(Une énième preuve de faire bouger les lignes)
À la suite de son adoption le 13 mars 2025 par l’Assemblée nationale, le président de la République, Patrice Talon, a procédé le 3 avril 2025, à la promulgation de la loi n° 2025-09 portant cadre juridique de la chefferie traditionnelle en République du Bénin. Ce geste, perçu comme un acte de courage politique, intervient dans un contexte marqué par de vives polémiques ayant suivi le vote de cette loi.
S’il est une qualité qu’il convient de reconnaître au chef de l’État béninois, c’est bien sa capacité à impulser des réformes audacieuses sans se laisser ébranler par les clameurs et les résistances de certains milieux conservateurs, souvent enclins à freiner la dynamique de modernisation. La volonté de réorganiser le paysage de la chefferie traditionnelle s’est affirmée dès la révision constitutionnelle de 2019, laquelle a consacré la reconnaissance constitutionnelle de cette institution. Par cet acte fort, l’État béninois exprimait sa ferme intention de mettre un terme à l’anarchie qui régnait dans un secteur devenu difficilement contrôlable. Avant l’initiative de cette réforme, il était pratiquement impossible de dresser un recensement fiable des rois et chefs traditionnels du pays. Dans bon nombre de localités, les querelles de légitimité minaient la stabilité et portaient atteinte à la cohésion sociale. La question de la royauté, délicate et complexe, constituait un véritable casse-tête pour les gouvernements successifs, lesquels, par crainte de s’aliéner certaines communautés, avaient soigneusement évité de s’y aventurer. Il n’est un secret pour personne que certains prédécesseurs de Patrice Talon ont, au contraire, entretenu cette confusion, allant jusqu’à mobiliser des ressources publiques dans le seul but de s’attirer les faveurs des têtes couronnées, gage de leur popularité et, partant, de leur réélection. Pourtant, le besoin d’encadrement juridique de la chefferie traditionnelle s’imposait avec une acuité manifeste.
Du principe à l’action
Alors que le temps s’égrenait depuis l’ancrage constitutionnel de la chefferie traditionnelle, un collège de rois sollicita et obtint audience auprès du président de la République le jeudi 3 mars 2022. Cette rencontre permit aux garants des us et coutumes de faire part de leurs préoccupations quant au retard accusé dans la mise en œuvre des textes d’application relatifs à la reconnaissance de leur statut. Conscient du bien-fondé de ces doléances, le chef de l’État rassura ses interlocuteurs quant à sa détermination à faire aboutir cette réforme. En guise de preuve de sa bonne foi, il annonça la création d’une commission composée d’experts, d’historiens et de sociologues, chargée de réfléchir à l’élaboration d’un dispositif juridique adéquat. Les travaux de cette commission, menés avec rigueur et responsabilité, ont permis la rédaction d’un projet de loi soumis au Parlement, où il a été adopté à une large majorité. Cette loi constitue désormais le fondement légal d’un exercice plus structuré et légitime de l’autorité traditionnelle au Bénin.
Réussir là où ses prédecesseurs ont échoué
À la différence de ses prédécesseurs, le président Patrice Talon s’est toujours gardé de subordonner ses réformes à des considérations électoralistes. Depuis son arrivée au pouvoir en 2016, il s’est illustré par son refus du populisme et son attachement à la rigueur réformatrice. Pour lui, l’essentiel demeure de prendre les décisions justes, même lorsqu’elles sont impopulaires, afin d’assurer un avenir meilleur au pays. Son sens élevé du devoir, sa détermination et son courage font de lui un acteur singulier de l’histoire politique béninoise contemporaine. C’est grâce à ces mêmes qualités que le chef de l’État a pu mener à bien des réformes d’envergure, telles que la désignation des chefs-lieux de départements, la réforme du système partisan, la révision de la Constitution, la restructuration de la décentralisation ou encore la régulation du droit de grève. Ces succès, largement salués, illustrent une gouvernance résolument tournée vers l’efficacité et la pérennité des institutions. En définitive, le président Patrice Talon prouve, une fois de plus, que réformer en profondeur un pays exige parfois de faire abstraction du confort politique immédiat pour embrasser avec audace les défis du long terme. Le cadre juridique désormais en vigueur pour la chefferie traditionnelle témoigne de cette vision et ouvre une nouvelle ère pour les institutions coutumières du Bénin.
Gabin Goubiyi