Actuellement chargé de partenariat et de mécénat au Paris Saint-Germain (France), le désormais Docteur en psychomotricité infantile a fait sa thèse à l’Institut national de l’éducation physique et sportive (Ineps) de Porto-Novo. Son travail scientifique intitulé « Effet d’un programme éducatif sur le développement psychomoteur des enfants d’âge préscolaire de la Commune de Porto-Novo », a été motivé par la préoccupation partagée de la Confemen et de la Confejes, deux institutions de la Francophonie intervenant respectivement dans le secteur de l’éducation et de celui de la jeunesse et des sports, et qui ont développé une réflexion commune visant à redynamiser l’Education physique au sein des systèmes éducatifs.
Depuis le début des années 2000, plusieurs évaluations du système éducatif béninois au primaire ont été conduites par la Confemen dont la dernière en 2019, fait état de ce que les compétences des enfants sont largement en deçà de celles prévues par les programmes d’étude en général à l’entrée au primaire. Il faudra donc retourner à la maternelle pour comprendre les raisons de ce phénomène. En effet, éduquer a toujours été un travail complexe qui exige de prendre en compte tous les aspects de l’être à savoir : psychologique, affectif, moteur et cognitif. Justement ce lien entre la motricité et la cognition est d’autant plus important chez les enfants que l’intervention psychomotrice est mise en œuvre dans le contexte éducatif et destiné aux enfants afin d’établir le lien entre les mécanismes cérébraux et l’action motrice. « Nous savons que le développement moteur lorsqu’il n’est pas maîtrisé, les enfants peuvent éprouver des difficultés à vie, à acquérir des capacités motrices plus tard. Malheureusement, la plupart des enseignants du préscolaire semblent banaliser l’importance du développement de la motricité », a constaté Dr Yakoubou. Ce dernier s’était donc fixé comme objectif de faire un état des lieux de la pratique de l’enseignement de l’éducation psychomotrice au préscolaire. Ainsi, les résultats ont montré que 70,37 % des enseignantes s’adonnent à une pratique qui n’est pas favorable au développement psychomoteur des enfants. Ce qui l’a donc poussé à poursuivre un second objectif qui est de « renforcer le programme d’éducation psychomotrice des écoles préscolaires par un programme spécifique de psychomotricité éducative pour les enfants de 3 à 5 ans ». Les résultats ont démontré qu’au bout des 24 semaines de pratique, d’un programme spécifique conçu par le chercheur, le groupe expérimental a connu une amélioration significative des paramètres de coordination évalués, tandis qu’au bout de la même période, le groupe contrôle n’a pas connu d’amélioration significative dans la pratique des activités physiques habituellement dispensées dans les classes. Ces résultats illustrent le point de vue de Watson, un célèbre auteur selon lequel, « l’environnement détermine le comportement de l’enfant. Un enfant peut devenir ce qu’on veut qu’il devienne avec un environnement approprié ».
Des recommandations
Ainsi, le nouveau spécialiste en psychomotricité infantile, recommande aux autorités en charge du développement du sport béninois, de penser à mettre en place des programmes très spécifiques dès l’âge de 3 ans pour orienter et façonner très tôt les futurs athlètes dans différentes disciplines car c’est entre 0 et 6 ans que l’évolution psychomotrice est la plus marquée. C’est à cette période de la vie que la grande partie de la maturation du système nerveux s’opère. Des perspectives de recherche ont également été formulées pour observer et comparer les enfants de cette étude à l’entrée au primaire sur le plan de la réussite scolaire par rapport aux autres enfants, car les derniers résultats du programme d’analyse des systèmes éducatifs font état de ce que les enfants présentent des retards en mathématique et dans le langage. Or, il n’est plus à démontrer, les effets positifs de l’activité physique structurée sur les performances cognitives et les facultés de concentration.
K. B. S. (Coll)