Le chiffre 5 sera significatif pour les Guépards en 2025. Cette année, du côté du Maroc, la nouvelle génération de joueurs du Bénin va s’illustrer à une phase finale de la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football, la 5ème de l’histoire de l’équipe. Et pour parvenir cet exploit, la sélection nationale a réalisé un parcours de combattant soldé par un bilan d’équilibre au bout des éliminatoires.
Pour la qualification à cette Can Maroc 2025, le chemin a été long et périlleux pour les Guépards du Bénin. A l’entame de la compétition, les Béninois pouvaient déjà croire que leur sélection nationale n’ira pas loin dans les éliminatoires. En effet, pour son premier match, l’équipe a subi un premier revers face aux Super Eagles du Nigeria (3-0). Mais le bloc a cru en son talent en allant prendre trois points face à la Libye. Les Guépards ont pu maintenir la bonne performance lors de la troisième journée des éliminatoires où ils ont pris le dessus sur les Amavubi du Rwanda avec un score de 3-0. À deux journées de la fin des qualificatifs, le Bénin pouvait déjà décrocher son billet pour la phase finale, mais par manque de constance, les Guépards n’ont pas pu enchaîner un nouveau succès face à la même équipe du Rwanda. Ce sont les Amavubi qui ont remporté ce match de la quatrième journée, retardant la qualification des Guépards du Bénin. L’espoir était presque incertain pour le Onze national qui devrait jouer sa cinquième journée face le Nigeria.
Des Super Eagles du Nigeria inflexibles
À la 5ème journée des éliminatoires, les Guépards du Bénin accueillaient au stade Félicia de la Côte d’Ivoire, les Super Eagles du Nigeria. Avant le coup d’envoi de cette rencontre décisive pour le Bénin, le voisin de l’Est, le Nigeria, sans avoir joué, célébrait déjà sa qualification. La Libye qui avait perdu un match sur tapis vert face au Nigeria, venait de battre le Rwanda, offrant au Nigeria, sa qualification. Dès cet instant, il fallait au Bénin de prendre trois points face à son voisin de l’Est pour prendre avec lui, la route du Maroc à une journée de la fin des éliminatoires. Défendant son statut de vice-champion d’Afrique en titre, face au Bénin, le Nigeria a contraint son adversaire au partage des points 1-1. Le dernier match des éliminatoires, celui contre la Libye est devenu la finale du groupe D des éliminatoires.
Une qualification arrachée dans la douleur
Calculatrice en main, les supporters béninois ont pris par tous les états pour vivre au final, la qualification de leur pays à la prochaine Can. Un match nul contre les Chevaliers de la Méditerranée, c’est ce qui est recommandé aux Guépards pour décrocher la qualification du Bénin. Au bout des 90 minutes d’un match à haute intensité, les Ambassadeurs béninois sont sortis héroïques. La rencontre a pris fin sur un score de 0-0 pendant que le Nigeria se faisait battre par le Rwanda sur un score de 2-1. Malgré la défaite des Super Eagles qui pouvait compromettre la qualification du Bénin, le nul a sauvé les meubles. Ainsi, le Bénin fini cette campagne des éliminatoires pour la Can Maroc 2025 avec son billet qualificatif en poche. Gernot Rohr, sélectionneur national, dresse un bilan de deux victoires (2-1 Libye, 3-0 Rwanda), deux nuls (1-1 Nigeria, 0-0 Libye), contre deux défaites (3-0 Nigeria, 2-1 Rwanda).
Les facteurs de la qualification
Cette qualification, la cinquième de l’histoire du football béninois, révèle autant les forces que les faiblesses de l’équipe, qui termine ces éliminatoires sur un bilan d’équilibre parfait : deux victoires, deux défaites, deux nuls, avec sept buts marqués contre sept encaissés. Avec un parcours marqué par la résilience, le Bénin a su tirer parti de son avantage à domicile pour bâtir son succès. Ses deux victoires ont été obtenues à domicile (délocalisé à Abidjan, au Stade Félix Houphouët Boigny), face à la Libye (2-1) et au Rwanda (3-0). Ce qui démontre une capacité à s’imposer devant son public. Le match nul (1-1) arraché face au Nigeria (leader du groupe D avec 11 points +06), lors de la 5ème journée des éliminatoires, témoigne d’une performance notable, synonyme de progrès dans la gestion des confrontations face aux grandes équipes. Cependant, les Guépards du Bénin peinent à s’imposer en déplacement, enregistrant deux défaites. Ce contraste entre les résultats à domicile et ceux à l’extérieur met en lumière une difficulté persistante à gérer la pression des matchs en territoire étranger. Au-delà de cela, les Guépards ont présenté une attaque percutante. Avec sept buts inscrits, le Bénin a montré une attaque capable de faire la différence, notamment grâce à des joueurs rapides et créatifs sur les ailes. Les performances offensives à domicile, avec des victoires nettes et des buts décisifs, révèlent une équipe en confiance lorsqu’elle est portée par le soutien de son public. La solidité mentale lors des moments décisifs est également une qualité indéniable. Le nul face au Nigéria (1-1) illustre la capacité des joueurs à se transcender face à des adversaires de renom.
