 1685 candidats à l’emploi sont mis en relation avec les entreprises requérantes pour leur sélection finale. Au niveau des entreprises, 2673 inscrites contre 2024 en janvier, soit une augmentation de 649 nouvelles entreprises en l’espace de 5 mois. 273 entreprises sont éligibles le reste étant en cours de traitement. Les entreprises éligibles ont exprimé des demandes de 1089 postes contre 683 en janvier, et 732 postes ont fait l’objet de publication sur la plateforme du Psie.
Par ailleurs, 401 postes sont pourvus sur les 732 ayant fait l’objet de publication, le reste est en cours de traitement. Sur les 401 postes pourvus, 317 candidats sont déclarés allocataires après signature de leur contrat et perçoivent régulièrement leurs salaires par virement du Trésor Public, pour un montant brut de 227.000.000 de FCfa.
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