(Pourquoi Talon ne peut pas intervenir dans le processus électoral)
Comme nous l’annoncions dans notre parution du jeudi 25 février 2021, des candidats recalés à la Présidentielle du 11 avril se sont réunis à Cotonou hier à Cotonou pour une conférence-débat autour du thème « Recherche d’un consensus national au profit de la paix ». Au terme de la séance, une déclaration a été rendue publique. Dans ladite déclaration, des recommandations fantaisistes ont été formulées au président Patrice Talon qui n’a pas qualité à arrêter le processus électoral.
Le processus électoral démarré le 11 janvier par la publication du calendrier électoral par la Commission électorale nationale autonome (Céna) suit son cours normal. Après la validation des trois duos de candidats par la Cour constitutionnelle le lundi 22 février, des voix notamment celles des candidats recalés, se sont élevées pour fustiger la décision de la Haute juridiction. Dans ce cadre, pour une prétendue recherche d’un consensus national, ils se sont réunis hier dans un hôtel à Cotonou. La conférence-débat à l’actif du magistrat Perpétus Djèhoué a été sanctionnée par une déclaration. Cette déclaration invite aussi bien les candidats recalés que ceux dans la course pour la conquête du fauteuil de La Marina à la recherche paix. Profitant de l’occasion, les initiateurs ont tendu la main au président Patrice Talon pour qu’il les reçoive afin de recueillir leurs propositions consensuelles. A l’analyse, cette initiative n’a aucun crédit. Le projet ne saurait donner les fruits escomptés car il s’agit d’une pure diversion. En effet, conformément aux textes de la République, le chef de l’Etat n’a pas qualité à s’immiscer dans le processus électoral. Il n’a aucun levier pour arrêter le processus car ce n’est pas le gouvernement qui le conduit. Cela, sachant bien qu’il est lui-même candidat à sa propre succession. Des institutions existent pour cette tâche. Selon l’article 13 du Code électoral, les élections en République du Bénin sont gérées par une structure administrative permanente dénommée Commission électorale nationale autonome. Elle est dotée de la personnalité juridique et dispose d’une réelle autonomie par rapport aux Institutions de la République (Exécutif, Assemblée nationale, Cour constitutionnelle, Cour suprême, Cour des comptes, Haute cour de justice et Conseil économique et social, Haute autorité de l’Audiovisuel et de la communication). Elle a les pleins-pouvoirs pour agir sur le processus. C’est elle qui élabore le calendrier électoral et reçoit les déclarations de candidature. Elle réalise le spécimen du bulletin unique, qui lance la campagne électorale, qui gère le déroulement pratique du scrutin et se charge de la compilation et de la publication des résultats provisoires des élections législatives et de l’élection du duo président de la République et vice-président de la République. Outre la Commission électorale nationale autonome (Céna), d’autres institutions comme la Cour constitutionnelle assurent la gestion du contentieux de l’élection présidentielle. L’Exécutif, par contre, a pour rôle d’accompagner le processus en mettant à la disposition des différentes parties prenantes la logistique nécessaire. Le chef de l’Etat ne peut donc pas intervenir dans le processus électoral en cours à un prétendu consensus national.