Dassa-Zoumè, le pays des 41 collines était, le dimanche 29 janvier 2022, le théâtre d’un accident meurtrier qui a endeuillé toute la Nation béninoise. Une quinzaine de jours environ après, la scène macabre continue d’alimenter les discussions au sein des riverains qui se pose des questions sans suite sur l’origine réelle du drame.
Les habitants situés dans les alentours du lieu du drame à Dassa-Zoumè n’ont pas fini de digérer ce qui s’est passé. « C’est pour la première fois dans ma vie que j’assiste à une telle scène », informe dame Collette Zomahoun. Selon elle, les images du drame à Dassa-Zoumè sont insoutenables. « Il m’est difficile d’oublier tout de suite ce que j’ai vécu. Depuis ce jour, je n’arrive plus à dormir puisque chaque fois que je ferme les yeux, la scène défile comme une bande passante sur mon écran mental. Vraiment! C’est très dur », confie-t-elle. Vincent Alokpénoudji, mitoyen à Collette Zomahoun continue de traîner lui aussi les effets psychologiques de cet accident. « Ce qui m’a écœuré, c’est le fait que j’ai vu mes semblables qui sont morts dans la douleur dans un feu en criant au secours. Ce cliché m’est resté et j’ai du mal à m’en départir », confesse-t-il. André Kounoudji n’est pas épargné de cette hantise. Pour avoir participé à l’organisation du secours des victimes du drame de Dassa-Zoumè, il en a tiré une leçon de vie. « Avec ce que j’ai vécu, j’ai réalisé que la vie n’est rien et que nous devons être humbles ». Depuis lors, il a pris des mesures de protection pour pouvoir bien traverser cette période critique, au regard des évènements malheureux qui surviennent ces derniers jours. « Je suis un commerçant des produits tropicaux. Cependant, je me suis interdit les longs voyages histoire de m’épargner le pire », fait-il savoir. C’est dire donc qu’en dehors des vraies victimes, le drame a occasionné de nombreuses victimes collatérales qui vivent en silence leur crise psychologique chez eux sans que personne ne s’en préoccupe.
Le film de l’horreur
« Tout est parti d’une détonation inhabituelle », informe Collette Zomahoun. Ce bruit résultant de l’éclatement du pneu avant côté chauffeur a alerté le voisinage. Roland Agbani, un des clients du centre de lavage situé à 200 mètres des lieux, a poussé sa curiosité pour en savoir plus sur la cause de ce qui s’est passé sur les lieux. Il constate que le véhicule de transport en commun, à bord duquel se trouvait une quarantaine de passagers, y compris la convoyeuse et le chauffeur, à la recherche de l’équilibre, a percuté un camion grue venant en sens inverse. Le véhicule a pris aussitôt feu. Transportant quelques sacs d’orange, le camion avait à son bord, le chauffeur et son apprenti. A en croire les propos du témoin, le bus a cassé la vitre du côté non chauffeur lors des manœuvres. Ainsi, le mouvement du véhicule a projeté la convoyeuse qui est tombée. Ensemble avec d’autres riverains et usagers de la route, ils ont organisé le secours. Pendant que le premier groupe s’occupait de l’évacuation de la convoyeuse et du chauffeur sur l’hôpital de de la localité, la seconde équipe se préoccupait de la sortie des autres passagers. «Les portières étant boquées, nous avons dû casser celle de derrière. Ce qui a permis à plusieurs passagers de sortir du bus. Une quinzaine dont une dame et des enfants. L’intensité du feu et la montée des flammes ne nous ont pas permis d’aller au bout», raconte Roland Agbani, le cœur meurtri. Au moyen du véhicule et de leurs motos, les riverains ont transporté les blessés sauvés de justesse des flammes à l’hôpital de zone. « Le drame est survenu vers 15heures. Ce n’est qu’autour de 17 heures qu’une équipe des sapeurs-pompiers a fait son apparition sur les lieux. Tout était déjà consumé », affirme Roland Agbani sans donner de précisions sur la cause de leur retard. D’autres langues plus déliées ont soutenu que l’inactivité des soldats du feu est liée au manque de moyens. Difficile à l’heure actuelle d’établir le niveau de leur responsabilité, puisqu’un tour à leur base de Dassa-Zoumè n’a pas permis à notre équipe de reportage d’avoir les vraies informations. A l’hôpital de zone de Dassa-Glazoué, il n’y a plus de blessés de ce drame qui y soient hospitalisés. «Tous les blessés sont référés le même jour sur le Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga de Cotonou et le Centre de traitement des épidémies d’Abomey-Calavi pour une prise en charge adéquate», affirme le médecin coordonnateur de zone, le Dr Jacques Akpovi. Pour rappel le drame a fait 22 morts calcinés sur-le-champ. Le reste a été évacué dans un premier temps à l’hôpital de zone de Dassa-Zoumè et ensuite transféré au Cnhu de Cotonou. Et selon le ministre de la Santé, 23 rescapés ont été pris en charge au Cnhu Hkm.
Zéphirin Toasségnitché (Br Zou-Collines)