Une faiblesse criarde en milieu de terrain
En milieu de terrain, l’équipe du Bénin souffre d’un manque criard de dépositaire du jeu, capable de conserver le ballon dans les moments cruciaux, de temporiser judicieusement et de délivrer des passes précises dans des conditions optimales. Face à cette problématique, le sélectionneur national, Gernot Rohr, se doit d’évaluer de près les solutions disponibles pour corriger ce déficit. Il dispose à ce titre de quelques options. D’ailleurs, il a annoncé ces derniers jours, que des binationaux sont prêts à venir renforcer le jeu béninois avant la participation à la Coupe d’Afrique des nations.
Des empreintes du Bénin à Can
L’histoire de la qualification du Bénin à une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations a été écrite par quatre techniciens dont trois étrangers et un national. Il s’agit du Ghanéen Cecil Jones Attuquayefio, du Béninois Wabi Gomez, du Français Michel Dussuyer et du Franco-allemand Gernot Rohr. La première qualification du Bénin remonte à 2004, lors de l’édition organisée en Tunisie. Jones Cecil Attuquayefio, ancien entraîneur des Hearts of Oak, avait été nommé à la tête des Ecureuils d’alors en août 2003. Chargé de terminer le travail amorcé par le Belge René Taelman, limogé après une défaite cinglante contre le Soudan (0-3), Jones Cecil Attuquayefio parvient à qualifier le Bénin. Toutefois, le défi de sortir du groupe D, composé de l’Afrique du Sud, du Maroc et du Nigeria, était colossal. Les Ecureuils quittent la compétition après trois défaites, huit buts encaissés et un seul marqué, signé Moussa Latoundji contre le Nigeria (1-2). Quatre ans plus tard, en 2008, le Béninois Wabi Gomez réalise l’exploit de qualifier son pays pour la Can au Ghana. Cependant, l’Allemand Reinhard Fabisch est appelé à diriger l’équipe lors du tournoi. Dans un groupe B très relevé (Côte d’Ivoire, Nigeria, Mali), le Bénin subit trois défaites, inscrivant un seul but pour sept encaissés. En 2010, Michel Dussuyer guide le Bénin pour sa troisième participation, cette fois en Angola. Logés dans le groupe C (Egypte, Nigeria, Mozambique), les Ecureuils obtiennent leur premier point en phase finale de la Can, grâce à un match nul contre le Mozambique (2-2). Malgré deux buts marqués et cinq encaissés, l’équipe termine à nouveau dernière de son groupe, à égalité de points avec le Mozambique. Le retour du Bénin en 2019 sous la houlette de Michel Dussuyer marque un tournant historique. Lors de cette Can en Egypte, les Ecureuils réalisent une performance historique en atteignant les quarts de finale. Sortis de la phase de groupes avec trois matchs nuls (Ghana 2-2, Cameroun 0-0, Guinée-Bissau 0-0), ils éliminent le Maroc en huitièmes aux tirs au but avant de s’incliner face au Sénégal (0-1).
Gernot Rohr dans l’histoire du Bénin
Après deux absences consécutives en 2021 et 2023, le Bénin sous les Guépards, revient au devant de la scène pour la Can 2025. Avec une équipe jeune (25 ans de moyenne d’âge), le sélectionneur franco-allemand Gernot Rohr a su construire un groupe solide, terminant deuxième du groupe D des éliminatoires avec 8 points, derrière le Nigéria (11 points). Cette cinquième qualification ouvre une nouvelle page prometteuse pour le football béninois.
Abdourhamane Touré