Le Bénin et d’ailleurs tous les pays africains ne peuvent jouir à suffisance et convenablement de la plénitude de leur potentiel de croissance économique sans avoir une maîtrise absolue du dividende démographique. Conscient de cette réalité, le gouvernement du président Patrice Talon a saisi la balle au bond en adhérant au vaste Projet Swedd « Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel au Bénin ».
Dynamique de la pauvreté au Bénin
La pertinence de la capture du dividende démographique au Bénin se ressent aussi lorsque l’on s’intéresse à la dynamique de pauvreté. Il existe deux types de pauvreté : la pauvreté monétaire et la pauvreté non monétaire. Un individu est dit pauvre lorsque le montant de revenu dont il dispose pour satisfaire ses besoins vitaux de base est inférieur au seuil de pauvreté monétaire. La pauvreté non monétaire, quant à elle, fait référence à une alimentation insuffisante ou à la malnutrition, à l’absence d’éducation, d’un logement insalubre. Mais ces définitions ne sont pas reprises par les structures et les organisations qui donnent leur propre définition de la pauvreté et procèdent à la classification. Selon le Programme des nations unies pour le développement, il y a trois types de pauvreté : la pauvreté extrême, la pauvreté générale et la pauvreté. Une personne vit dans la pauvreté extrême si elle ne dispose pas des revenus nécessaires pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels. Une personne vit dans la pauvreté générale si elle ne dispose pas des revenus suffisants pour satisfaire ses besoins essentiels non alimentaires. La pauvreté humaine est présentée comme l’absence des capacités humaines de base (analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé maternelle, non accès aux services sociaux de base, etc.. Quant à la Banque mondiale, elle distingue la pauvreté absolue qui correspond à un niveau de revenu nécessaire pour assurer la survie des personnes ; et la pauvreté relative qui renvoie au niveau de revenu nécessaire pour participer et vivre dans une société particulière (logement, habillement).
La dynamique de la pauvreté est l’étude des variations de bien-être dans le temps. Son objectif est d’étudier et de donner un aperçu utile de ce qui conduit les ménages dans des situations de pauvreté. La vulnérabilité en matière de pauvreté est la faible capacité de se prémunir contre le risque élevé de connaitre l’état de pauvreté. Selon l’étude de la dynamique de la pauvreté, il est présenté 4 états de pauvreté : la pauvreté chronique, la sortie de la pauvreté, le basculement dans la pauvreté et la non pauvreté pure. Pour le Prof Latif Dramani, la population se trouvant au bas de l’ascenseur, c’est-à-dire dans la pauvreté chronique, a dans la majorité des cas, la difficulté de sortir à cause de la socialisation de la pauvreté. C’est ce qui est appelé la théorie de la socialisation des comportements implicites. Ces comportements tirent vers le bas à cause des contrats sociaux implicites. C’est comme un panier à crabes. Dans cette catégorie, même si certains travaillent à s’en sortir, les sollicitations des autres de son clan l’obligent à rester toujours dans cette la pauvreté chronique. Afin d’aider chaque niveau de pauvreté, les politiques pour les traiter sont très différentes. Si la pauvreté est chronique, c’est par exemple les politiques structurelles de plus long terme. Si la pauvreté est transitoire, ce sont les programmes de filets de sécurité pour lutter contre la vulnérabilité.
Le taux de pauvreté du Bénin de 2015 à 2019
La situation de transition entre 2015 et 2019 présente 27,4% de la population sortie de la pauvreté durant la période, contre 26,6% qui a basculé dans la pauvreté. La Situation de stabilité renseigne que la pauvreté chronique a affecté 11,9% de la population entre 2015 et 2019/ La non-pauvreté pure concerne 34,1% de la population entre 2015 et 2019. Le tableau de la pauvreté en milieu urbain rural présente de légères différences dans l’analyse de la dynamique spatiale de la pauvreté. Des entrées en pauvreté sont 21,7% pour le milieu urbain contre 27,3% pour le milieu rural. Des sorties sont de 22,9% pour le milieu urbain contre 27,8% pour le milieu rural. En ce qui concerne la différence notoire dans les situations de stabilité, la pauvreté chronique donne 9,7% dans le milieu urbain contre 16,9% dans la rurale et la-non pauvreté pure 45,7% dans le milieu urbain contre 28% dans le rural. Par rapport au genre, Les sorties concernent plus les femmes que les hommes (29,7% contre 25,3%). Les entrées dans la pauvreté, sont légèrement plus importantes chez les femmes (27,7% contre 23,8% pour les hommes. La pauvreté chronique concerne plus les hommes que les femmes (14,9% contre 10%).La non-pauvreté pure est légèrement à l’avantage des hommes (36% contre 32,6%). Selon l’âge, les ménages dirigés par les chefs de ménage d’âge compris entre 30- 59 ans sont plus touchés par la pauvreté chronique. Les sorties de la pauvreté croissent avec l’âge. Par contre, la-non pauvreté pure décroit au fur et à mesure que l’âge augmente. Les entrées dans la pauvreté sont légèrement différentes d’une génération à une autre.
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